A Beyrouth, une initiative conviviale pour un déjeuner au vert

Midi, l’heure de la pause déjeuner. Combien de Beyrouthins avaleront leur sandwich en vitesse au bureau, devant leur ordinateur ou dans une simili cuisine ?

Derrière la vitre, quand la cafétéria en comporte une, le printemps se répand sur la ville. Le soleil brille et les oiseaux chanteraient presque, si, étouffés par les émanations des voitures, ils n’étaient pas déjà partis se réfugier dans les rares parcs de la capitale libanaise.

Les oiseaux, Dima Boulad a décidé d’aller les rejoindre pour le déjeuner. Et dans son élan, elle est prête à embarquer ceux qui souhaitent mettre un peu de vert dans leur journée beyrouthine.

Cette jeune designer graphique vient de relancer, avec ses amis du collectif Beirut Green Project, "Green your lunch break".

Le concept est simple : inviter qui le souhaite à amener son déjeuner et se retrouver dans un parc de la ville défini à l’avance, un mercredi sur deux, pour partager une pause déjeuner conviviale et verte. Quelques déjeuners de ce type avaient eu lieu à l’automne dernier dans les jardins de Sioufi ou de Jeitaoui, avant la saison des pluies.

L'affiche de l'opération Green your lunch break.

Le premier déjeuner de la saison 2012 a eu lieu mercredi 18 avril au jardin de Sanayeh, près de Hamra. Ce jour-là, une trentaine de personnes, dont une famille entière, ont partagé leur pause déjeuner.

"Je ne connaissais pas la plupart d’entre eux, raconte Dima. C’était très sympa. On a discuté de l’initiative, du manque d’espaces verts à Beyrouth…".

C’est en France que Dima et ses amis ont pris l’habitude de déjeuner dans les jardins, quand la météo le permettait. "A mon retour à Beyrouth, j’ai pris conscience que les espaces verts publics étaient quelque chose de vital, d’essentiel à la vie en ville. J’ai aussi réalisé que la capitale libanaise en manquait cruellement", explique la jeune Libanaise. De fait Beyrouth, avec ses 0,8 mètre carré d’espace vert par habitant, est bien loin des 12m2/hab recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.

Aujourd’hui, avec ses déjeuners verts, Dima tente de sensibiliser le public à ce problème.

La jeune femme n’en est pas à sa première initiative en la matière. En juin 2010, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, Nadine Feghaly, aidée par une amie, avait posé neufs plaques de gazon d’un mètre carré sur des axes de circulations importants à travers Beyrouth. Sur chaque carré de gazon, était planté un panneau invitant les passants à "Profiter de leur espace vert". Le message, un brin ironique, avait suscité des réactions positives de la part des passants.

L'opération de juin 2010. Crédit Beirut Green Project

L’année suivante, les deux jeunes femmes, rejointes par Rana Bou Karim et Joseph Khoros, avaient fondé le collectif Beirut Green Project. Le slogan de ce projet s’inscrit sur le long terme : "Nous rêvons d’une Beyrouth plus verte". En juin 2011, le groupe avait posé 100 m2 de pelouse sur le béton de la place Sassine, dans le cadre d’une opération baptisée "Green the Grey". Sur cette pelouse éphémère, plus de 200 personnes avaient bu, mangé, joué et fait la fête.

L'opération Place Sassine, en juin 2011. Photo Clem c.

Dans toutes ces actions, l’idée reste la même : faire passer un message. "Nous réclamons plus d’espaces verts à Beyrouth. C’est notre droit, pas un privilège", martèle Dima Boulad. Dans ce combat, les Beyrouthins doivent aussi y mettre du leur et commencer effectivement à profiter davantage des quelques parcs de la ville.

Le prochain rendez-vous pour le déjeuner vert aura lieu le 2 mai dans le jardin Saint Nicolas, à Achrafieh.

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