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Politique - Rencontre

« Ce sont les Américains qui tirent les ficelles », dit le Hamas


La guerre actuelle est dans une impasse stratégique qui se répercute sur le Liban. Le scénario le plus probable, c’est le maintien de la guerre sous sa forme actuelle jusqu’à l’élection américaine en novembre. C’est ce qui ressort de l’évaluation faite par le Hamas de la situation.

Lors d’une rencontre informelle avec des journalistes, un responsable du Hamas qui a requis l’anonymat a expliqué que le mouvement ne peut pas reculer et accepter une solution qui ne tiendrait pas compte de ses propres exigences, après avoir payé un tribut aussi lourd et alors que son potentiel militaire est encore solide, selon ses propres affirmations. Il a ainsi précisé que le commandement est en contact permanent avec les chefs du Hamas à Gaza, Yehya et Mohammad Sinouar et Mohammad Deif, et ils affirment tous que le mouvement n’a pas perdu le tiers de son potentiel et peut encore mener des combats pour une très longue période. De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu considère qu’il est impossible d’accepter une solution qui ne lui permette pas de se déclarer victorieux. L’opération militaire qu’il a lancée à Rafah, malgré les conseils américains, touche désormais à sa fin et il n’a toujours pas réussi à éradiquer le Hamas, à détruire les tunnels et à libérer les otages.

Pour le responsable du Hamas, à bientôt neuf mois de son déclenchement, le Déluge d’al-Aqsa a donné des résultats stratégiques. Il a porté un coup fort à la capacité de dissuasion israélienne, et cela pose un problème très profond à ce pays, qui porte sur le rôle de l’entité israélienne dans la région. De même, il a ramené la cause palestinienne en tête des priorités du monde, alors que le 6 octobre, elle était presque reléguée aux oubliettes. Il y a donc eu une riposte violente pour tenter de neutraliser les effets stratégiques de cette opération qui touchent désormais toute la région. Et c’est ce qui, selon le responsable du Hamas, rend l’impasse stratégique. L’Iran, la Syrie et toutes les forces alliées s’étaient en tout cas préparés à une telle riposte. Les préparatifs nécessaires, dont l’établissement d’un système de communication que, jusqu’à présent, les Israéliens ne parviennent pas à intercepter, avaient été accomplis. « Les renseignements de la résistance sont actifs alors que l’ennemi, lui, est aveugle », dit le responsable du Hamas. Toute la force d’Israël et de ses alliés ne suffit donc pas à détruire le mouvement, assure-t-il. Elle ne parvient qu’à faire des percées tactiques, mais aucun des objectifs israéliens n’est atteint. C’est pourquoi les Israéliens se sont vus contraints à négocier.

Pour le responsable du Hamas, « ce sont les Américains qui tirent véritablement les ficelles », et leurs objectifs sont un peu différents de ceux des Israéliens. Ils voudraient, selon lui, revenir au 6 octobre pour poursuivre leur projet régional, sans la « résistance ». Pour l’instant, ce n’est pas possible, alors ils lancent des idées de solution piégées. Comme la dernière proposition de Joe Biden. « Ce qu’il a dit oralement est différent du document écrit qui nous a été présenté », assure le responsable du Hamas. Ce document prévoit par exemple que, dans la deuxième étape, les habitants du nord de Gaza peuvent rentrer chez eux sans armes. Mais ce sont les Israéliens qui doivent vérifier cela, ce qui signifie qu’ils ne se retireront pas comme le Hamas le réclame, explique-t-il. Ensuite, il y a un manque de clarté sur ce que les Américains appellent « le jour d’après », puisqu’ils veulent former une force internationale et islamique pour contrôler Gaza. Ils promettent aussi la reconnaissance de l’État palestinien, mais sans autre précision, et cet État potentiel n’a aucune réalité sur le terrain. Enfin, il est aussi question de normalisation des relations arabo-israéliennes et de l’intégration d’Israël dans la région. En somme, il s’agit de prendre au Hamas la carte des otages et de ne lui donner en échange que des promesses vagues. « Mais l’époque où l’ennemi pouvait se moquer de nous est révolue, déclare le responsable du Hamas. Nous avons appris les leçons du passé. »

La situation actuelle est donc appelée à se prolonger, mais le responsable du Hamas estime que l’horizon est favorable à la « résistance ». « Le rapport de force impose une solution qui tienne compte de nos demandes, dit-il. Ensuite, le front de soutien s’est imposé sur le terrain. De même, les pressions américaines sur Netanyahu se font plus pressantes et ce dernier doit faire face à une situation interne compliquée. »

Concernant le front du Liban, le responsable du Hamas privilégie le même scénario que pour Gaza : le front est ouvert, les opérations se succèdent mais sans changement majeur dans les équations, et cela jusqu’à l’élection américaine. Mais pour que le statu quo actuel se maintienne, il faut que la « résistance » reste en état d’alerte et prête à toutes les éventualités, selon lui.

Interrogé sur la Syrie, le responsable du Hamas assure que la décision d’améliorer les relations a été prise et qu’elle est irrévocable. « Pour nous, la résistance palestinienne doit avoir une profondeur arabe en plus d’être islamique, et la Syrie est la mieux placée pour l’assurer », dit-il. Par contre, il se déclare inquiet au sujet de la situation des camps palestiniens du Liban où, selon lui, certaines parties cherchent à ouvrir le dossier des armes palestiniennes à l’intérieur des camps pour pousser à l’abandon du droit au retour. « Il y a des projets suspects, mais un des facteurs qui empêchent leur exécution, c’est l’entente entre nous et le Hezbollah », dit-il.

La guerre actuelle est dans une impasse stratégique qui se répercute sur le Liban. Le scénario le plus probable, c’est le maintien de la guerre sous sa forme actuelle jusqu’à l’élection américaine en novembre. C’est ce qui ressort de l’évaluation faite par le Hamas de la situation.Lors d’une rencontre informelle avec des journalistes, un responsable du Hamas qui a requis...
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