Pour justifier cette invitation, le chef de l’État a invoqué « la profonde inquiétude pour leur sécurité ressentie par les Libanais, lors des récents incidents » et « la poursuite des violations et des menaces que fait peser Israël sur la souveraineté libanaise ».
Le rendez-vous du dialogue a été fixé au 11 juin à 11 heures, à Baabda. Au cœur de ce dialogue figurent « la stratégie nationale de défense » et « tout le dossier des armes », soit en pratique :
1 – Les armes de la résistance et le moyen d’en profiter pour défendre le Liban. Pour ce faire, les parties engagées dans le dialogue doivent répondre aux questions suivantes : À quoi servent les armes de la résistance? Quand les utiliser ? Comment ? Où ?...
2 – Les armes palestiniennes en dehors des camps ; comment y mettre fin ? Les armes palestiniennes à l’intérieur des camps; comment régler cette question conformément aux résolutions précédentes de la conférence nationale de dialogue ?
3 – Le désarmement – le ramassage des armes – en milieu urbain et en dehors des villes.
L’appel au dialogue du président Sleiman s’inscrit dans le cadre des efforts déployés sur le plan local et arabe pour éviter au Liban de sombrer dans une discorde confessionnelle abyssale. Le souverain wahhabite, le roi Abdallah, y avait fait allusion la semaine dernière dans un message adressé au chef de l’État, dans lequel il se plaignait d’un » ciblage « de la communauté sunnite. Ce message avait tenu lieu d’avertissement aux autorités libanaises, après des déclarations soudaines venues des principautés du Golfe, qui avaient demandé à leurs ressortissants de ne plus se rendre au Liban, et à ceux qui s’y trouvent de rentrer au pays sans tarder. Ce torpillage délibéré – et néanmoins fraternel – de la saison estivale au Liban avait déclenché une campagne diplomatique, dont l’un des prochains volets sera une visite prochaine du chef de l’État au Koweït.
Réponses locales
Les réactions à l’invitation au dialogue ont été aussi diversifiées que le sont les forces politiques qui doivent y participer. Par la voix du député Ammar Houri, comme par celles d’Élias Murr et de Fouad Siniora, que le chef de l’État reçu hier en audience, l’opposition a accepté l’idée d’un dialogue national, tout en souhaitant qu’il s’accompagne de la formation d’un gouvernement neutre, qui resterait en place jusqu’aux prochaines législatives.
M. Houri a affirmé que le 8 Mars ne peut s’attendre à ce que le 14 Mars tienne pour acquis la formule » armée, peuple, résistance « au nom de laquelle le Hezbollah accorde une légitimité aux armes qu’il possède. Et de rappeler que, pour le 14 Mars, l’armée libanaise est la seule force régulière opérant au Liban.
Le député Marwan Hamadé, lui, a affiché son scepticisme au sujet de la possibilité de régler le différend sur les armes qui divise si radicalement le pays. « Le dialogue est aujourd’hui sans horizon », a-t-il lancé, affirmant craindre que la conférence ne serve que de décor à « une comédie » destinée à accorder une légitimité aux armes du Hezbollah.
Pour M. Hamadé, le fait que le Hezbollah affirme qu’il viendra au dialogue « sans conditions préalables » ne veut rien dire, puisqu’il considère comme donné, ou encore comme acquis, exactement ce que le 14 Mars conteste.
Les deux grands courants politiques engagés dans le dialogue ayant défini leurs positions, on attend encore une prise de position claire du chef du Courant patriotique libre, pour en anticiper l’issue, ou pour en faire par avance son deuil, compte tenu de la persistance de l’impasse politique, et dans la nostalgie d’une union sacrée qui n’aura duré que le temps d’un espoir fou et d’un songe.
commentaires (5)
Mais le problème avec cette histoire des Fameuses armes de leur Fameux hézébb-là, ya hassértééhh, est qu’on veut "singer" beaucoup plus "Singe" que soi !
Antoine-Serge KARAMAOUN
05 h 37, le 30 mai 2012