PRESSE - Dénoncer la négation d’un sexe par l’autre - Une femme invisible - en couverture de « Elle »

Une femme invisible – parce que masquée par son tchadri grillagé – fait pour la première fois la une du magazine Elle à l’occasion d’un numéro exceptionnel sur l’Afghanistan intitulé Refusons l’indifférence. L’hebdomadaire féminin consacre 18 pages au «martyre des Afghanes» à travers une «enquête sur une dictature antifemmes» appuyée par des reportages et des témoignages. Le magazine a interrogé également le commandant Massoud, chef de l’opposition militaire au régime afghan, mais aussi le Premier ministre français Lionel Jospin, la présidente du Parlement européen Nicole Fontaine et d’autres personnalités sur cette question. Le socialiste Lionel Jospin parle d’«injustice permanente et d’une préoccupation qu’il y a lieu de rappeler à chaque occasion». «Tant que la paix ne sera pas revenue dans le pays, les femmes afghanes resteront à la merci d’un pouvoir qui s’est imposé par la force», ajoute le Premier ministre pour qui «une véritable solution politique permettra seule que les chefs de guerre se tournent vers les défis de la paix et que la voix des femmes soit enfin écoutée». De son côté, le commandant Massoud raconte que ses filles étudient et que «ce sont elles qui choisiront si elles veulent poursuivre ou non une carrière professionnelle». Le chef de l’opposition rappelle également que «les gouvernements afghans successifs ont insisté sur la scolarisation des filles jusqu’en 1996». Il estime pour sa part qu’«aucun pays ne peut progresser (...) s’il continue à exclure la moitié de la population de toute participation à la vie publique». Interrogée par l’AFP sur ce numéro spécial, Marie-Françoise Colombani, la rédactrice en chef de Elle, explique que la rédaction du journal a été «indignée par l’unanimité des réactions internationales et médiatiques concernant la destruction des bouddhas géants de Bamiyan alors qu’il n’y a jamais eu une telle unanimité à propos de la condition des femmes afghanes». «Ce qui nous choque surtout, c’est la négation d’un sexe par l’autre», poursuit l’éditorialiste en rappelant que depuis sa création en 1945, le magazine a épousé les grands combats. Plus récemment, Elle a consacré un dossier spécial aux femmes algériennes ou encore bosniaques. Le magazine «ne s’arrêtera pas là», prévient enfin l’éditorialiste qui croit «beaucoup au lobbying des femmes».