En chœur, ils ont dénoncé le système confessionnel et la corruption rampante qui a gangrené le pays, et fait dévier l'attention et l'intérêt des responsables politiques, symboles du confessionnalisme, « qui doivent tous démissionner », réclament les manifestants.
Fait marquant au cours de cette manifestation, la présence de l'évêque Grégoire Haddad, un vieux routier qui a consacré sa vie à la lutte contre le système confessionnel et dénoncé ses multiples maux. « Ce que font ces jeunes est merveilleux. Ils sont sur la bonne voie du changement. Mais cela nécessite du temps comme toute autre chose », a déclaré Mgr Haddad. La présence d'un autre leader religieux, sunnite, qui demandait à cor et à cri que les responsables politiques soient jugés pour la corruption et la dilapidation des fonds publics, était également remarquée. Un autre cheikh a en outre été repéré parmi les protestataires. « Je suis venu m'associer aux jeunes dans leur refus de l'injustice, de la corruption et du système confessionnel. Je crois qu'ils parviendront à réaliser leurs aspirations avec l'aide de la nouvelle technologie », a-t-il dit en allusion à Facebook qui a servi de lien entre les participants. Enfin, un appel a été lancé aux syndicats pour venir rejoindre les rassemblements à venir et pour soutenir les revendications formulées « qui sont celles de tous les citoyens », précise un manifestant.
Réactions politiques
Premier à réagir, le président du Parlement, Nabih Berry, a salué le mouvement pour la lutte contre le confessionnalisme et appelé les jeunes militants du mouvement d'Amal à rejoindre le groupe « à titre personnel sans arborer leur appartenance politique ».
L'ancien chef du gouvernement, Sélim Hoss, a estimé pour sa part que l'abolition du confessionnalisme politique devrait être « à la tête de toutes les questions nationales ». Selon lui, les revendications des jeunes réclamant la chute du régime confessionnel « visent la calamité la plus dangereuse du système politique libanais ».
Le député du bloc du Changement et de la Réforme Simon Abi Ramia a déclaré qu'il aurait participé au mouvement s'il n'était pas député de la nation. « Mais je ne voudrais pas que l'on dise qu'il y a une tentative de récupération de la part des partis politiques de ce mouvement spontané de la jeunesse libanaise », a-t-il indiqué, soulignant que le passage vers un État laïc ne se fera pas en un jour.
Notons que le comité d'information issu du colloque de l'Unesco (voir par ailleurs) a publié hier un communiqué dénonçant toute tentative de récupération du mouvement de la part de partis ou de responsables politiques. « Si vous êtes vraiment sincères, partez et attendez que l'on vous réclame des comptes », souligne le communiqué.