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Lifestyle - Événement

Jean-Michel Wilmotte à « L’OLJ » : Malheureusement, je n’ai pas d’autres projets à Beyrouth...

L'idée était vraiment de laisser les œuvres d'art s'exprimer sans que l'architecture ou les aménagements leur volent la vedette », explique l'un des deux architectes du (nouveau) musée Sursock, inauguré hier officiellement en grande pompe.

Photo Michel Sayegh

La sobriété de ses interventions, sa gestion de la lumière, la qualité des matériaux qu'il utilise, ses finitions et les détails qui portent définitivement sa griffe sont plébiscitées par les musées dont il s'est occupé et dont il est devenu le chouchou...
Jean-Michel Wilmotte a travaillé pour le Grand Louvre, le Musée d'Orsay, le Musée d'art islamique à Doha et le Rijksmuseum à Amsterdam. Et il était présent hier à l'inauguration du musée Nicolas Sursock à Beyrouth. Rien de plus normal. C'est lui, le célèbre architecte français, en association avec les bureaux libanais de Jacques Abou- khaled, qui a façonné la nouvelle image de cette institution muséale dédiée à l'art contemporain : rénovation du vieux bâtiment, construction d'une nouvelle extension de 7 000 m² creusés sous le jardin et son aménagement muséographique. Curieux de savoir ce qu'il en pensait devant l'œuvre achevée, L'Orient-Le Jour a joué aux questions-réponses.

 

Si vous devez décrire le (nouveau) musée Sursock en trois mots ?
Volumes. Espace-écrin. Lumière.
Alors que Beyrouth se développe aujourd'hui à la verticale, avec de nombreux gratte-ciels, nous voulions à tout prix préserver le bâtiment existant et son architecture néo-mauresque. Nous avons donc pris le parti de creuser. Les nouveaux espaces ont tous été créés en sous-sol, avec des parcours en demi-niveaux et des hauteurs sous-plafonds généreuses. La restauration du bâtiment existant a entraîné un minimum de modifications de l'enveloppe extérieure et l'aménagement des jardins, ré-axés sur l'entrée du bâtiment, permet d'envisager l'exposition de sculptures devant le musée.
D'autre part, les collections permanentes du musée Sursock recèlent de véritables chefs-d'œuvre. Pour mettre en valeur ces trésors et concevoir des espaces susceptibles de mettre en scène les différentes expositions temporaires, nous avons toujours gardé à l'esprit notre volonté de servir les œuvres. Nos interventions pour restaurer l'existant et créer les nouveaux espaces ont toutes visé à créer cet écrin pour les exposer.
Enfin, nous avons conçu les nouveaux volumes de telle façon que jamais les visiteurs n'aient le sentiment de se trouver sous terre. Nos plans ont intégré un éclairage zénithal et un système de LED qui recréent la clarté de la lumière naturelle. Les matériaux choisis forment une palette de blancs et de beiges qui participent à la sensation lumineuse des salles d'exposition, en particulier la pierre couleur sable importée d'Égypte, que nous avons choisie pour les sols et une partie des murs.


(Lire aussi : La bienheureuse résurrection du musée Sursock)

 

Chaque ville ayant ses spécificités, quelles étaient celles de Beyrouth pour le musée Sursock ? Quels étaient les défis ?
Ce projet a été marqué par la durée, par son temps de maturation. Nos premiers coups de crayon datent des années 2000. Des contretemps administratifs et la guerre de 2006 ont ensuite mis le projet en suspens pendant dix ans. Nous avons donc réécrit ce que nous avions commencé à concevoir dix ans plus tôt. C'est aussi un projet silencieux, tout en retenue. L'idée était vraiment de laisser les œuvres d'art s'exprimer sans que l'architecture ou les aménagements leur volent la vedette.
Le plus grand défi était d'arriver à trouver tous les espaces nécessaires pour les salles d'exposition, mais aussi l'amphithéâtre de 180 places, les réserves, l'atelier de montage... uniquement en infrastructure.

De quelles réalisations êtes-vous le plus fier ?
Des Arts premiers au Louvre, du Rijksmuseum, et plus récemment de l'usine Ferrari que l'on vient de livrer à Maranello, sans oublier la nouvelle cathédrale russe de Paris.

Et pour terminer, y a-t-il une question que l'on ne vous a pas posée... et que l'on aurait dû poser ?
Oui. Avez-vous d'autres projets au Liban ? Je vous aurais répondu : Non, malheureusement !

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Qui est JMW ?

C'est Jean-Michel Wilmotte qui avait conçu la scénographie du musée national de Beyrouth. La société immobilière Solidere l'avait sollicité dans les années 2000 pour définir un concept d'utilisation du domaine public et « habiller » le centre-ville d'un mobilier urbain spécifique. Le projet avait été confié aux deux agences de Jean-Michel Wilmotte et Ziad Akl & Partners. Les études ont été réalisées et le mobilier urbain fabriqué et installé*.


Wilmotte, dont l'agence opère à diverses échelles (des petits projets à des chantiers d'envergure) dans les domaines de l'architecture, de l'architecture d'intérieur, de la muséographie, de l'urbanisme et du design, accumule les commandes publiques et privées. Sa « greffe contemporaine » sur le bâti ancien, avec les technologies d'aujourd'hui, son esthétique épurée et sur mesure, le lien à l'environnement et au paysage ont séduit les grandes entreprises et les stars du business qui se l'arrachent : LVMH, L'Oréal, Schneider Electric, Bouygues, Safran, Allianz Riviera de Nice, l'opération Cœur d'Orly, le siège de Google à King's Cross à Londres, ou encore le projet du Grand Moscou, pour ne citer que quelques exemples.
Il a été élu en février dernier à l'Académie des beaux-arts au fauteuil précédemment occupé par Michel Foliasson, dans la section architecture.

 

*L'article a été corrigé le 9/10/2015, le projet pour lequel Jean-Marie Wilmotte avait été contacté par Solidere ayant bien été réalisé.

 

 

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