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Moyen-Orient - Guerre à Gaza

Écran noir pour Al-Jazeera en Israël

Le gouvernement israélien a « décidé à l'unanimité » de « fermer en Israël » la chaîne qatarie Al-Jazeera, avait annoncé le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un message sur X. 

La veuve (à droite) de Hamza Wael Dahdouh, journaliste de la chaîne de télévision Al Jazeera, et son père, Wael Al-Dahdouh, chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza (à gauche), se recueillent sur son corps lors de ses funérailles, après qu'il ait été tué lors d'une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, le 7 janvier 2024. Photo AFP

Le gouvernement israélien a décidé dimanche de fermer le bureau de la chaîne qatarie al-Jazeera en Israël, conduisant rapidement à la coupure de son signal télévisé et la saisie d'une partie de son matériel.

En fin d'après-midi, les canaux télévisés des opérateurs israéliens sur lesquels était habituellement diffusée al-Jazeera, en arabe et en anglais, affichaient un écran noir et un message laconique : « en accord avec la décision prise par le gouvernement, la diffusion de la chaîne al-Jazeera a été suspendue ».

La décision s'applique pour une période renouvelable de 45 jours, selon les documents officiels. Approuvée « à l'unanimité » du gouvernement, elle implique notamment « la fermeture des bureaux de la chaîne en Israël, la saisie de ses équipements de diffusion, l'interdiction de transmission par ses journalistes, le retrait de la chaîne des opérateurs satellite et du câble, le blocage de ses sites internet, etc », a indiqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

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« Les correspondants d'al-Jazeera ont porté atteinte à la sécurité d'Israël et incité à la violence contre les soldats » israéliens », a expliqué M. Netanyahu. « Le moment est venu d'éjecter le porte-voix du Hamas de notre pays. »
Le ministre de la Communication Shlomo Karhi a immédiatement signé les arrêtés nécessaires, l'un ordonnant la saisie du matériel de la chaîne, notamment « les caméras, microphones, tables de montage, serveurs informatiques, ordinateurs, équipements de transmission et téléphones portables ». M. Karhi a accusé la chaîne de « menacer la sécurité » d'Israël et assuré qu'il « n'y aurait pas de liberté d'expression pour les trompettes du Hamas en Israël ».

Accusations réciproques 
Des journalistes de l'AFP ont constaté que le bureau de la chaîne à Jérusalem était fermé et une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre la police entrer dans une chambre d'un hôtel de Jérusalem-Est, utilisée pour ses directs par la chaîne, et y saisir du matériel.

Cette décision vise « à occulter la vérité, al-Jazeera étant l'un des principaux médias à exposer la vérité sur ce que cette guerre catastrophique cause aux civils (...) spécialement dans la bande de Gaza », a déclaré à l'AFP le directeur du bureau de la chaîne en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, Walid al-Omari. « Cette décision parachève la campagne de provocation dont al-Jazeera fait l'objet depuis le début de cette guerre et bien avant de la part » d'Israël, a-t-il ajouté.

Depuis plusieurs années, les autorités israéliennes critiquent publiquement la couverture par al-Jazeera de l'actualité en Israël et dans les Territoires palestiniens où la chaîne a des correspondants. L'armée israélienne a accusé à plusieurs reprises des journalistes de la chaîne qatarie d'être « des agents terroristes » affiliés au Hamas et à son allié du Jihad islamique. La chaîne nie ces accusations et accuse Israël de cibler systématiquement ses employés dans la bande de Gaza. Au moins deux de ses journalistes y ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre.

« Club douteux » 
Fait majeur du passif entre la chaîne et Israël : la mort de sa journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh durant un raid israélien en Cisjordanie occupée, en mai 2022. al-Jazeera accuse Israël de l'avoir tuée délibérément. Autre visage d'al-Jazeera, son chef de bureau à Gaza Waël al-Dahdouh a perdu au moins cinq membres de sa famille, dont son épouse et trois de leurs enfants, depuis le début de la guerre à Gaza. Il a également été blessé dans une frappe israélienne en décembre qui a tué un de ses collègues.

