Le président Assad "semble nier énergiquement toute responsabilité (...) quant au rôle de ses propres forces" dans les violences, a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland, quelques heures après le discours du président syrien, dans lequel ce dernier a estimé mardi que son pays faisait l'objet d'un "complot étranger" et a promis d'y répondre.
Le Conseil national syrien (CNS, opposition) a quant à lui dénoncé une "incitation à la violence". "Il y a de l'incitation à la violence, de l'incitation à la guerre civile, des propos sur la division confessionnelle que le régime a lui-même fomentée et encouragée", a déclaré lors d'une conférence de presse Bassma Qodmani, membre du CNS, qui regroupe la plupart des courants de l'opposition. "Notre inquiétude aujourd'hui, c'est qu'un tel discours est assez indicatif du total rejet par le régime de la communauté internationale (...) Et c'est une indication que nous allons vers un comportement encore plus criminel et plus irresponsable du régime dans les jours et les mois à venir", a-t-elle affirmé.
Cette condamnation a été également reprise sur le plan international par Paris. L'allocution du chef de l'Etat syrien "est un discours aux antipodes de ce que l'on pouvait attendre". "Il incite à la violence et à la confrontation entre les parties. C'est une sorte de déni de réalité", a déclaré le chef de la diplomatie française Alain Juppé, au cours d'une conférence de presse à Paris. "La France condamne très vigoureusement les actes de violence contre les observateurs de la Ligue arabe. Il est de la responsabilité des autorités syriennes de protéger ces observateurs", a par ailleurs indiqué M. Juppé.
Bachar el-Assad a déclaré, aujourd'hui en fin de matinée, que "la victoire est proche si les Syriens restent loyaux à leur pays et à leur cause". "Je ne suis pas de ceux qui abandonnent leurs responsabilités", a-t-il assuré dans un discours retransmis par la télévision syrienne. "Le poste est sans valeur sans le soutien du peuple", a ajouté Bachar el-Assad qui a succédé à son père en 2000, alors que de nombreux pays appellent à son départ.
S'exprimant en public pour la première fois depuis juin dernier, le président syrien a imputé le soulèvement auquel il est confronté depuis mars 2011 à un "complot étranger". "Ce qui se passe aujourd'hui en Syrie avait été préparé pour la région depuis des décennies. Mais leur rêve tournera au cauchemar. Nous n'allons pas permettre la défaite de la Syrie qui signifiera la chute de la région entière" a-t-il dit dans cette quatrième intervention télévisée depuis le début de la révolte.
"Les parties régionales et internationales qui ont cherché à déstabiliser la Syrie ne peuvent plus falsifier les faits et les évènements", a-t-il insisté dans ce discours d'une heure quarante cinq retransmis par la télévision syrienne.
M. Assad a accusé notamment "les médias internationaux de tenter sans relâche de pousser la Syrie à l'effondrement, ils ont échoué mais ne désespèrent pas" à le faire. "Ils ont voulu atteindre le chef (de la Syrie) en falsifiant mon interview avec la chaîne américaine" ABC, a-t-il ajouté. Début décembre, la Syrie avait déjà accusé cette chaîne d'avoir "délibérément" déformé les propos du président dans sa présentation d'un entretien Bachar el-Assad, pour présenter la Syrie sous un jour négatif. Dans cet entretien, M. Assad avait nié toute responsabilité dans la mort de milliers de manifestants en Syrie, assurant que seul "un fou" pourrait donner l'ordre de tirer sur son peuple.
Bachar el-Assad a également déclaré que la Syrie ne "fermera(it) pas la porte" à une solution arabe pour mettre fin à 10 mois de crise dans son pays, tant qu'elle "respecte la souveraineté de la Syrie".
Une mission d'observateurs de la Ligue arabe est en Syrie depuis le 26 décembre pour rendre compte de la situation.
La Ligue arabe s'est prononcée dimanche pour la poursuite et le renforcement de cette mission, cible de vives critiques l'accusant d'inefficacité face à une crise qui a encore fait des dizaines de morts ces derniers jours
Le président a toutefois longuement critiqué la Ligue arabe, qui a décidé, en novembre dernier, de suspendre la Syrie. "La suspension de la Syrie de la Ligue arabe ne nous inquiète pas", a déclaré M. Assad, ajoutant que "suspendre la Syrie de la Ligue signifie suspendre l’arabisme de la Ligue". "Ligue arabe s’est-elle opposée à Israël ? La Ligue arabe est-elle intervenue pour empêcher la division du Soudan ?", a-t-il demandé.
"Nous sommes devenus plus libre dans notre pratique de l’arabisme depuis que notre participation à la Ligue a été suspendue", a-t-il assuré, ajoutant que l’organisation panarabe a "directement contribué à agrandir les divisions entre les Syriens". "Les pays arabes qui nous donnent des conseils sur la démocratie ne connaissent pas cette démocratie", a-t-il poursuivi.
Bachar el-Assad a également assuré mardi qu'aucun ordre n'avait été donné de tirer sur la population en Syrie. "Personne ne peut se couvrir. Il n'y a aucun ordre donné à quiconque d'ouvrir le feu sur le moindre citoyen", a-t-il assuré. Selon une estimation de l'ONU, plus de 5.000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte à la mi-mars.
Évoquant le dossier des réformes en Syrie, le président Assad a assuré que "les réformes internes ne peuvent être abordées indépendamment de la situation sur le terrain". "Aujourd'hui, il est question de réformes au niveau politique mais il est aussi question de terrorisme", a déclaré M. Assad. Et de poursuivre : "Il y a une grande différence entre ceux qui prétendent vouloir réformer pour saboter et ceux qui veulent vraiment réformer". Le président syrien a par ailleurs demandé : "Si nous nous engageons aujourd'hui dans les réformes, les ingérences dans les affaires syriennes vont-elles s'arrêter?"
Il a ajouté qu'un référendum sur une nouvelle Constitution devrait avoir lieu au début du mois de mars. Le président syrien s'est dit par ailleurs favorable à l'idée d'inclure "toutes les forces politiques" au sein du gouvernement. "Nous voulons une opposition nationale en Syrie, pas une opposition qui reçoit ses ordres de l'extérieur", a-t-il cependant ajouté. Et d'assurer : "Nous sommes prêts à entamer dès demain un dialogue national, mais l’opposition ne l'est pas."
Le président a encore déclaré que la priorité en Syrie était le rétablissement de l'ordre et que l'on ne pouvait y parvenir qu'en frappant "les terroristes d'une main de fer". "Il n'y a aucune tolérance pour le terrorisme ni pour ceux qui utilisent des armes pour tuer", a-t-il assuré. M. Assad a toutefois ajouté qu'"une fois le terrorisme défait, nous ne nous vengerons pas". "La vengeance détruit la nation, seul le pardon la bâtit", a déclaré le président syrien.
Lire aussi : La Syrie tente de rassurer la Ligue arabe sur la sécurité des observateurs.
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commentaires (9)
Petite question siouplé, est-ce que ces criminels mondiaux patentés et seuls utilisateurs de l'armes atomique, ceux qui fourni les armes chimiques, ceux qui ont créé Ben Laden, peuvent-ils ou ont-ils le droit "d'accuser" un homme aussi intègre comme le président Assad??? Qu'ils aillent chercher ailleurs si il y est!
Ali Farhat
06 h 39, le 11 janvier 2012