À Jbeil, une triangulaire et une bataille qui s’annonce féroce

Jbeil vit ces jours-ci au rythme des élections. Étant jusqu'à présent la seule circonscription où l'affrontement sera triangulaire, la bataille s'y annonce féroce. D'une part, la liste du Changement et de la réforme poursuit sa campagne dans les villages, alors que la liste de « La décision indépendante de Jbeil » multiplie les meetings et les rencontres politiques, et que le candidat du 14 Mars Farès Souhaid allié au candidat chiite Mahmoud Awad cherche à son tour à mobiliser les électeurs en se basant sur son choix clair, le seul en mesure d'affronter l'axe Aoun-Hezbollah.
Dans le cadre de ses contacts électoraux, Farès Souhaid s'est d'ailleurs rendu hier à Meerab pour un entretien avec le chef des FL Samir Geagea. Il a précisé que la liste du 14 Mars au Kesrouan était imminente, saluant au passage « le rôle constructif » du chef des FL dans la formation des listes. Souhaid a rappelé que son camp mène une bataille essentiellement politique, même si elle revêt parfois des apparences familiales ou si elle reflète certains équilibres régionaux. Il a aussi insisté sur la solidité de l'Alliance du 14 Mars.
Au cours d'un dîner donné par le candidat Mahmoud Awad, M. Souhaid a encore salué « le courage de ce candidat qui a osé défier les veto et surmonter les menaces dont il a fait l'objet » en s'alliant à lui, prouvant ainsi que la coexistence reste une priorité. « Par son courage, il a aussi montré que le conflit avec le Hezbollah n'est pas dirigé contre une communauté, mais qu'il reste politique », a ajouté Souhaid.
De leur côté, les candidats du Changement et de la réforme ont rappelé qu'avec le retour d'exil du général Aoun, une nouvelle page s'était ouverte dans le pays et qu'un nouvel espoir de changement était né. Le candidat Simon Abi Ramia a précisé que l'appel à une IIIe République « n'est pas un coup d'État ou une entreprise révolutionnaire ». Il s'agit simplement, selon lui, d'une « démarche visant à redonner un poids aux chrétiens ». Le député Abbas Hachem a, quant à lui, insisté sur le fait que la « vision du général Aoun a montré sa justesse puisque les développements lui ont donné raison ». Quant au député Walid Khoury, il a affirmé que son bloc vise à construire un État fort et à transformer le Liban en pays à l'économie productrice, où le citoyen jouit de droits et a des devoirs, où l'État est respecté et ses institutions placées au service des citoyens.
Enfin, les candidats de la décision indépendante (Nazem Khoury, Émile Naufal et Moustapha Husseini), qui s'inscrivent dans le centre allié au président de la République, ont multiplié hier les discours pour affirmer que le président Sleiman ne se mêle pas des élections. Nazem Khoury a estimé que le fait de vouloir entraîner le président dans les élections vise à le discréditer et à lui ôter son caractère consensuel pour ensuite réclamer son départ. Pour Émile Naufal, les critiques adressées au chef de l'État sont destinées à l'affaiblir et à l'empêcher de réaliser son projet de réformes. Quant au candidat Moustapha Husseini, il a estimé qu'il était nécessaire de revenir aux dispositions de l'accord de Taëf, rappelant que l'existence d'un bloc centriste est indispensable pour réduire le clivage actuel et débloquer le fonctionnement des institutions. Les trois candidats se sont aussi rendus chez le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel-Amir Kabalan.