La chaîne a estimé dimanche que la décision israélienne « viole les droits humains et l'accès élémentaire à l'information ».

« Israël rejoint le club douteux des gouvernements autoritaires qui ont interdit cette chaine », abonde l'Association de la presse internationale à Jérusalem qui met en garde contre des mesures similaires à l'encontre d'autres médias.

Le Parlement israélien a voté début avril une loi permettant d'interdire la diffusion en Israël de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l'Etat - un texte visant la chaîne qatarie -, laquelle permet au Premier ministre d'interdire la diffusion du média visé et de fermer ses bureaux.

M. Netanyahu a dans le passé accusé al-Jazeera d'être « un organe de propagande du Hamas et d'avoir participé activement » à l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le mouvement palestinien dans le sud d'Israël. Cette attaque a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. La vaste opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.683 morts, majoritairement des civils, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Le gouvernement israélien a décidé dimanche de fermer le bureau de la chaîne qatarie al-Jazeera en Israël, conduisant rapidement à la coupure de son signal télévisé et la saisie d'une partie de son matériel.En fin d'après-midi, les canaux télévisés des opérateurs israéliens sur lesquels était habituellement diffusée al-Jazeera, en arabe et en anglais,...
commentaires (6)

Al Jazeera est interdit juste dans l'entité ? L'article ne souligne pas les autres pays !!!

Dorfler lazare

13 h 25, le 06 mai 2024

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Commentaires (6)

  • Al Jazeera est interdit juste dans l'entité ? L'article ne souligne pas les autres pays !!!

    Dorfler lazare

    13 h 25, le 06 mai 2024

  • Ceux qui veulent continuer à regarder Al Jazeera pourront le faire par d'autres biais, Quant aux autres, ils n'ont qu'à regarder leur magnifique chaîne 124 News. Cela en dit long sur leur autoproclamée "démocratie", qui musèle la vérité. Mais n'oublions pas que ceux qui disent la vérité sont réprimés et poursuivis par les démocraties occidentales bien-pensantes, à l'instar de Julian Assange!

    Politiquement incorrect(e)

    11 h 51, le 06 mai 2024

  • "… Le ministre de la Communication Shlomo Karhi …" - ou plutôt ministre de la Propagande (émule d’un certain Josef Goebbels ou de Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov, tous deux de triste mémoire mais de grande efficacité)… décidément, on croyait que la "seule démocratie du Moyen-Orient" avait touché le fond, mais non, on constate qu’elle arrive à creuser encore plus bas…

    Gros Gnon

    09 h 18, le 06 mai 2024

  • AL JAZEERA, je l'évite de mon côté. Je n'apprécie guère sa politique éditoriale. MAIS fermer un média?? Ca s'appelle une dictature et "museler la liberté d'expression". Ne pas aimer les idées de quelqu'un ...c'est une chose. ET le museler, l'empêcher de donner son avis (différent) du nôtre c'est autre chose. Lorsqu'on n'aime pas un média : On peut zapper et écouter /voir un autre média. Sauf si on a peur que certaines vérités ne soient dites par ce média muselé. Lorsqu'on est "bien dans ses bottes et la conscience tranquille" : On ne musèle pas la liberté de la presse et des médias.

    LE FRANCOPHONE

    16 h 09, le 05 mai 2024

  • De grands démocrates ces gens-là: mais à quoi ça leur sert de boucler la chaîne d’infos maintenant qu’ils ont assassiné ses journalistes?

    Marionet

    15 h 58, le 05 mai 2024

  • Fascisme, je dis votre nom. Respect à la mémoire de Shireen Abu Akleh, journaliste américaine-palestinienne, tuée par l’armée la plus morale bien avant le 7 octobre.

    Hacker Marilyn

    15 h 50, le 05 mai 2024

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