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À La Une - Politique

Liban : Sous la menace, le Conseil des ministres bouge enfin

Le Conseil des ministres sera de nouveau en réunion ce matin.  Photo Dalati et Nohra

C’est en ménageant la chèvre et le chou que le Conseil des ministres s’est tiré d’affaire, hier, dans le traitement des deux dossiers épineux de la mort embarrassante de deux dignitaires religieux sunnites au Akkar, sous les balles de l’armée, ainsi que dans la tentative manquée d’attentat contre le député Boutros Harb.
Aux habitants de Biré (Akkar), qui réclamaient le transfert du dossier de l’assassinat de cheikh Abdel Wahad et Merheb à la Cour de justice, le gouvernement a accordé un élargissement de l’enquête, qui sera placée directement sous la supervision du procureur de la République, Saïd Mirza. Le principe de l’élargissement de l’enquête prévoit, selon nos sources, l’arrestation de nouveau des deux officiers et des militaires remis en liberté. Par ailleurs, cet élargissement prévoit que le gouvernement sera tenu informé des progrès de l’enquête et que l’option d’un transfert du dossier à la Cour de justice demeure ouverte.
L’élaboration de cette solution s’est faite tout au long de trois heures de tractations qui ont engagé, outre les membres du gouvernement, le président de la Chambre, Nabih Berry, le commandement de l’armée, le mufti du Akkar et les députés de cette région. Le chef de l’État avait annoncé, en début de séance, que les militaires détenus avaient été libérés conformément aux dispositions en vigueur sur l’arrestation préventive et en l’absence d’un acte d’accusation.
À quoi les députés du bloc Joumblatt avaient objecté qu’au nom de la stabilité du pays, il était impensable que les militaires soient libérés sans que les résultats de l’instruction soient connus, le manque de transparence étant, en définitive, dommageable pour tous, y compris l’institution militaire.
Cet avis a été largement partagé par les présents, sous réserve que si les responsabilités véritables sont définies dans ce grave incident, il ne soit pas porté atteinte au prestige de l’armée, et que les sanctions soient disciplinaires et non pénales.

L’attentat contre Harb
Dans l’affaire de l’attentat manqué contre Boutros Harb, le gouvernement n’a pas cherché à enfreindre la loi 140, mais n’a pas interdit aux services de sécurité d’obtenir les informations qu’elles exigent sur les communications téléphoniques susceptibles de conduire à l’identification des terroristes.
Sur ce point, la controverse a été vive, assure notre correspondante au palais présidentiel, Hoda Chédid, qui a fait état d’une confrontation sérieuse à ce sujet. Selon cette source, le président Sleiman s’est montré d’emblée favorable à la transmission de ces données aux services concernés, affirmant que le contraire est, qu’on le veuille ou non, susceptible d’être perçu comme suspect. Il faut éviter à tout prix d’attribuer à ce refus le succès de toute tentative d’attentat qui pourrait se produire à l’avenir, a-t-il fait valoir.
Le Premier ministre, lui, a insisté pour que la responsabilité du gouvernement soit entièrement dégagée en cas d’attentat. Les ministres Ghazi Aridi et Waël Bou Faour ont épousé ce point de vue, affirmant que le principe « à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles » s’applique dans ce cas-là.
En face, les ministres ont fait valoir que l’accès aux données n’a jamais permis d’élucider les attentats politiques qui se sont produits au Liban. À quoi M. Aridi a répondu qu’à défaut d’attentats politiques, ces données ont permis de dévoiler des réseaux d’espionnage au profit d’Israël ainsi que de nombreux crimes crapuleux.
Au ministre des Télécoms qui affirmait qu’il avait « coordonné » son travail avec les services de renseignements de l’armée et de la Sûreté générale, M. Aridi a rappelé qu’en tant que ministre, il était tenu de traiter avec toutes les institutions, et non pas de façon sélective.
En fin de compte, les ministres du CPL, du Hezbollah et d’Amal ont accepté d’accorder les données complètes, avec leurs caractéristiques techniques dites IMZI, mais dans des zones géographiques bien précises et non pas à l’échelle du pays tout entier.
En outre, le Conseil des ministres a décidé d’amender la loi 140 réglementant cette question afin d’en éliminer toutes les confusions et les interprétations divergentes.
Par ailleurs, le Conseil des ministres a adopté un plan de déploiement de l’armée aux frontières avec la Syrie (Nord et Est) et, enfin, terrorisé à l’idée d’une coupure de l’artère principale reliant Beyrouth au Nord, a accordé à la municipalité de Jal el-Dib ce qu’elle voulait : la construction d’un tunnel de liaison avec l’autoroute. De ce fait, le mouvement de blocage auquel avait appelé la municipalité jusqu’à 14h aujourd’hui a été annulé, et les cloches des églises ont résonné dans toute la région, exprimant la joie des habitants.
Le gouvernement se réunira de nouveau ce matin à Baabda ainsi que demain mercredi et jeudi, au Sérail, pour examiner le projet de budget 2012.
C’est en ménageant la chèvre et le chou que le Conseil des ministres s’est tiré d’affaire, hier, dans le traitement des deux dossiers épineux de la mort embarrassante de deux dignitaires religieux sunnites au Akkar, sous les balles de l’armée, ainsi que dans la tentative manquée d’attentat contre le député Boutros Harb.Aux habitants de Biré (Akkar), qui réclamaient...

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