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Actualités - OPINION

Ingérence et non-ingérence

Depuis la résolution 1701 votée par le Conseil de sécurité le 11 août 2006, la situation au Liban ne fait que régresser. Évidemment, nous sommes tous responsables, même si certains, en bloquant des points stratégiques de la capitale, le sont un peu plus que d’autres. Je n’aborderais pas ici les idées politiques qui font débat et qui restent, pour le moment, sans véritable issue bien que deux ou trois de nos politiciens en herbe s’évertuent à faire preuve de bonne volonté en jouant (mal !) les conciliateurs. Si j’ai décidé de revenir à la période de l’été 2006, le fameux été noir, c’est parce qu’à l’époque, alors que la France (à qui on doit une fière chandelle) a tout fait pour rétablir la paix, certains l’ont taxée d’ingérence voire même de vouloir nous faire revenir à l’époque du mandat. C’était aller trop loin dans les analyses loufoques auxquelles personne n’a accordé d’importance. Maintenant, l’ingérence est de nouveau mise au goût du jour avec la présence indirecte de l’Iran sur nos terres. Il est aussi étrange que les mêmes personnes qui taxaient la France de puissance qui se mêle des affaires internes du Liban sont en train de dire que l’Iran est un pays ami et que ses pensées sont loin d’être malsaines à notre égard. Libre à elles ! Nous sommes dans un pays où, après tout, devrait régner la liberté de pensée et de parole (ce n’est pas toujours le cas, mais on va supposer que ça l’est). Pour revenir à ce fameux principe d’ingérence dont se prévalent les uns et les autres, il est bon de noter que la déclaration sur l’inadmissibilité de l’intervention et de l’ingérence dans les affaires intérieures des États (votée par l’ONU le 9/12/1981) précise dans son introduction : « Considérant que le respect intégral du principe de la non-intervention et de la non-ingérence dans les affaires intérieures et extérieures des États est de la plus haute importance pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales (...) ». Si on se maintient à ce principe de non-ingérence, appliqué à la guerre de 2006, la France, si mes souvenirs sont bons, a voulu, en premier lieu, instituer un couloir humanitaire pour les réfugiés et assurer le rapatriement de ses ressortissants. Or, avant même que la résolution 1701 ne soit votée, instituer ce couloir paraissait primordial. Et il est dans la nature des choses et dans toute guerre, peu importe le genre de guerre, qu’un tel couloir existe pour permettre à la Croix-Rouge d’exercer ses bons offices. Or il a été admis internationalement que les travaux pacifiques de la Croix-Rouge ne constituent nullement une ingérence. D’autre part, les efforts de la France pour mettre fin au conflit n’ont rien d’une ingérence puisqu’elle agissait au nom de la communauté internationale. Elle n’était pas là pour imposer quoi que ce soit au Liban, mais juste pour aider à mettre un terme à une situation qui menaçait la paix et la sécurité internationales. Si, par contre, nous prenons le cas de l’Iran, son ingérence est indirecte mais certaine. D’abord il a été prouvé qu’il fournit armes et munitions au Hezbollah sans l’accord des autorités libanaises et qu’il bloque certaines institutions par l’intermédiaire des députés de ce parti et de ses ministres. N’oublions pas que le Hezbollah est une formation pro-iranienne et que son principal bailleur de fonds est l’Iran. Évidemment, si ces fonds étaient réutilisés pour le bien public de tous les Libanais, je crois que personne n’y verrait d’inconvénient, mais je doute qu’ils soient utilisés dans des intentions aussi honorables. Un autre cas de figure se présente aussi. Si nous revenons sur la déclaration précitée, elle dispose qu’il est imposé aux États le devoir de s’abstenir d’organiser, de former, de financer et d’armer des groupes politiques et ethniques sur son territoire ou ceux d’autres États dans le but de provoquer la subversion, le désordre ou des troubles dans d’autres pays (partie II alinéa N). L’article est assez clair et je ne pense pas qu’il nécessite beaucoup de commentaires. Il est de notoriété commune que l’Iran finance et arme le Hezbollah, sinon totalement, du moins en grande partie. Donc il est clair que l’ingérence de l’Iran est flagrante puisqu’il permet au Hezbollah de survivre. Au vu de cette déclaration et de ces articles, nous sommes en mesure de comprendre en quoi consiste l’ingérence. Il est rare qu’un État se mêle des affaires d’un autre État à moins de conflit vraiment international (comme ce fut le cas avec l’entrée de l’armée éthiopienne en Somalie, il y a quelques mois). Il s’agit là juste d’une analyse des faits actuels appliquée au droit international. Ce sont juste des faits vécus et revus d’un autre œil. Jean-Paul MOUBARAK Juriste
Depuis la résolution 1701 votée par le Conseil de sécurité le 11 août 2006, la situation au Liban ne fait que régresser. Évidemment, nous sommes tous responsables, même si certains, en bloquant des points stratégiques de la capitale, le sont un peu plus que d’autres. Je n’aborderais pas ici les idées politiques qui font débat et qui restent, pour le moment, sans véritable issue...