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Politique - Gouvernement

Hariri à Bkerké : Le but n’est pas de former le gouvernement « n’importe comment »

Lors d’une visite non annoncée au siège du patriarcat maronite, le Premier ministre désigné a assuré que « personne n’est couvert ou protégé » dans l’affaire du port, mais il a insisté sur « le respect de la Constitution et des lois ».

Hariri à Bkerké : Le but n’est pas de former le gouvernement « n’importe comment »

Saad Hariri a réaffirmé hier, à partir de Bkerké, la nécessité des réformes pour relancer l’économie et reconstruire la capitale. Photo Dalati et Nohra

La visite du Premier ministre désigné, Saad Hariri, hier soir au siège du patriarcat maronite à Bkerké n’a pas été annoncée à l’avance, mais des informations avaient fuité le jour même à travers les médias. Dans un contexte de tensions politiques entre le leader sunnite et le président de la République Michel Aoun, qui empêchent jusque-là la formation d’un gouvernement, plus de quatre mois après la démission du cabinet de Hassane Diab, cette visite au patriarche maronite Béchara Raï revêt un intérêt tout particulier. D’autant plus que le prélat a reçu M. Hariri, accompagné de son conseiller, l’ancien ministre Ghattas Khoury, en comité restreint (avec l’ancien ministre Sejaan Azzi notamment et le vicaire patriarcal Hanna Alwane), puis l’a retenu à dîner.

Entre la réunion et le dîner, M. Hariri a fait une déclaration très courte à la presse, dans laquelle il a affirmé avoir « dit au patriarche que l’objectif n’est pas de former le gouvernement n’importe comment, ou que ce soit moi qui le préside. Le but est de mettre en œuvre des réformes, stopper l’effondrement économique et reconstruire Beyrouth ». Il a également assuré avoir présenté au patriarche la mouture qu’il avait auparavant soumise au président, « formée de spécialistes non partisans, des personnes probes et compétentes, capables de mener à bien les réformes demandées ». « Pour réaliser nos objectifs (de stopper l’effondrement et de reconstruire la capitale), il faut mettre en place ces réformes, afin de voir les fonds affluer », a-t-il ajouté.

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Retour aux vieilles barricades

La désignation de M. Hariri date du 22 octobre dernier. Les négociations avec le président de la République butent notamment sur la répartition des portefeuilles et la nomination des ministrables. Au cœur de cette polémique se trouve également le refus du chef du courant du Futur d’accorder le tiers de blocage au Courant patriotique libre (aouniste) et au chef de l’État. Lundi, dans un échange de communiqués acerbes, la présidence de la République et le Premier ministre désigné se sont mutuellement accusés d’être responsables du retard dans la formation du futur gouvernement. Des tensions exacerbées par l’inculpation, la semaine dernière, du Premier ministre Hassane Diab (et de trois anciens ministres) dans l’affaire de la double explosion du port de Beyrouth, par le juge d’instruction Fadi Sawan. Une mesure qui a provoqué une levée de boucliers sunnite. « Nous insistons à connaître toute la vérité sur l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, et dans ce contexte, personne n’est couvert ou protégé, mais dans le respect de la Constitution et des lois », a lancé Saad Hariri depuis le siège du patriarcat maronite. M. Hariri n’a répondu qu’à une question sur le principe de neutralité défendu ardemment par le patriarche, un principe dont il s’est déclaré également partisan.

Ni abandon ni récusation

Si cette visite ne suffirait pas par elle-même à relancer le processus de la formation du gouvernement, elle n’en demeure pas moins très significative. Selon des sources proches des participants à la réunion, M. Hariri aurait profité de cet aparté avec le patriarche pour lui expliquer qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait en vue de la naissance du cabinet, dénonçant le fait que les parties politiques libanaises, si coopératives quand le président français Emmanuel Macron a présenté son initiative à Beyrouth en septembre dernier, se soient dédites par la suite, entravant ainsi le processus. Il aurait assuré que l’initiative française est le seul processus de sortie de crise qui soit actuellement disponible aux Libanais et qu’il ne comptait ni l’abandonner ni se récuser. D’où sa mouture formée de spécialistes. M. Hariri aurait également souligné que les contacts directs étaient rompus avec Baabda, mais qu’ils se poursuivaient via des intermédiaires. Toutefois, il n’aurait pas demandé au patriarche d’effectuer une initiative en ce sens.

L’autre sujet largement abordé lors de cette réunion est celui de l’enquête sur l’explosion du port : le patriarche Raï se serait insurgé contre la transformation de l’inculpation d’un Premier ministre (Hassane Diab) en une polémique politico-confessionnelle, alors même que l’ampleur de l’événement suffit à justifier la collaboration de tous avec la justice. Ce à quoi M. Hariri aurait répondu que le procédé était anticonstitutionnel, pas la décision en soi, et qu’il ne comptait couvrir personne.

