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À La Une - Liban

Produits alimentaires avariés : la dynamique vertueuse fait son effet

Des tonnes de produits alimentaires avariés ou périmés continuent d’être abandonnés en cachette dans des dépotoirs, en attendant des lois inexistantes et un service de protection du consommateur efficaces.

Appétissants en apparence, mais...

La dynamique vertueuse déclenchée par la découverte de stocks de viande avariée se poursuit. Il ne se passe plus de jour sans que de stocks de produits alimentaires périmés ne soient jetés, sous le couvert de la nuit, dans des dépotoirs de fortune.


Du poisson, du poulet, de la viande de bœuf, des produits laitiers, et même des sucreries périmées – depuis 2000 –, ont été découverts hier à Tyr, dans la région de Jbeil, dans la Békaa-Ouest, à Beyrouth (Bourj Hammoud et Bir Hassan). Plusieurs tonnes de ces aliments ont ainsi été éliminées du marché par les commerçants eux-mêmes.
À Bir Hassan, un entrepôt illégal construit sur les biens de l’État a été mis sous scellés hier. À l’intérieur, une patrouille du service de protection du consommateur a découvert deux tonnes de viande de bœuf et une tonne de viande de poulet périmées. À Okaïbé, trois tonnes de poisson ont été saisies dans un entrepôt, portant une date d’expiration remontant à juillet 2011. Des cartons de poisson périmé similaires avaient été découverts dans un dépotoir à Ansariyé. C’est donc, en un certain sens, un sauve-qui-peut salutaire, qui « nettoie » le marché de ses produits périmés, comme l’a judicieusement noté hier le député Nabil de Freige.


Notons au passage que l’on doit cette campagne de nettoyage du marché à la presse, en particulier la presse audiovisuelle, ce qui, en un certain sens, rachète les outrances dont elle se rend responsable, par ailleurs, sur le plan politique, en aiguisant les conflits plutôt qu’en les apaisant.


Toutefois, et cela, M. de Freige le sait bien, cette flambée de droiture ne durera pas, et les négociants et commerçants de détail ne renonceront pas facilement au gain rapide. Des mesures dissuasives plus efficaces, et à long terme, doivent être prises pour que le marché local s’assainisse durablement.

Insuffisance des services officiels
La commission de l’Économie s’est réunie hier pour en discuter. Aucune des mesures envisagée n’est susceptible d’être appliquée rapidement. Le service de production du consommateur, la brigade touristique sont en effet trop peu étoffés pour faire face aux besoins, et les moyens de ruser avec la loi sont nombreux.


C’est ainsi que les produits laitiers périmés, en particulier les fromages, finissent généralement sur le marché des « manakiche » et des croissants au fromage, à moins d’être recyclés dans les fromages épicés, type « chanklich ». Gageons aussi que bien des saucisses locales sont garnies de viande périmée et fortement épicée, pour en cacher l’état de décomposition.

Diffamation
La campagne médiatique, cependant, n’a pas que du bon. Des dérapages se sont produits, au nom même du zèle que certains déploient contre les empoisonneurs. C’est ainsi que des listes de restaurants, supermarchés et hôtels se fournissant auprès d’importateurs douteux, notamment auprès des frères Natour, qui sont actuellement aux arrêts, circulent sur la toile. Ce n’est pas toujours de bonne guerre, et l’on n’est pas loin de la diffamation, voire de la guerre économique. Les responsables se sont promis – promesses en l’air, comme d’habitude – de sévir contre la diffamation, mais il y a lieu de douter de leur parole, ou de son efficacité.


Par ailleurs, le ministre du Tourisme, Fadi Abboud, s’est ému de l’impact négatif de la campagne contre les produits avariés sur l’image du Liban à l’étranger. Il a affirmé être resté à son bureau jusqu’à trois heures du matin, un jour, pour répondre aux appels alarmés de tour-opérateurs désireux de savoir si le Liban gastronomique existe toujours.
La préoccupation de M. Abboud est sans doute légitime, mais l’on ne saurait en aucune façon prendre à la légère l’état alarmant de la chaîne alimentaire depuis les abattoirs jusqu’à l’arrivée de la viande dans nos assiettes. Et il n’est pas question seulement de viandes périmées. La chaîne du froid doit être correctement assurée, en particulier pour les glaces, à l’approche de la saison chaude.


M. Abboud a prétendu que les plaintes pour empoisonnement sont, proportionnellement, assez rares. C’est oublier que le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, avait annoncé en personne que les viandes avariées avaient tué au Liban, et que des milliers de personnes mettent leurs intoxications alimentaires au compte des risques ordinaires de la vie au Liban, oubliant que des personnes bien en chair en sont responsables, et s’enrichissent aux dépens de leur santé.

 

Pour mémoire


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Du poisson, du poulet, de la viande de bœuf, des produits laitiers, et même des sucreries périmées – depuis 2000 –, ont été...

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