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À La Une - Ces jeunes Libanais de la diaspora qui font parler d'eux

Debbie Yazbek, une empreinte libanaise dans le monde de la photo

"Je suis sud-Africaine et fière de mes origines libanaises que j'aimerais bien explorer", assure la photographe lauréate de plusieurs prix internationaux.

Debbie Yazbek et l'ancien président sud-africain, Nelson Mandela. Photo Debbie Yazbek.

Elle est libanaise, mais elle n'a jamais foulé la terre du Liban. Debbie Yazbek est née en Afrique du Sud où elle s'est fait un nom dans le monde du photojournalisme. "Je n'ai malheureusement pas visité le Liban. Mes grands-parents ont quitté le pays peu après l'occupation ottomane (1453-1915). Comme beaucoup de marchands dans le temps, ils sont partis vers la cité de l'or à la recherche d'une vie meilleure", raconte la photographe à L'Orient-Le Jour.

 

En Afrique du Sud, Debbie Yazbek a été élevée dans une ville où vit une large communauté libanaise. "La culture libanaise est enracinée dans ma mémoire, assure la photographe. Je me rappelle surtout ces déjeuners du dimanche qui se transformaient toujours en réunions festives où danses et jeux se mélangeaient..."

 


 

La photo pour laquelle Debbie Yazbek a remporté en 2005

le prix CNN African Journalist of the Year.


Une femme dans un monde d'hommes

 

Debbie Yazbek est aujourd'hui responsable de la photographie pour le quotidien sud-africain "The Star". Elle est par ailleurs lauréate de plusieurs prix internationaux, dont le prix CNN African Journalist of the Year, pour une photo de Nelson Mandela. 


"Ce jour-là, notre mission était de prendre des photos de Nelson Mandela dans sa maison, raconte la photographe. Nous n'étions pas invités et devions prendre nos clichés sans être remarqués. Mes photos à peine prises, les membres de sécurité m'ont repérée et m'ont demandé de sortir. Mais Nelson Mandela, qui avait suivi la scène, me rappelle en disant : "Pourquoi vous excluez-vous?". Il nous a ensuite invités (les autres journalistes et moi) dans sa maison où sa famille était réunie pour une célébration privée."


Si Debbie Yazbek est la seule femme à avoir remporté, à deux reprises, le prix du photojournaliste de l'année (Press Photographer of the year, Fuji Press Awards), et la première photographe à remporter le prix Nat Nakasa pour l'intégrité de la presse, le route n'a pas toujours été facile.

 


 

La famine à Malawi. Photo Debbie Yazbek.

 

 

Au milieu des années 80, son diplôme de photographe publicitaire en poche, Debbie Yazbek part pour Londres à la recherche d'un emploi. En Afrique du sud, les émeutes raciales se multiplient. Sous la pression de divers groupes de pression internationaux anti-apartheid exigeant la fin de la discrimination et des élections multiraciales, le pays est soumis à un embargo économique et financier de plus en plus contraignant. Debbie Yazbek décide alors de rentrer au pays.

 

"A cette époque, je pensais devenir photographe publicitaire", explique Mme Yazbek. Jusqu'au jour où, alors qu'elle travaille sur un projet, Debbie est blessée lors d'un attentat à la voiture piégée. Un moment décisif pour la jeune femme. "L'Afrique du Sud subissait les affres de l'apartheid, un soulèvement populaire naissait, raconte la photographe. Moralement, je ne pouvais plus justifier la frivolité de la photographie publicitaire."

 

 

 

Opération de la police contre des locataires occupant 
illégalement des appartements à Johannesburg.

Debbie Yazbek décide de changer de trajectoire et cherche un emploi dans des entreprises médiatiques. "A une époque où les femmes photographes étaient rares, j'ai eu la chance de décrocher un poste de stagiaire pour un magazine économique", raconte Mme Yazbek. "J'étais la photographe, la femme coursier et celle qui préparait le thé...", ironise la jeune femme, qui estime n'avoir jamais eu, en raison de son sexe, les opportunités qu'elles méritaient.

Mais la photographe ne se démonte pas. Elle postule au "Star" et décroche un nouvel emploi. Peu de temps après, l'Afrique du Sud se dirige vers la guerre civile. "En dépit du danger, j'ai couvert le conflit. Je tenais à montrer la vérité quel qu'en soit le prix", raconte la photographe. Quand le responsable de la photographie de "The Star" décède en mission, Debbie Yazbek est choisie pour le remplacer. "Les sceptiques s'attendaient alors à ce que je démissionne. Leur attitude n'a fait que renforcer ma détermination, poursuit-elle. Peut-être que je leur dois finalement beaucoup de mon succès puisqu'à cause d'eux je devais toujours travailler plus dur."

 


Une guérisseuse africaine.


Un projet au Liban

La caméra de Debbie Yazbek n'a "malheureusement" pas découvert le pays du Cèdre. "Je projette de me rendre au Liban depuis déjà plusieurs années, assure la photographe. Je voudrais y visiter des endroits peu connus du monde occidental afin de montrer la beauté et la richesse de mon héritage". Le Liban qui, dit-elle, sera au coeur d'un de ses grands projets. "Je suis sud-Africaine et fière de mes origines libanaises que j'aimerais bien explorer", conclut Debbie Yazbek.

 

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