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À La Une - Crise

Syrie : À l’ONU, l’infamie du veto sino-russe

Pékin et Moscou « du mauvais côté de l’histoire », prévient Washington

Près de 20 000 Syriens auraient traversé la frontière depuis mercredi, fuyant les combats à Damas, selon une source proche des services de sécurité libanais. Photo AFP

Washington a estimé hier que la Russie et la Chine s’étaient placées « du mauvais côté de l’histoire » en bloquant une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie, selon les termes du porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney. Lors d’un point de presse, il a ainsi dénoncé la décision d’« une très petite minorité du Conseil de sécurité ».

 

Ce blocage constitue une « décision extrêmement regrettable qui aura, à mon avis, des répercussions à long terme pour les pays qui ont opposé leur veto à la résolution, sur la façon dont ils sont considérés par les Syriens », a encore dit le porte-parole. Pour M. Carney, « il ne fait aucun doute que l’avenir de la Syrie se fera sans (le président syrien) Bachar el-Assad. Ses jours au pouvoir sont comptés. Soutenir ce régime au moment où il touche à sa fin représente une erreur ». Il s’agissait du troisième double veto russo-chinois aux tentatives de l’ONU pour faire pression sur Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a 16 mois. La résolution de l’ONU « ouvrait la voie » aux sanctions et à une intervention militaire, a expliqué l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine pour justifier le veto russe. Des ambassadeurs occidentaux ont toutefois répondu à cette objection en soulignant que la résolution, déposée par les Européens et les Américains, ne faisait que menacer le régime syrien de sanctions économiques et non de l’usage de la force militaire.

À la suite du vote hier, la mission dirigée par l’émissaire Kofi Annan en Syrie n’a plus lieu d’être, et les États-Unis ne soutiendront pas la prolongation de son mandat, a également affirmé M. Carney. « Les États-Unis ne soutiennent pas l’idée d’envoyer des employés de l’ONU sans armes en Syrie pour essayer d’observer les violences dues au régime Assad, quand il n’existe pas de dispositif (...) pour que le régime subisse les conséquences d’avoir manqué à ses obligations » prévues par le plan Annan, a dit le porte-parole.

 

Toutefois, l’ambassadrice américaine à l’ONU Susan Rice a ensuite indiqué que les États-Unis « seraient prêts à envisager une dernière et brève prolongation (...) s’il s’agit de permettre aux observateurs et au personnel civil de se retirer en sécurité et dans l’ordre ». Mais, a-t-elle ajouté, la mission ne peut pas se poursuivre s’il n’y a aucune amélioration de la situation entre-temps. En attendant, l’ONU a annoncé hier qu’elle envoyait à Damas le général Babacar Gaye, principal conseiller militaire de l’ONU, pour prendre en main sa Mission d’observateurs en Syrie (Misnus) après le départ du général Robert Mood, qui a affirmé hier que la Syrie n’est « pas sur la voie de la paix ». Le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous doit aussi se rendre à Damas dans les prochains jours.

La diplomate a elle aussi dénoncé le veto de Moscou et Pékin. « Le Conseil de sécurité a totalement échoué dans sa tâche la plus importante cette année », a estimé Mme Rice. « Nous allons intensifier nos efforts avec différents partenaires hors du Conseil de sécurité pour faire pression sur le régime Assad et fournir de l’aide à ceux qui en ont besoin », a-t-elle promis.

 

Parallèlement, l’émissaire Kofi Annan s’est dit « déçu de constater qu’à ce moment crucial, le Conseil de sécurité n’a pas pu s’unir afin d’agir de manière ferme et concertée comme il l’avait instamment demandé et espéré », en allusion au veto russo-chinois.

 

Au cours de la réunion hier, le Premier ministre britannique David Cameron avait exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter une résolution ferme sur la Syrie placée sous le chapitre VII qui prévoit des mesures coercitives. Au lendemain de l’attentat qui a frappé au cœur du régime syrien, il avait ajouté que le moment était venu pour le président Bachar el-Assad de s’en aller sous peine de provoquer une véritable guerre civile dans son pays. Et le roi d’Espagne, Juan Carlos, avait peu auparavant appelé à régler le conflit syrien « dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU », hier au Kremlin, où il était reçu par le président russe, Vladimir Poutine.

 

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