« Opérations terroristes » depuis le Liban : le Hezbollah « blessé » par les propos de Raï

Dans une première réplique officielle du Hezbollah à la sortie, la semaine dernière, du patriarche maronite Béchara Raï, qui avait tendu encore plus les liens entre Bkerké et Haret Hreik, le député Ali Fayad a souligné que les déclarations du prélat avaient « profondément blessé » le parti. 

Dans son sermon du dimanche 23 juin, Mgr Raï avait appelé à l'élection d'un nouveau président, qui soit «  responsable pour que le Liban ne soit plus une rampe de lancement pour des actes terroristes qui compromettent la sécurité et la stabilité de la région ». 

Une déclaration qui intervient alors que depuis le 8 octobre 2023, des tirs sont lancés quasi quotidiennement depuis le sud du Liban vers des positions israéliennes. Ces frappes sont principalement menées par le Hezbollah, qui a ouvert ce front et revendique des attaques quotidiennes et, dans une moindre mesure, par d'autres groupes armés comme le Hamas ou le Jihad islamique. Le patriarche Raï critique régulièrement cette implication du parti chiite dans les combats. 

Un « message » du Hezbollah

Dans des propos à la chaîne al-Jadeed dimanche, Ali Fayad a indiqué que le Hezbollah avait envoyé un « message » à Bkerké, après ce que le parti a perçu comme une attaque concernant son implication dans la guerre, dans lequel il indique que « la résistance est profondément blessée par ces remarques. » « L'utilisation du terme terrorisme est un langage de confrontation et de combat, pas un désaccord politique, » a ajouté le député.

À la suite des déclarations de Mgr Raï la semaine dernière, le Hezbollah a boycotté un sommet spirituel organisé au patriarcat, lors de la visite du secrétaire d'État du Vatican, Pietro Parolin.

Le député chiite a en outre souligné que le Hezbollah « reconnaît le rôle et la position uniques de Bkerké » et souhaite « maintenir les canaux de dialogue ouverts ». « Ce qui s'est passé nécessite un confinement et une résolution. Les mesures prises jusqu'à présent sont positives, mais doivent être suivies d'autres actions, » a-t-il ajouté.

Les armes du Hezbollah et la neutralité

Parmi les tentatives de faire baisser les tensions, le 27 juin, le directeur du Centre d'information catholique, le père Abdo Abou Kasm a souligné que le patriarche « ne faisait pas référence à la résistance en parlant de terrorisme, mais plutôt au comportement du terrorisme israélien ». Pour le père Abou Kasm, le fait qu'il « représente Raï lors d'événements organisés par le Hezbollah » indique qu'il reconnaît l'existence du parti, même s'il « y a des points sur lesquels nous sommes en désaccord, comme le fait qu'ils sont armés, et la question de la neutralité ». 

Le député Fayad a noté que « le père Abou Kasm a fait un pas positif dans la bonne direction, mais que des étapes supplémentaires sont nécessaires, » y compris des « clarifications » de la part du patriarche lui-même.

Le responsable de la communication du patriarcat, Walid Ghayad, a pour sa part assuré lundi que les propos de Béchara Raï « n'avaient aucunement l'intention de viser le Hezbollah et de le qualifier de terroriste ». Rendant hommage aux « martyrs tombés au Liban-Sud », il a assuré que « la communication reste ouverte entre Bkerké et le Hezbollah ». « Si le patriarche Raï considérait le Hezbollah comme terroriste, il couperait toute communication », a-t-il ajouté.  Et de révéler, selon des propos rapportés par l’agence al-Markaziya, que « des ambassadeurs ont demandé au patriarche de qualifier le Hezbollah de terroriste, mais Mgr Raï a catégoriquement refusé ».