Les généraux israéliens veulent une trêve à Gaza pour faire souffler leur armée, rapporte le « NYT »

Les généraux de l’armée israélienne souhaitent qu’un cessez-le-feu soit instauré à Gaza « même si cela permet au Hamas de rester au pouvoir pour le moment », a écrit aujourd’hui le New York Times en citant six responsables actuels ou anciens des services de sécurité, anonymes pour la plupart. Une position diamétralement opposée à celle du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui rejette l’idée d’une trêve et a juré à plusieurs reprises de « détruire » le mouvement palestinien.

Selon le quotidien, ces généraux estiment qu'une trêve serait le moyen le plus rapide de libérer les 120 otages encore prisonniers – vivants ou morts – dans l’enclave. Ils pensent que l’armée israélienne a « besoin de temps pour récupérer » et se réapprovisionner en munitions et en pièces de rechange en prévision d’une guerre de plus grande envergure contre le Hezbollah. Les échanges de tirs sont quotidiens à la frontière entre le parti chiite et Israël depuis le 8 octobre dernier, au lendemain du début de la guerre de Gaza entre le Hamas et l’État hébreu. Le NYT rappelle que le Hezbollah a déclaré qu’il ne comptait pas mettre fin à ses opérations contre le territoire israélien tant que le conflit se poursuivait à Gaza.

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Dépendance aux réservistes

Près de neuf mois après le début d'une guerre qu'Israël n'avait pas prévue, son armée manque de pièces détachées, de munitions, de motivation et même de troupes, ont confié les responsables au New York Times. Le quotidien souligne que cette guerre est le conflit le plus intense qu'Israël ait connu depuis au moins 40 ans », et que son armée « dépend largement des réservistes », dont certains « en sont à leur troisième tour de service depuis octobre ».

Le journal explique aussi que la direction militaire israélienne, connue sous le nom de Forum de l'état-major général, est composée d'une trentaine de généraux de haut rang, dont le chef d'état-major, le général de corps d'armée Herzi Halevi, les commandants de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine, ainsi que le chef des services de renseignement militaire. Il ajoute que la position exprimée par les généraux « reflète un changement majeur dans leur façon de penser au cours des derniers mois, alors qu'il devenait de plus en plus clair que Benjamin Netanyahu refusait de s'engager dans un plan d'après-guerre ».

« Benjamin Netanyahu n'étant pas disposé publiquement à s'engager à occuper Gaza ou à transférer le contrôle à d'autres dirigeants palestiniens, l'armée craint une « guerre éternelle » dans laquelle son énergie et ses munitions s'éroderaient progressivement, alors même que les otages resteraient en captivité et que les dirigeants du Hamas seraient toujours en liberté », poursuit le quotidien new-yorkais.

« Cette décision a essentiellement créé un vide de pouvoir dans l'enclave qui a forcé l'armée à retourner se battre dans des parties de Gaza qu'elle avait déjà débarrassées des combattants du Hamas », analyse le NYT. Le journal n'est pas en mesure de préciser comment les dirigeants militaires avaient exprimé en privé leur point de vue au Premier ministre, mais juge que la « frustration en public » est palpable d’un côté comme de l’autre.

Face à ce scénario, maintenir le Hamas au pouvoir pour l'instant en échange de la restitution des otages semble être l'option la moins pire pour Israël, a déclaré un responsable militaire, cité par le New York Times. Quatre hauts fonctionnaires s'exprimant sous le couvert de l'anonymat ont abondé dans le même sens.