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Par ailleurs, selon notre correspondant politique Mounir Rabih, Saad Hariri préparait cette visite depuis longtemps, depuis les déclarations sévères du patriarche sur le retard dans la formation du gouvernement, faites au palais présidentiel le 25 novembre dernier, et qui semblaient le viser personnellement. Durant l’entretien d’hier, le Premier ministre désigné aurait expliqué au patriarche qu’il n’avait pas de différends avec les chrétiens en général, mais avec Michel Aoun et son gendre, l’ancien ministre et président du Courant patriotique libre Gebran Bassil, dont les demandes et les perpétuels changements de position, selon lui, bloquent le processus de formation du gouvernement. De son côté, le patriarche Raï l’aurait assuré que les déclarations faites à Baabda ne le visaient pas personnellement, mais avaient pour objectif de pousser vers la formation d’un gouvernement, afin de sortir le pays de l’effondrement économique et d’assurer la reconstruction de Beyrouth après l’explosion du 4 août.


La visite du Premier ministre désigné, Saad Hariri, hier soir au siège du patriarcat maronite à Bkerké n’a pas été annoncée à l’avance, mais des informations avaient fuité le jour même à travers les médias. Dans un contexte de tensions politiques entre le leader sunnite et le président de la République Michel Aoun, qui empêchent jusque-là la formation d’un gouvernement,...
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Réunion de COMMERÇANTS, politique et religieux C'est ça notre Liban du future . Vive la THAOURA !!!

aliosha

17 h 44, le 17 décembre 2020

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Commentaires (6)

  • Réunion de COMMERÇANTS, politique et religieux C'est ça notre Liban du future . Vive la THAOURA !!!

    aliosha

    17 h 44, le 17 décembre 2020

  • On se demande si Hariri en ne cédant pas les ministères au clan chiite depuis le début il n’aurait pas épargné cette perte de temps pour former le gouvernement ou si malgré tout Aoun aurait trouvé une autre astuce pour bloquer la formation toujours dans l’espoir de garder un peu de place à son Gendron qui parait déprime et à court d’idée sabotage et d’allié. Maintenant comment croire Hariri lorsqu’il annonce sa mouture soit disant formée par des personnes compétentes, fiables et au dessus de tout soupçon ou d’appartenance partisane? Il serait bon de faire « fuiter » cette liste aux médias pour savoir de quoi il retourne exactement et mettre Aoun devant ses responsabilités. Car s’il est vrai que les futurs ministres sont des patriotes qui n’agiraient que dans l’intérêt du pays pour le sauver, on aimerait voir la réaction de Aoun et de sa cour quant aux excuses qu’ils trouveront pour justifier leur blocage. C’est simple comme chou. Peut être que Mgr Raï a maintenant la solution entre les mains puisqu’il est le seul à avoir cette liste qu’il peut utiliser intelligemment pour mettre sa pierre à l’édifice du sauvetage du pays .

    Sissi zayyat

    14 h 37, le 17 décembre 2020

  • "Le but n’est pas de former le gouvernement « n’importe comment »" ... Du n'importe quoi pour justifier le n'importe quel désastre vers lequel on se dirige... Ce pays n'a plus besoin de n'importe quel politicien...quand on.lit l'article sur Wassef Haraké on sent briller quelque part un soupçon d'espoir...

    Wlek Sanferlou

    13 h 41, le 17 décembre 2020

  • On nous promettait, le 31 octobre 2016 un chef 5 étoiles pour diriger la grande brigade qui virevolte dans la cuisine gouvernementale. On constate que les 5 étoiles du chef se sont transformées en épines dont nous sentons chaque jour les piqûres. Et que l'un des commis n'a qu'une idée en tête: prendre bientôt le poste du chef...sans se demander s'il a vraiment les compétences et l'expérience nécessaires pour cette fonction...Lui ne voit que l'aspect bling-bling: fauteuil prestigieux, récéptions, et visites de délégations, en plus des déclarations et promesses jamais tenues, comme le chef 5 épines actuel...qui oublie son devoir principal: travailler pour le bien du pays...et non pour pour ses intérêts personnels et familiaux. Et pour corser le tout il doit travailler avec un chef-saucier qu'il n'apprécie visiblement pas du tout ! Alors, ne nous étonnons pas si tout ce qui sort de cette cuisine gouvernementale est...inmangeable...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 45, le 17 décembre 2020

  • Il y a des personnes qui dès que j’entend leur nom ou voit leur image me font un urticaire carabiné. Je ne contrôle plus mon langage. Cela ne m’est jamais arrivé au temps du Patriarche Nasrallah Sfeir ou du Président Rafic Hariri. Georges Tyan.

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 40, le 17 décembre 2020

  • On comprend bien que cette visite intervient après un faux pas vis-à-vis de la justice pour calmer les appréhensions.

    Esber

    07 h 31, le 17 décembre 2020

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