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Actualités - CHRONOLOGIE

Tourisme - Le danger vient des visiteurs autant que de l'érosion Menace sur Pétra (photos)

L’érosion menace les monumentales tombes nabatéennes taillées dans le roc du fameux site de Pétra, selon des experts qui montrent du doigt les conditions climatiques mais aussi le nombre croissant de touristes. Huit sur dix des façades funéraires admirablement ciselées dans des falaises de grès rose, que le film Indiana Jones a contribué à faire connaître au grand public, sont érodées au point d’être méconnaissables, selon le minéralogiste allemand Helge Fischer. Des siècles de vents et de pluies les ont rendues friables et la dégradation va s’accélérer, a-t-il averti, un avis que ne partagent pas certains archéologues. «Le fait que certains monuments soient dans un état relativement présentable après quelque 2 000 ans n’est pas une garantie qu’ils survivront beaucoup plus longtemps», affirme M. Fischer, qui dirige un projet financé par l’Allemagne en vue de sauver les tombes les plus endommagées d’une aggravation du phénomène d’érosion. Le bon état de conservation du Khazneh, la plus célèbre et la mieux protégée des façades du site, masque le fait que d’autres, moins bien abritées, n’ont pas si bien résisté à l’usure du temps. Mais les éléments naturels n’expliquent pas tout. Pour M. Tom Paradise, de l’Université de Hawaii, la principale menace de l’ancienne capitale des Nabatéens, datant du 6e siècle avant JC, point de passage pour les caravanes entre la péninsule arabique et l’Empire romain, c’est le nombre croissant de touristes. De plus en plus fou «Le tourisme au Moyen-Orient va devenir de plus en plus fou», assure ce professeur de géologie qui effectue des recherches sur l’influence humaine sur le site, dans le sud de la Jordanie. En moins de dix ans, le nombre de touristes visitant Pétra a été multiplié par trois, passant de 100 000 en 1990 à 350 000 en 1998. Une des études de M. Paradise est particulièrement préoccupante pour l’amphithéâtre romain qui souffre des allées et venues des touristes qui y déambulent librement. En 1990, des marques de tailleurs de pierres étaient encore visibles dans au moins 20 % de l’amphithéâtre, contre 5% seulement aujourd’hui. «Dans 50 ou 100 ans, je peux imaginer que les sièges de pierres perdront leur forme et le théâtre prendra la forme d’un cône, particulièrement si les projections chiffrées sur la fréquentation touristique se vérifient», a indiqué M. Paradise. Une autre étude sur les effets de la respiration et de la transpiration des visiteurs à l’intérieur des tombes montre qu’ils sont responsables d’une forte augmentation des niveaux d’humidité corrosive. «À l’extérieur où le temps est plus sec, la pierre est encore en bonne condition mais à l’intérieur tous ces merveilleux petits frontons, vous ne pouvez même pas les identifier», s’offusque M. Paradise. «Tout cela est en train de pourrir et tout simplement de disparaître, et cela nous inquiète au plus haut point», ajoute-t-il. Comme rien n’est fait pour réguler le flot de visiteurs, le problème va s’aggraver, redoute-t-il. Le ministre du Tourisme Akel Baltaji reconnaît les dangers d’érosion des splendeurs archéologiques de Pétra, mais insiste que tout est fait pour les combattre. Des travaux en cours, dont un projet suisse, destinés à prévenir des crues subites, vont «prolonger la durée de vie» des monuments, a déclaré le ministre. Un projet jordano-allemand prévoit la création d’un centre indépendant de conservation de Pétra et doit être opérationnel en 2003. Mais dans l’intervalle, alors que le temps et les touristes poursuivent leur travail de sape, la Jordanie doit trouver un équilibre entre le tourisme et la préservation de son trésor archéologique.
L’érosion menace les monumentales tombes nabatéennes taillées dans le roc du fameux site de Pétra, selon des experts qui montrent du doigt les conditions climatiques mais aussi le nombre croissant de touristes. Huit sur dix des façades funéraires admirablement ciselées dans des falaises de grès rose, que le film Indiana Jones a contribué à faire connaître au grand public, sont...