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Économie - Liban - Finances

« Le budget 2012 : creux et sans plan préétabli », accusent les instances économiques

Les difficultés économiques et financières que traverse le pays et plus spécifiquement le budget 2012 étaient hier au cœur de la réunion entre la commission parlementaire de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et de la Planification et les principaux représentants des instances économiques. Étaient ainsi présents les représentants des ministres de l’Économie et du Commerce et des Finances, le président de l’Association des banques du Liban (ABL), Joseph Torbey, le président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth (CCIAB), Mohammad Choucair, le président de l’Association des industriels libanais (AIL), Neemat Frem, et le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas. Les avis des participants à la réunion concernant l’approbation du budget étaient partagés. M. Frem s’en est surtout félicité, après sept ans d’échecs continus, les autres ne sont pas du tout satisfaits et trouvent que le budget est incomplet.
Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, M. Chammas a haussé le ton concernant l’approbation de ce budget. « Il ne prend pas en compte la hausse des salaires des fonctionnaires. Ce qui signifie que, hors budget, une loi sur le financement de la nouvelle grille des salaires des fonctionnaires devra être adoptée, avec un coût d’environ 1,4 milliard de dollars. Celui-ci aurait dû être inclus dans les dépenses du gouvernement », estime le président de l’ACB qui craint une nouvelle tension sociale. « En séparant les salaires des fonctionnaires du budget 2012, ceux qui vont financer ces augmentation vont clairement être identifiés, ajoute-t-il. Et aujourd’hui, le secteur privé ne peut clairement pas supporter cette hausse des salaires. »
Le président de la commission parlementaire de l’Économie, le député Nabil de Freige, est du même avis. « Ce qui est très grave dans cette affaire c’est le non-respect de l’article 83 de la Constitution qui stipule que le budget de l’État doit inclure toutes les dépenses et recettes. Or ce budget-là ne prend pas en compte l’augmentation des salaires dans le secteur public », a-t-il confié à L’Orient-Le Jour.
M. de Freige porte un regard très critique sur la mouture finalement approuvée. Pour lui, un budget reflète normalement la politique économique et financière que le gouvernement va suivre pendant un an. « Celui-ci est vide, sans aucune vision ni plan pour encourager les investissements », a-t-il regretté.
Le budget 2012 prévoit 20 000 milliards de livres de dépenses (contre les 10 000 milliards de livres au dernier budget voté il y a 7 ans) et environ 14 000 milliards de livres de recettes, soit un déficit budgétaire de près de 6 000 milliards de livres. « Au lieu d’essayer d’augmenter par des taxes qui pourraient fortement nuire aux secteurs les plus productifs, il faudrait réduire les dépenses, qui, pour beaucoup, sont complètement inutiles », a martelé M. de Freige. « Pour cela, une vraie étude est nécessaire, et elle aurait dû figurer dans le budget. Elle ne l’a malheureusement pas été, pour des considérations politiques, encore et toujours », a-t-il ajouté. Rappelons que le budget 2012 prévoit quelques nouvelles taxes dont celle du timbre fiscal qui devrait passer de 100 livres à 500 livres, une taxe sur les facture de téléphone de 2 500 livres et une hausse de la taxe sur les contrats signés au Liban.
Et mis à part le budget, M. Chammas reste très pessimiste quant à la reprise économique du pays. « Depuis le début de l’année, le climat des affaires s’est détérioré », a-t-il regretté. À l’augmentation des salaires, s’est rapidement ajoutée celle des prestations de la Sécurité sociale dans un contexte de ralentissement de l’activité économique. « D’autant plus que les ressortissants arabes qui représentent 45 % des dépenses détaxées dans le pays (Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Émirats arabes Unis et Qatar) ont déserté le Liban, poursuit-il. La situation n’est plus sérieuse mais dangereuse. Le nombre de sociétés menacées d’effondrement est en croissance, elles sont passées de problèmes de trésorerie à de vrais problèmes de solvabilité. » Selon lui, c’est le rôle de l’État qui est en jeu aujourd’hui. « On a face à nous un État fortement affaibli, bafoué et qui cède bien souvent à la surenchère politique des partis, sans aucun système d’accountability. » « Aujourd’hui, l’État se contente d’adopter des solutions définitives pour régler des problèmes conjoncturels et cela menace gravement l’ensemble de l’activité économique et financière du pays », a-t-il ajouté. Un tableau bien sombre donc, dressé par les instances économiques, qui veulent croire encore que la situation peut s’améliorer... Jusqu’à quand ?
Les difficultés économiques et financières que traverse le pays et plus spécifiquement le budget 2012 étaient hier au cœur de la réunion entre la commission parlementaire de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et de la Planification et les principaux représentants des instances économiques. Étaient ainsi présents les représentants des ministres de l’Économie et du Commerce...
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