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À La Une - Eclairage - Liban

Le mouvement de cheikh Assir, une incarnation de la rue sunnite en ébullition

Cheikh Ahmad Assir.

L’initiative de l’imam d’une mosquée de Saïda, cheikh Ahmad Assir, d’appeler à une manifestation dimanche dans le centre-ville de Beyrouth en signe de soutien à la révolution syrienne et l’écho favorable que paraît avoir suscité cet appel dans les milieux sunnites ont mis la République en émoi.


La question qui se posait hier était de savoir si les formations politiques de la majorité et, surtout, les forces modérées de l’opposition seraient en mesure, d’ici à dimanche, de persuader le cheikh Assir de renoncer à son projet afin de ne pas mettre en péril la paix civile dans le pays.


Pour l’instant, armé d’une autorisation officielle de manifester, l’intéressé semble ignorer les appels qui fusent de partout et persiste dans sa volonté de conduire ce mouvement de protestation qu’il affirme « pacifique ».
Il a confirmé hier ses intentions à l’agence al-Markaziya, affirmant avoir obtenu une autorisation de la part du mohafez de Beyrouth par intérim, Nassif Kalouche, et soulignant le caractère « purement humanitaire » de sa démarche.
Des sources sunnites modérées sidoniennes soulignent que cheikh Assir incarne un mouvement extrémiste sunnite qui s’est développé dernièrement auprès des couches populaires du fait de l’inaction des forces modérées représentées par le courant du Futur tout autant que par les centristes regroupés autour du Premier ministre Nagib Mikati et du ministre des Finances Mohammad Safadi.


Imam d’une mosquée située dans la banlieue de Saïda, cheikh Assir a su exploiter la déconfiture de la rue sunnite et les événements de Syrie pour lancer un mouvement fondamentaliste extrémiste sous le slogan du soutien au peuple syrien. Mais il incarne aussi les frustrations que ressent cette rue sunnite à l’égard du Hezbollah.


Des forces actives sur la scène sidonienne ont bien tenté de circonscrire le mouvement lancé par le dignitaire, mais leurs tentatives ont échoué jusqu’ici. Sa démarche a suscité un tel enthousiasme chez de nombreuses populations sunnites à travers le pays qu’il incarne à présent un phénomène.


Tout dernièrement, cheikh Assir s’était rendu à Moukhtara, chez le chef du PSP, Walid Joumblatt, à la suite des positions en flèche prises par celui-ci au sujet de la crise syrienne. Selon des sources proches du palais de Moukhtara, M. Joumblatt a conseillé, lui aussi, au cheikh de Saïda de s’abstenir de toute action susceptible de transposer sur la scène libanaise les répercussions des développements en Syrie, en insistant sur la nécessité de protéger la stabilité du Liban et d’y consolider la paix civile. Il a émis le souhait de voir l’action du cheikh ne pas transgresser les limites de l’union nationale et de la coexistence.


Mais il est clair que le dignitaire n’a pas tenu compte des conseils du chef druze et a lancé son initiative en direction du centre-ville de Beyrouth, faisant assumer aux autorités la responsabilité d’assurer l’ordre lors de la manifestation et d’empêcher tout débordement.


Selon des sources policières, on s’attend à ce que cette manifestation draine beaucoup de monde dans les rangs des adversaires du régime syrien et du Hezbollah. Et ce succès anticipé est explicable par le fait que les formations modérées s’abstiennent, elles, de toute action sur le terrain.


Du côté des forces de l’ordre, on insiste sur le fait que le droit à la liberté d’expression est sacré, mais on met en garde contre toute tentative de déstabilisation d’où qu’elle vienne, comme l’avait souligné récemment le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi. Des mesures « préventives » ont donc été prises pour que la manifestation de dimanche, si elle a lieu, se déroule sans débordements.


Dans les milieux du 8 Mars, on ne cache pas l’irritation que cause le mouvement enclenché par cheikh Assir et on estime nécessaire de le stopper ou, du moins, de le maîtriser, avant qu’il n’ait un effet boule de neige sur une scène libanaise déjà suffisamment tendue. Certains souhaiteraient même qu’on retire au cheikh l’autorisation de manifester.
À cela, des sources de l’opposition répliquent que c’est l’absence de solution en Syrie et la poursuite des tueries qui encouragent l’émergence et le développement au Liban de mouvements tels que celui de cheikh Assir. Ces sources craignent, en effet, que si la crise syrienne perdure, le climat d’extrémisme et de fondamentalisme ne prenne encore plus d’ampleur dans les milieux sunnites du Liban.

L’initiative de l’imam d’une mosquée de Saïda, cheikh Ahmad Assir, d’appeler à une manifestation dimanche dans le centre-ville de Beyrouth en signe de soutien à la révolution syrienne et l’écho favorable que paraît avoir suscité cet appel dans les milieux sunnites ont mis la République en émoi.
La question qui se posait hier était de savoir si les formations...
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