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Actualités - OPINION

La force des idées Jean-Paul MOUBARAK

Les histoires tragiques n’arrivent qu’aux grands personnages qui ont fait ce monde. Même si on a tendance à dire que l’histoire se répète, la vérité est qu’elle est faite pour immortaliser les hommes qui ont une certaine envergure et une aura considérable. Cheikh Pierre Gemayel est mort, tué sauvagement, tué lâchement, mort pour ses idées, mort pour un Liban qu’il voulait protéger, qu’il voulait souverain, libre et indépendant de toute emprise étrangère. Ministre des libertés, il en était un farouche défenseur. Qui dit liberté, dit sérénité et paix. Or comment vivre dans cette paix sans une totale indépendance ? Comment aimer son pays sans réclamer sa pleine souveraineté, sans clamer de vive voix que tout Libanais y a un droit inaliénable ? Pierre Gemayel avait conscience de tout cela, une conscience claire, qui a éveillé beaucoup de Libanais et les a mis face à leurs devoirs et à leurs responsabilités. Porteur du flambeau d’une jeunesse désabusée, espoir d’une jeunesse déçue, cheikh Pierre caractérisait le souffle de toute une génération, l’envie de vivre librement de tous ceux dont les voix ne se faisaient pas entendre et de tout ceux qui n’étaient pas entendus. Il est tombé, victime malheureuse d’une nation qui n’est pas aussi innocente que certains osent le prétendre. Il créait la tentation de la vraie lutte et refusait catégoriquement que nous, Libanais, soyons (ou redevenions) les vassaux des autres. Il a toujours refusé cet asservissement qui nous a avilis toutes ces années, cette triste période au cours de laquelle certains d’entre nous perdirent jusqu’au sens de l’honneur et la notion véritable d’une nation libre, indépendante et souveraine. Il avait pleinement raison ! Comment prétendre qu’il avait tort quand il nous mettait face à des réalités cruelles ? Il vivait ces réalités et voulait absolument nous transmettre ses craintes et ses ambitions. Ses paroles, parfois dures, étaient dotées d’un réel bon sens et d’une sincérité sans équivoque. Cheikh Pierre parlait avec son cœur car il croyait à ce qu’il disait ; il était fier de ses idées et d’une fidélité incontestable à ses pensées. Il était l’archétype de l’homme d’honneur et de courage. Nier que son absence laissera un vide immense au sein de la vie politique serait se mentir à soi-même. Oui, il laissera un vide, mais un vide uniquement physique car son esprit et sa lucidité resteront en nous, de même que ses idées, renforcées de par, précisément, son absence. La jeunesse libanaise devra retrouver la vraie voie, celle de la rectitude. Les idées de Pierre Gemayel, les nôtres aussi, n’étaient certes pas novatrices (sauf pour certains qui semblent en avoir oublié le sens...), mais elles demeurent ancrées dans nos consciences depuis bien longtemps et il nous fallait une voix pour nous éveiller de notre léthargie. Cette voix, c’était la sienne. Il y eut avant lui, hélas, beaucoup d’autres victimes qui avaient sacralisé les préceptes qu’il prêchait mais lui, il leur avait insufflé toute la vigueur de sa jeunesse, ce qui leur donnait un renouveau considérable et une toute autre approche, l’approche d’un homme qui espérait de tout son cœur avoir un Liban dont il serait fier, un Liban qui n’aurait pas besoin de tutelles ou d’alliances malsaines. Il symbolisait le changement ; il avait la force de ses idées, comme tant d’autres avant lui. On l’a tué pour ça. Une fois de plus, une voix vitale et essentielle au Liban s’est tue. Maintenant, il est temps de penser juste, de penser droit, comme ils nous l’ont appris. Cheikh Pierre, tu nous manqueras ! Article paru le Mardi 19 Décembre
Les histoires tragiques n’arrivent qu’aux grands personnages qui ont fait ce monde. Même si on a tendance à dire que l’histoire se répète, la vérité est qu’elle est faite pour immortaliser les hommes qui ont une certaine envergure et une aura considérable. Cheikh Pierre Gemayel est mort, tué sauvagement, tué lâchement, mort pour ses idées, mort pour un Liban qu’il voulait...