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À La Une - Société

Droit des travailleuses domestiques au Liban : la société civile appelle les autorités à agir

Le gouvernement pressé d'enquêter sur le suicide de la domestique éthiopienne et d'adopter des lois conformes aux critères internationaux.

Manifestation à Beyrouth à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai 2011. Photo archives/

Quelques jours après le suicide d'Alem Dechasa, une employée de maison éthiopienne agressée à Beyrouth puis internée dans un hôpital psychiatrique, huit organisations de la société civile libanaise ont publié un communiqué dénonçant le laxisme des autorités libanaises en matière de respect des droits de l'homme en général et des travailleuses étrangères en particulier.

 

"Les autorités libanaises devraient agir sans tarder pour réformer des règles restrictives en matière d'octroi de visas et adopter une loi sur le travail domestique afin de faire cesser les sévices fréquemment infligés aux travailleuses domestiques migrantes au Liban, qui entraînent parfois leur mort", peut-on lire dans ce communiqué publié aujourd'hui, et signé par Human Rights Watch, le Centre d'aide aux migrants de Caritas-Liban, "KAFA ('assez') de Violence et d'Exploitation", le Mouvement contre le racisme, Amel Association International, Insan, le Conseil danois d'aide aux réfugiés et Nasawiya.

 

Alem avait été la malheureuse "vedette" d’une vidéo diffusé le 8 mars par la chaîne télévisée LBCI. Une vidéo filmée le 24 février par un passant inconnu, dans laquelle on voit un agent recruteur brutaliser Alem Dechasa-Desisa devant le consulat d'Ethiopie à Badaro, en banlieue de Beyrouth. "Malgré les protestations de l'Ethiopienne, l'agent et un autre homme la font monter de force dans une voiture. LBCI a par la suite identifié l'homme qui brutalisait la jeune femme comme étant Ali Mahfouz, frère du responsable de l'agence de recrutement qui avait fait venir Alem Dechasa-Desisa au Liban. Ali Mahfouz a accepté de parler à la télévision et a affirmé que l'agence de son frère s'était efforcée de rapatrier la domestique éthiopienne car elle souffrait de troubles mentaux", rappellent les organisations dans leur communiqué.

 

"La police est arrivée sur place peu après, alors que la voiture s'y trouvait toujours, et a emmené Alem Dechasa-Desisa vers un centre de détention. A la demande de Caritas-Liban, qui dispose d'une antenne dans ce centre de détention, les policiers l'ont transférée deux jours plus tard dans un établissement médical mais n'ont pas arrêté les hommes qui l'avaient brutalisée. Alem Dechasa-Desisa s'est suicidée à l'hôpital psychiatrique Deir al-Saleeb, le 14 mars au matin", rappelle encore le communiqué.

 

Suite à cette tragique affaire, le président Michel Sleiman a réclamé l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances de l’incident et traduire les responsables devant la justice. Quant aux ministres de la Justice et du Travail, Chakib Cortbaoui et Sélim Jreissati, ils ont assuré suivre l’affaire sur le plan judiciaire.

 

"Les autorités libanaises ont ouvert une enquête parce qu'elles se sont trouvées sous le projecteur des médias", estime Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Pour M. Houry, le gouvernement devrait révéler au public le résultat de l'enquête. Et d'ajouter : "Le gouvernement libanais devrait adopter des mesures de protection qui se font attendre depuis longtemps, afin de mettre fin aux mauvais traitements généralisés des travailleuses domestiques et de réduire le nombre d’incidents mortels qu’elles subissent dans ce pays."

 

Environ 200.000 migrants, dont la plupart sont originaires du Sri Lanka, d'Ethiopie, des Philippines et du Népal, sont actuellement employés de maison au Liban, majoritairement des femmes. Ces employées de maison sont exclues du droit du travail et soumises à des règles d'immigration restrictives basées sur le parrainage individuel par l'employeur, ce qui les expose au risque d'être indûment exploitées et rend difficile pour elles de quitter un employeur abusif. Le taux élevé de mauvais traitements a amené plusieurs pays, dont l'Ethiopie et les Philippines, à interdire à leurs ressortissantes d'aller travailler au Liban. 

 

Pour Nadim Houry, "l'absence d’une protection juridique des droits des travailleuses domestiques au Liban, ainsi que les politiques restrictives en matière de visas, contribuent à leur isolement, aux mauvais traitements qu’elles subissent, à leur endettement et à leur incapacité à échapper aux abus". La réforme du système de parrainage devrait figurer parmi les priorités du gouvernement appelé par M. Houry à adopter une nouvelle loi sur le travail domestique qui soit "conforme aux critères internationaux".

 

 

Pour mémoire : 

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