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Lifestyle - La Mode

À la semaine parisienne de la haute couture, Zuhair Murad révèle de « Lumineuses cicatrices »

L’une des collections les plus sensibles de la semaine parisienne de la haute couture est sans doute celle présentée par Zuhair Murad, le 26 juin, à l’hôtel Salomon de Rothschild. Tout en empathie, cette ligne de robes-événements parle de renforcement, de courage et de guérison.

À la semaine parisienne de la haute couture, Zuhair Murad révèle de « Lumineuses cicatrices »

Créations somptueuses et émouvantes signées Zuhair Murad. Photo Zuhair Murad

La haute couture n’est pas seulement le savoir-faire somptueux d’une vaste fabrique d’illusions. Ces robes et tenues qui ont nécessité des centaines d’heures de coupe et de broderie sont certes destinées à des événements exceptionnels, parfois planétaires, mais elles ont surtout le pouvoir quasi magique de transformer celles qui les portent en une puissante version d’elles-mêmes. Zuhair Murad a voulu, pour sa collection haute couture de l’automne-hiver 2024-2025, porter cette vertu le plus loin possible en adressant à travers ses créations un hommage symbolique à toutes les femmes qui ont traversé un parcours difficile mais qui s’en sont sorties avec panache, déterminées à vivre le meilleur de la vie sans se laisser duper ou imposer quoi que ce soit.

Des femmes aux blessures sublimées

Annoncée par une série de « reels » sur le compte Instagram @zuhairmuradoffical, cette collection intitulée « Lumineuses cicatrices » se révélait à travers des détails tactiles et sonores : bris de verre ou cascades de perles. Le voile s’est levé le 26 juin, au grand salon de l’hôtel Salomon de Rothschild, à Paris, sur des créations non seulement somptueuses comme le veut le genre, mais émouvantes, ce qui n’est pas habituel dans cet univers voué à l’esthétique pure où les noirceurs de la vie réelle sont camouflées à souhait. Prenant son art à rebours, le couturier libanais a choisi de regarder en face des réalités douloureuses dont les femmes sont souvent les premières victimes. Il a « vu » les crises surmontées, les divorces, les déceptions, peut-être la maladie, les bleus à l’âme ou à l’amour-propre. Sublimant ces blessures, il a pris le parti de les interpréter à travers son art. Il a posé ses broderies là où ça fait mal, tendu la main pour relever, serré le corset pour redresser, illuminé pour impressionner.

La femme Zuhair Murad, déterminée. Photo Zuhair Murad

La force de la nature

Trois, deux, un : elle est debout. Et ceux qui l’ont crue blessée, brisée, fragile, ceux qui l’ont crue perdue assistent à son incroyable métamorphose. Elle n’a pas eu le choix des armes. Elle n’a pas eu d’armes. Elle n’a que son regard, droit, brûlant. Elle avance, sensuelle, déterminée. C’est comme une danse. Elle chaloupe, ondule, légère. Envoûtante, dangereuse. Elle a vécu mille vies. Elle règne, souveraine, pourvoyeuse de lumière, de liberté, d’amour. Rien ne l’arrête. Son empreinte est éternelle.

La femme Zuhair Murad incarnera donc cet hiver la force de la nature. Celle des forêts qui brûlent et renaissent de leurs cendres, des lionnes blessées qui portent leurs cicatrices et filent à travers les savanes. Sa beauté réside dans son pouvoir de renaître toujours plus puissante, maîtresse de son destin. Rien ni personne ne peut entraver son chemin vers le bonheur, sa quête de sérénité malgré les agressions, les déceptions et les coups bas. Elle revient de loin et chemine plus loin encore vers des sommets inaccessibles au commun des mortels.

Partout, des perles imitent des bulles de champagne. Photo Zuhair Murad

Des fêlures qui laissent entrer la lumière

Cette résilience s’exprime à travers des créations où les traces des anciennes douleurs sont transfigurées, sublimées en broderies. Des sutures rendues en cristaux scintillants rapprochent les bords d’une robe fendue, cicatrices ou fêlures qui laissent entrer la lumière. Un motif fauve revisité sublime le genre, camouflage sensuel qui réécrit, à même la peau, l’instinct de survie au féminin. Des volutes de fumée en 3D tourbillonnent de bas en haut sur une robe aux épaules rehaussées. Elles émanent d’une cigarette méditative ou d’un feu difficilement dompté. Ici ou là, Zuhair Murad dessine des impacts de balle, des miroirs brisés, des empreintes digitales surdimensionnées dont les sillons gravent la signature indélébile d’un idéal féminin qui s’engage, organise, réalise et agit contre l’oubli. Le cristal s’entremêle à des résilles nerveuses, noueuses, comme pour exorciser la tension. Mais partout, aussi, des perles imitent des bulles de champagne, pétillent autour des déchirures, irrégulières, fantasques, jubilatoires.

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Invincible beauté

La palette, entre nuances de chair, de l’incarnat au rouge, ou fauves, bruns orangés des robes félines, laisse aussi une large place aux noirs, canon de fusil, gris acier dont on fait les armures. Le cuir est très présent dans le choix des matières. Les plus belles textures, doupion de soie, chiffon, satin, crêpe cady, tulle brodé, velours, jersey, viennent sublimer le thème en rehaussant les pigments et les reflets.

À travers une collection vibrante, profondément inspirée, d’une élégante sensualité, Zuhair Murad fait de son art une révérence à toutes les femmes qui ont longtemps lutté jusqu’à devenir une puissante version d’elles-mêmes, ne laissant poindre, à travers les anciennes douleurs, qu’une invincible beauté.

Depuis le lancement de son label à Beyrouth, en 1997, et son accueil, en 2012, par la Chambre syndicale parisienne de la haute couture, en tant que membre invité, Zuhair Murad devient rapidement un pilier des tapis rouges et l’un des créateurs les plus influents de l’industrie de la mode. Il est réputé pour son utilisation de tissus somptueux et de broderies complexes, avec un sens particulier de l’opulence, du glamour et de la sophistication qui lui vaut la fidélité inconditionnelle de nombreuses célébrités du cinéma et de la pop.

La haute couture n’est pas seulement le savoir-faire somptueux d’une vaste fabrique d’illusions. Ces robes et tenues qui ont nécessité des centaines d’heures de coupe et de broderie sont certes destinées à des événements exceptionnels, parfois planétaires, mais elles ont surtout le pouvoir quasi magique de transformer celles qui les portent en une puissante version...
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