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Liban - Architecture

Triple A pour le East Village de Mar Mikhaïl

L'East Village, un nouvel immeuble situé à Mar Mikhaïl et conçu par le cabinet Jean-Marc Bonfils & Associates, a fait des étincelles à Istanbul : il a décroché le Asian Architecture Award 2015 dans la catégorie meilleur projet résidentiel. Le dossier
était en lice avec 63 autres, présélectionnés par un jury de spécialistes.

Orientés ouest, un balcon rouge et un mur végétal de près de 600 m2.

Organisé par le 2A Magazine, le Asian Architecture Award (AAA) est un prix annuel à l'échelle continentale, qui offre une reconnaissance aux architectes engagés dans l'utilisation des techniques et matériaux nouveaux, et dans la réalisation de bâtiments respectueux de l'environnement et de l'identité culturelle. « Mais ce ne sont pas les architectes eux-mêmes qui postulent pour ce prix », révèle Jean-Marc Bonfils. « C'est le AAA qui envoie, dans les pays du continent, des journalistes spécialisés pour faire une première sélection, basée sur des critères relatifs à l'originalité du concept, son intégration dans l'environnement et la qualité technique et architecturale. Cette année, ils avaient retenu 1 800 projets, toutes catégories confondues, situés en Iran, en Turquie, au Liban mais aussi à New Delhi, Singapour, Shangai, Hong Kong, Séoul et Tokyo. Le nombre de mégapoles participantes témoigne de la dimension de ces Awards », indique-t-il.


« Aussi, qu'elle n'a été ma surprise quand, il y a trois mois, un e-mail adressé à mon cabinet m'annonçait que je suis un des candidats choisis pour participer à la compétition. On me demandait des photos du bâtiment East Village, ainsi que des planches dans un format précis et un texte d'un certain nombre de mots pour expliquer le projet », raconte l'architecte qui, deux mois plus tard, recevait un autre courriel lui suggérant fortement de se rendre à Istanbul, où se déroulera la remise des prix. « Mais je ne pouvais pas y aller à ce moment-là et donc je me suis excusé auprès d'eux. » Un e-mail de félicitations suivra : sur les 63 projets en lice de la catégorie Housing, sa construction de Mar Mikhaïl remportait le premier prix. « En cliquant sur le lien congratulations, j'ai vu s'afficher l'image du East Village. La surprise était totale : je crois même que j'ai dû blêmir d'émotion. » Ce moment de félicité et de succès, il le partagera aussi avec ses collègues de l'atelier. Et parce qu'il fait honneur au pays, le ministre de la Culture, Rony Araiji, lui a adressé ses plus « vives et sincères félicitations » et tous ses vœux de « réussite future ».
Le prochain numéro de 2A Magazine, dont la parution est prévue début décembre, consacre la majeure partie de ses pages aux différents projets sélectionnés.

 

(Lire aussi : Trois stars de l’architecture au gala de la Fondation René Moawad)

 

Pas un bâtiment, un paysage
Achevé en 2012, le projet East Village avait démarré en 2006, à l'époque où Mar Mikhaïl n'était pas encore un secteur en vogue, ni le pôle d'attraction des investisseurs. Mais c'est là que Nayla Kettaneh Kuning a décidé de planter son immeuble et sa galerie Tanit. Le concept était de créer un espace aéré, lumineux, comportant un cadre paysager et des lieux de vie, y compris culturelle, s'ouvrant sur l'espace public qui l'entoure.
« J'ai donc placé la galerie au rez-de-chaussée et en retrait, afin d'aménager une aire extérieure appartenant à tout le monde. Cela a très bien réussi puisque, à chaque vernissage, on se regroupe dehors, on fume, on boit un verre, etc. Ensuite, suivant une installation dite en porte-à-faux, nous avons suspendu l'immeuble au-dessus de la galerie. Cette technique peu courante au Liban a fait que le chantier a pris du retard et n'a été achevé qu'en 2012 », explique Jean-Marc Bonfils. Le bâtiment, devenu un signal fort dans le paysage de Mar Mikhaïl, offre, côté ouest, une façade végétale de près de 600 mètres carrés. « À cette époque, c'était le plus grand jardin vertical au Moyen-Orient », précise-t-il.
Quant aux appartements, ils sont de type loft duplex, donc à double hauteur. « Pour moi c'était une façon, dans une optique contemporaine, de reprendre le langage architectural du secteur de Mar Mikhaïl », explique l'architecte, ajoutant « que le choix d'habiller de bois la façade principale n'était pas uniquement esthétique, mais visait surtout à rappeler les volets des anciennes maisons libanaises dont il ne reste malheureusement que quelques spécimens égarés dans Beyrouth ».
Au cœur de l'édifice, un balcon rouge, orienté ouest, est doté d'un bar qui multiplie les clins d'œil aux pubs de Gemmayzé et du centre-ville. C'est l'unique appartement simplex de l'immeuble.

 

(Lire aussi :Jean-Michel Wilmotte à « L’OLJ » : Malheureusement, je n’ai pas d’autres projets à Beyrouth...)

 

Métastases périurbaines
« Concevoir l'architecture est un processus qui implique la prise en compte de multiples facteurs, qui vont au-delà des données des promoteurs immobiliers. C'est vrai : on peut construire haut et grand, mais sans dévorer les espaces publics qui donnent une âme à la ville et sans produire des métastases périurbaines. Il me semble important de conserver une cohérence architecturale. Nous ne parlons évidemment pas de clonage, mais de parer aux extravagances esthétiques et à l'anarchie des styles qui accentuent l'impression d'éclatement et d'absence de lien », aime à souligner Jean-Marc Bonfils.
Membre fondateur de la Commission du patrimoine de l'ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth, il a à son actif plus de 150 projets (résidences, commerces, bureaux et hôtels) au Liban et à l'étranger, notamment le siège d'Impact/BBDO, les villas d'entreprise Meunier, à Paris, le siège administratif de la General Bank of Commerce à Gennevilliers, en France... J-M Bonfils avait également élaboré l'avant-projet de la Bibliothèque nationale de Liban et, en 1994-1995, dans le cadre du schéma directeur de Solidere, il avait gagné le concours d'aménagement des espaces publics du centre-ville. On lui doit également les écomusées de Terbol et de Ras Baalbeck, et du 555 Atria qui occupe une parcelle de 1 600 m2 dans une impasse perpendiculaire à la rue Zahrat al-Ihsan. Mais la liste est longue...

 

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beaucoup plus joli que l'affreux immeuble de bernard khoury pas trop loin

George Khoury

11 h 55, le 06 novembre 2015

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Commentaires (1)

  • beaucoup plus joli que l'affreux immeuble de bernard khoury pas trop loin

    George Khoury

    11 h 55, le 06 novembre 2015

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