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À La Une - Interview

Bassma Kodmani à « L’OLJ » : Le Liban n’est pas un pays très sûr pour les réfugiés syriens

De passage à Genève, en Suisse, pour rencontrer l’adjoint de l’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe, Nasser al-Qidwa, la porte-parole du Conseil national syrien, Bassma Kodmani, a accepté de répondre aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

Bassma Kodmani, porte-parole du Conseil National Syrien, principale instance de l'opposition au régime de Bachar el-Assad. Murad Sezer/Reuters

Q- Vous avez déclaré que vous aviez constaté une recrudescence de la violence, depuis lundi, sur l’ensemble du territoire syrien et le long de la frontière turque. Considérez-vous le Liban comme un pays sûr pour les réfugiés syriens ?
R- Malheureusement, le régime syrien a pris l’habitude, au fil des décennies, de considérer qu’il pouvait opérer en territoire libanais en toute impunité. Cela rend le Liban souvent pas très sûr pour des Syriens qui sont poursuivis par le régime.
De notre point de vue, la situation libanaise est liée au sort de la Syrie et à l’avenir de notre parcours politique. Il est clair que le mouvement démocratique en Syrie souhaite des relations normales et respectueuses de la souveraineté du Liban. Tant que nous aurons ce régime en place, nous ne pourrons jamais avoir des relations normales et saines avec notre voisin.

Pensez-vous que la complexité des liens qui lient la Syrie au Liban freine l’intervention de la communauté internationale dans la région?
Je pense que la situation syrienne a sa propre complexité. Le Liban paye les longues années d’hégémonie du régime Assad et aujourd’hui il souffre de la déstabilisation en Syrie causée par ceux qui s’accrochent au pouvoir. La complexité de la situation libanaise est aussi due au fait que certaines factions apportent un soutien politique et logistique au régime syrien et justifient la politique poursuivie par le régime. C’est une composante qui rend plus difficile la gestion de la situation; nous parlons du Hezbollah et de sa relation avec l’Iran.

Dans ce cas, quelle est votre stratégie ?
Notre stratégie est de préserver la nature purement démocratique de la demande du peuple syrien. Nous ne sommes pas dans un conflit régional, nous ne sommes pas dans une rivalité stratégique avec les uns ou les autres, nous ne sommes pas dans un conflit entre communautés religieuses, toutes ces batailles ne sont pas les nôtres !


Notre bataille est un combat pour les droits de l’homme, pour la démocratie. Nous comptons plus de 9 000 morts à ce jour dans la lutte pour l’obtention de ces droits. Notre problème est avec le régime, avec aucune autre force. Nous regrettons profondément que certains aident le régime actuel mais nous espérons qu’ils vont vite se rendre à l’évidence qu’il ne peut pas être défendu. Nous gardons nos distances avec ceux qui veulent nous faire entrer dans des jeux de pouvoir et de rivalité.

D’après-vous, jusqu’où le régime Assad est-il capable d’aller ?
Le régime cherche à terroriser la population de façon systématique. Par exemple, lorsqu’on parle de viols de jeunes filles, cela signifie qu’on a dépassé toutes les lignes rouges mises en place par les critères humains. Ce comportement est qualifié de crime contre l’humanité. Notre bataille sera d’y mettre un terme et de ne pas le laisser impuni.

Quel est l’objectif actuel du pouvoir syrien ?
La stratégie du pouvoir est de noyer la demande démocratique dans des questions de conflit régional et de pervertir la demande d’une société qui souhaite sa liberté. Le Hezbollah a tout intérêt à comprendre que l’avenir de toutes les composantes libanaises réside dans des relations normales, respectueuses et amicales avec toute la société syrienne.

Que pensez-vous de l’initiative du Qatar et de l’Arabie saoudite d’armer l’opposition syrienne ?
Ce n’est pas du tout notre souhait. Nous n’avons jamais cherché la militarisation de la révolution. Le Qatar, l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes proposent l’option de fournir à la population les moyens de se défendre. Nous préférons que la communauté internationale fasse pression sur le régime de manière efficace et déterminée. Nous pensons même que l’embargo sur les armes est une mesure qui aurait dû intervenir il y a longtemps. Des zones protégées, à but humanitaire, permettraient d’accélérer la chute du régime car cela créerait une dynamique interne nouvelle en Syrie.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, sera à Genève le 12 avril, avez-vous rendez-vous avec lui ?
Nous allons entreprendre les démarches nécessaires pour essayer de le rencontrer.

Q- Vous avez déclaré que vous aviez constaté une recrudescence de la violence, depuis lundi, sur l’ensemble du territoire syrien et le long de la frontière turque. Considérez-vous le Liban comme un pays sûr pour les réfugiés syriens ? R- Malheureusement, le régime syrien a pris l’habitude, au fil des décennies, de considérer qu’il pouvait opérer en territoire libanais...

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