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À La Une - Liban

A Tripoli, les tensions confessionnelles à leur paroxysme

Beucoup craignent des règlements de compte qui rappelleraient aux Libanais les années noires de la guerre civile.

Une escalade est plus que jamais redoutée après les affrontements confessionnels entre les habitants de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen .JOSEPH EID/

"Je paye le prix d'une guerre qui n'est pas la mienne", affirme Zeinab Yaghi, une sunnite de Tripoli. Les habitants de la "capitale" du Liban-nord redoutent une escalade après les affrontements confessionnels entre quartiers favorables et hostiles au régime syrien.

 

Aux abords de la rue séparant les sunnites de Bab el-Tebbaneh des alaouites de Jabal Mohsen - qui porte ironiquement le nom de "rue de la Syrie" - les nerfs sont à fleur de peau après des violences qui ont fait deux morts et une trentaine de blessés depuis vendredi.

 

"Je ne m'y connais pas en politique, mais les partisans de Damas au Liban veulent soulager le régime syrien, c'est pour cela qu'ils créent des problèmes ici", affirme Zeinab, 55 ans, qui a dû quitter avec ses cinq enfants sa maison touchée par les tirs.

 

Dans ces quartiers sensibles de la ville côtière à majorité sunnite, les violences sont fréquentes entre sunnites hostiles au régime syrien et alaouites (branche du chiisme dont est issu le président syrien Bachar el-Assad), loyaux au Hezbollah chiite, allié libanais de Téhéran et de Damas.

 

Mais la révolte entamée il y a près de 11 mois contre le régime de M. Assad a ravivé les tensions, et beaucoup craignent des règlements de compte à caractère confessionnel qui rappelleraient les années noires de la guerre civile (1975-1990).

 

"Récemment, on commence à craindre pour nos vies, d'autant plus que les choses commencent à prendre une tournure confessionnelle", assure Khaled el-Ali, un chauffeur de taxi alaouite de 35 ans.

 

Chaque partie accuse l'autre de provocation. "Depuis le début de la crise en Syrie, on est traité comme des étrangers, ils nous provoquent jour et nuit en faisant des défilés anti-alaouites", souligne Khaled el-Ali. "Les imams des mosquées haranguent les sunnites contre nous, nous recevons des menaces nuit et jour pour nous dire que nous allons être expulsés de Tripoli si le régime tombe en Syrie", s'indigne-t-il.

 

Mais pour un résident sunnite s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, la réalité est bien différente. "Ils nous provoquent tout le temps en montrant des portraits de Bachar el-Assad", affirme-t-il, assurant n'être pas contre ses compatriotes "parce qu'ils sont alaouites". "Ils ne sont pas seulement partisans du régime syrien, ils participent également à la répression avec les +chabbiha+ (milices civiles du régime) en Syrie, où ils tuent femmes et enfants", dit-il. "Ils se détruisent eux-mêmes car ce régime va disparaître".

 

La révolte en Syrie, pays à majorité sunnite mais gouverné depuis 40 ans par le clan Assad issu de la minorité alaouite, fait craindre depuis plusieurs mois un débordement de la crise au Liban, pays miné par les dissensions religieuses.

Et c'est bien le spectre de la guerre qui vient hanter ces quartiers populaires de misère.

 

"Depuis hier, mes enfants sont dans un état d'hystérie", affirme Adel Sbeih, un sunnite de 50 ans dont la femme et les trois enfants ont échappé "par miracle" à la mort lorsque deux roquettes ont dévasté leur appartement.

 

"A chaque fois, nous quittons nos maisons en raison de ces règlements de compte politiques", se lamente Mohammad Khaldiyé, un alaouite de 40 ans. "Je me fiche de ce qui se passe en Syrie, je veux vivre en paix avec mes voisins, dans ma ville", dit-il.

"Je paye le prix d'une guerre qui n'est pas la mienne", affirme Zeinab Yaghi, une sunnite de Tripoli. Les habitants de la "capitale" du Liban-nord redoutent une escalade après les affrontements confessionnels entre quartiers favorables et hostiles au régime syrien.
 
Aux abords de la rue séparant les sunnites de Bab el-Tebbaneh des alaouites de Jabal Mohsen - qui porte ironiquement...

commentaires (1)

Tripoli ou une mini scène syrienne qui risque aussi de vivre aussi une guerre civile , et une crise de réfugiés et déplacés comme en 1980 Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

09 h 09, le 12 février 2012

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Commentaires (1)

  • Tripoli ou une mini scène syrienne qui risque aussi de vivre aussi une guerre civile , et une crise de réfugiés et déplacés comme en 1980 Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 09, le 12 février 2012

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