États-Unis - L’auteur de l’attentat d’Oklahoma City sera exécuté aujourd’hui - Timothy McVeigh dans l’antichambre de la mort

L’auteur de l’attentat d’Oklahoma City, Timothy McVeigh, a été transféré hier dimanche à l’aube dans l’antichambre du sas où il doit être exécuté par injection aujourd’hui matin, a indiqué un porte-parole du Bureau fédéral des prisons à Terre haute (Indiana). «McVeigh a été transféré à 04h27 heure locale (09h27 GMT) dans le bâtiment où il doit être exécuté», lundi à 7h00 heure locale (12h00 GMT), a indiqué Neil Robinson. Il ne reste désormais que 24 heures à vivre à McVeigh, responsable de la mort de 168 personnes en 1995 à Oklahoma City, dans le pire attentat terroriste jamais commis aux États-Unis. Les quelques dizaines de mètres qui séparent le «couloir de la mort» de la «chambre de la mort» ont été effectués dans une camionnette de la prison, sous bonne escorte, a précisé le porte-parole. Condamné à mort en juin 1997, McVeigh se trouvait depuis deux ans dans le «couloir de la mort» (Death Row) du pénitentier fédéral de Terre haute. Il passera désormais ses dernières heures dans la «chambre de la mort» (Death Chamber). Cette minuscule cellule, située dans un petit édifice en briques rouges à l’écart du bâtiment principal du pénitentier, dispose d’un lit, d’un banc et d’un petit poste de télévision noir et blanc. Les contacts que McVeigh peut avoir avec le monde extérieur sont également plus sévèrement réglementés. C’est là que se trouvent également le sas d’exécution et les différentes pièces destinées à accueillir les témoins qui vont assister à l’exécution. Parmi eux, figurent dix survivants ou proches des victimes de l’attentat qui seront acheminés dimanche depuis Oklahoma City jusqu’à Terre haute dans un avion gouvernemental, a indiqué le BOP. Le rituel de l’exécution est réglé comme une horloge. Après son transfert dans la «cellule d’attente», visites et coups de téléphones seront limités et aucun contact physique ne sera permis à McVeigh durant ses dernières 24 heures. Deux heures avant l’exécution, les derniers visiteurs seront priés de quitter la prison. McVeigh sera alors fouillé et changera de vêtements. Menotté, il sera escorté jusqu’au sas d’exécution. Là, lundi à 07h00 du matin lui seront injectés en intraveineuse dans le bras trois produits «en quantité suffisante», selon le règlement des prisons, «pour provoquer la mort» : sodium penthotal (évanouissant), pancuronium bromide (bloquage de la respiration), et potassium chloride (arrêt cardiaque). Un tourbillon médiatique De l’autre côté des barbelés du pénitentier, Terre haute (60 000 habitants) était en proie à un véritable tourbillon médiatique et un afflux sans précédent de plusieurs dizaines de milliers de curieux, selon les estimations de la police locale. Quelque 1 700 journalistes continuaient de s’installer sous des tentes spécialement dressées pour l’occasion sur la pelouse s’étalant devant le pénitentier, dans un enchevêtrement de câbles et d’antennes satellitaires. «Les préparatifs avancent selon les plans. Nous serons prêts à temps pour l’exécution», a indiqué une porte-parole du Bureau fédéral des prisons (BOP), à Terre haute. La procédure, détaillée dans un livret de 54 pages, a été minutieusement répétée des dizaines de fois depuis l’arrivée de McVeigh dans cette prison, deux ans plus tôt. Les autorités se montrent peu disposées à évoquer les dernières heures de McVeigh, ni même à communiquer la composition de son dernier repas. Le directeur de la prison, Harley Lapin, s’est contenté de confier à la presse que le détenu était «très calme et coopérait avec nous en permanence». Un de ses avocats, Richard Burr, a affirmé sur CNN qu’il devait «probablement écrire des lettres à des gens. Il fait certainement ce qu’il faut pour être prêt d’un point de vue psychologique et émotionnel pour traverser cela», a-t-il ajouté. Quelque trois cents personnes, des survivants ou des proches des victimes, vont assister à l’exécution depuis Oklahoma City, grâce à la retransmission de l’événement en circuit télévisé fermé. Des centaines d’agents de police ont été déployés aux abords de la prison et dans la région par crainte d’un acte terroriste que pourrait perpétrer un sympathisant de McVeigh. Toutes les écoles et les bâtiments fédéraux ont été fermés. Enfin, des centaines de manifestants sont attendus à Terre haute, dont des opposants et des partisans de la peine de mort aux États-Unis. À Oklahoma City, des milliers de personnes se sont rendues au mémorial élevé sur les lieux de l’attentat, et ont visité le musée rappelant la tragédie. Par ailleurs, un tribunal a rejeté vendredi soir une requête pour que l’exécution soit filmée en vidéo. McVeigh, ancien militaire de 33 ans médaillé de la guerre du Golfe, a perpétré le 19 avril 1995 le pire attentat terroriste jamais commis sur le sol américain en faisant exploser un camion piégé devant un bâtiment fédéral, au centre-ville, provoquant la mort de 168 personnes, et blessant quelque 600 personnes. Condamné à mort le 13 juin 1997, il devait être exécuté initialement le 16 mai. Mais cinq jours avant son exécution, le FBI annonçait la découverte de milliers de pages ayant trait à l’enquête qui n’avaient pas été remises à la défense avant le procès. L’Attorney General John Ashcroft était alors contraint de repousser l’exécution au 11 juin. La demande d’un nouveau sursis, adressée par McVeigh à une cour fédérale, à Denver (Colorado), s’est ensuite heurtée à un refus catégorique, confirmé en appel, du juge Richard Matsch, celui-là même qui avait condamné à mort McVeigh.