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Culture - Festival

Aux Rencontres photo d’Arles, une ode à la diversité du monde

Les Rencontres de la photographie d’Arles (sud de la France) plongent « sous la surface » cet été pour dévoiler des vies souvent invisibles et célébrer la diversité du monde, comme avec la première rétrospective mondiale de la portraitiste américaine Mary Ellen Mark.

Aux Rencontres photo d’Arles, une ode à la diversité du monde

Des visiteurs passent devant des photographies de la Française Marine Lanier dans le cadre de l'exposition « Le jardin d'Hannibal », le jour de l’ouverture du festival de photographie Les Rencontres d'Arles dans le sud de la France, le 1er juillet 2024. Nicolas Tucat/AFP

« Aller sous la surface, c’est aussi aller au-delà des clichés », souligne Christoph Wiesner, directeur de ce festival de photographie, un des plus réputés au monde, qui se tient dans 27 lieux de cette ville provençale au riche passé romain, depuis lundi 1er juillet et jusqu’au 29 septembre.

En ces temps de repli identitaire dans de nombreux pays, les artistes invités amènent les visiteurs à changer leur regard et à voir l’humanité de gens qui n’étaient plus réduits qu’à des catégories, méprisés ou caricaturés.

Une visiteuse contemple une photo de l’artiste espagnole Cristina de Middel dans le cadre de l‘exposition « Voyage au centre », du festival de photographie Les Rencontres d’Arles 2024. Nicolas Tucat/AFP

Ainsi de cette photo d’une douceur infinie d’un enfant tout petit, la main et la tête posées sur l’encolure d’un grand cheval en Islande dont on oublie le handicap, grâce à Mary Ellen Mark (1940-2015), grande portraitiste américaine exposée à l’Espace Van Gogh.

« Elle consacrait beaucoup de temps et d’attention à ses protagonistes, retournant parfois les photographier encore et encore, sur de nombreuses années, nouant des relations intimes avec beaucoup d’entre eux », soulignent les curatrices Sophia Greiff et Melissa Harris. Comme avec cette adolescente des rues, Tiny, qu’elle suivra des années durant, témoin de ses plongées dans la drogue mais aussi de moments tendres avec ses enfants.

« J’essaie de faire des photographies qui soient universellement comprises (...), qui dépassent les frontières culturelles », écrivait l’Américaine qui a travaillé pour Life ou Rolling Stones, illustrant aussi les luttes féministes ou contre le racisme.

Dans la vaste église des frères prêcheurs, la photographe espagnole Cristina de Middel, qui signe l’image illustrant l’affiche du festival, présente un travail documentaire et onirique sur la traversée migratoire du Mexique vers les États-Unis.

Ici, point de chiffres ou de discours jouant sur la peur des migrants, mais au contraire un travail long et en profondeur, des images présentant cette traversée comme une épopée héroïque de femmes et d’hommes courageux vers une nouvelle vie.

En mêlant images documentaires et photos mises en scène et poétiques, « elle redonne à chacun sa personnalité et remet un niveau d’humanité dans la représentation » de ces migrants, souligne M. Wiesner.

Représentativité et luttes contre le racisme

Alors que l’édition 2024 des Rencontres s’est ouverte au lendemain de la forte progression de l’extrême droite en France, M. Wiesner a souligné l’engagement du festival « d’être au côté de la liberté d’expression, d’avoir un souci de représentativité de la diversité ».

« Ce n’est pas parce que la période est complexe qu’il faut se résigner », insiste-t-il, rappelant une programmation faisant la part belle depuis des années au féminisme, aux luttes contre le racisme, avec des actions d’éducation populaires aux images dans les écoles d’Arles.

Travail immersif du Japonais Shiga Lieko dans le cadre de l’exposition « Réflexion – Les photographes japonais face au cataclysme », le jour de l’ouverture du festival de photographie « Les Rencontres d’Arles ». Nicolas Tucat/AFP

Cette année, l’une des grandes expositions, « Quelle joie de vous voir », réunit d’ailleurs le travail de 20 artistes japonaises des années 1950 à nos jours, avec la volonté de redonner une visibilité à ces femmes photographes.

Les Rencontres emmèneront aussi les visiteurs dans le « Baroque du quotidien » de l’État indien du Pendjab. Le photographe Rajesh Vora y a découvert ces étonnantes sculptures de toit que les Indiens qui ont émigré à l’étranger aiment mettre sur les maisons qu’ils construisent dans leur village natal. On y voit ainsi des ballons de foot, des chars d’assaut, des avions, des lions ou des voitures.

Les photos iront aussi sous la surface au sens littéral du terme, avec des photographies subaquatiques du Mississipi, mythique fleuve américain, par Nicolas Floc’h.

Le visiteur de cette édition 2024 pourra lui-même aller « sous la surface », en descendant sous terre dans les cryptoportiques, ces galeries où les marchands conservaient leurs stocks à l’époque romaine.

La plasticienne Sophie Calle y expose les réponses à une question qu’elle a posée à des aveugles de naissance : quelle est pour vous l’image de la beauté ? « Le vert, c’est beau, parce que chaque fois que j’aime quelque chose, on me dit que c’est vert », lit-on à côté d’une photo d’herbe délicieusement verte.

« Aller sous la surface, c’est aussi aller au-delà des clichés », souligne Christoph Wiesner, directeur de ce festival de photographie, un des plus réputés au monde, qui se tient dans 27 lieux de cette ville provençale au riche passé romain, depuis lundi 1er juillet et jusqu’au 29 septembre.En ces temps de repli identitaire dans de nombreux pays, les artistes invités amènent les...
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