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Politique - Enquête

Explosion à Tyr en 1982 : Israël sur le point de reconnaître qu'il s'agissait d'un attentat-suicide

Jusqu'à présent, la version officielle de l'État hébreu était que la détonation avait été provoquée par une fuite de gaz... pour éviter d'embarrasser les services de sécurité et l'armée, selon la presse. 

Explosion à Tyr en 1982 : Israël sur le point de reconnaître qu'il s'agissait d'un attentat-suicide

Un extrait de la Une de L'Orient-Le Jour du 12 novembre 1982. Archives L'OLJ

Le 11 novembre 1982, une explosion détruit le quartier général du « gouvernement militaire israélien » à Tyr, dans un Liban-Sud envahi par Israël depuis juin de la même année. La déflagration tue 75 soldats, policiers et agents israéliens, ainsi qu'une vingtaine de prisonniers libanais et palestiniens qui étaient détenus dans le bâtiment. Depuis cette date, et jusqu'à cette semaine, les responsables israéliens affirmaient que l'explosion était due à une fuite de gaz.

Une version des faits qui contredisaient pourtant une revendication du Hezbollah, affirmant qu'un de ses membres, Ahmad Qassir, était responsable de la détonation, ainsi que plusieurs rapports, notamment israéliens, faisant état de témoignages racontant notamment qu'une voiture avait foncé sur le bâtiment juste avant l'explosion et dont des débris ont été retrouvés dans les ruines. Le 12 novembre 1982, L'Orient-Le Jour avait rapporté que le bâtiment avait été « détruit par une voiture-suicide ».

Des photos publiées dans L'Orient-Le Jour le 13 novembre 1982, après l'attentat à Tyr. Archives L'OLJ

Mais la version officielle israélienne aurait toutefois changé, selon un article publié mercredi par le Yediot Aharonoth, journal israélien à tendance centriste. Une de leurs journalistes a ainsi indiqué qu'un comité d'enquête avait établi son rapport sur les événements et sera soumis sous peu aux organismes sécuritaires et aux autorités. Ce rapport conclut que l'explosion est bien due à un attentat-suicide.

« Quarante-deux ans après le désastre de Tyr, le comité militaire chargé d'enquêter sur cette affaire déterminera qu'il s'agissait bien d'un attentat-suicide du Hezbollah et non d'une explosion due à une fuite de gaz », selon le média. Citant des « sources au sein de la communauté des renseignements israéliens qui ont consulté ce rapport », le journal israélien évoque des résultats « passionnants » sur la cause de l'explosion, mais également sur la façon dont celle-ci a été cachée au public pendant des années.

Selon ce même média, le dernier à avoir balayé d'un revers de main la possibilité d'un attentat et les accusations de dissimulation des faits était le Premier ministre actuel, Benjamin Netanyahu.

Rapport « supprimé »

Annoncée dans un communiqué conjoint de l'armée, de l'agence de renseignements intérieurs (Shin Bet) et de la police, la mise sur pied de ce comité d'enquête en novembre 2022 avait fait suite à une décision prise « par respect pour les victimes ». Dans leur communiqué, les agences sécuritaires israéliennes s'était engagées à utiliser « des technologies modernes, qui n'existaient pas » au moment des faits, pour mener leur enquête.

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Le Yediot rapporte encore que cette nouvelle a été accueillie avec joie par les membres des familles des victimes « qui se sont battus pendant des années pour faire la vérité » sur cet événement. Le fils d'une des victimes a notamment décrit dans le journal une « guerre » contre « l'État, les forces de sécurité et le ministère de la Défense » pour que la vérité soit faite.

Un livre d'un historien israélien spécialisé dans l'histoire du Mossad, Ronen Bergman, publié en 2007 et cité en 2022 dans le Times of Israel, expliquait qu'une déclaration d'un agent du Shin Bet avait ordonné qu'un rapport détaillé sur les préparatifs de l'attentat soit « supprimé et qu'il ne soit plus jamais évoqué ».

Le Yediot évoque, parmi les causes de cette dissimulation, le fait qu'il s'agissait à l'époque d'un « nouveau type de revers infligé par l'ennemi » et que le Shin Bet était « responsable du contre-terrorisme au Liban ». « Si l'explosion avait été définie comme un attentat, l'échec lui aurait été imputé », ajoute le média. « Selon certains responsables israéliens, l'armée a préféré la thèse d'un accident avec des bonbonnes de gaz utilisées pour cuisiner, sinon l'incident aurait été considéré comme une négligence concernant la sécurité du bâtiment ».

Un an après l'explosion de 82, un attentat similaire a eu lieu contre un bâtiment occupé par l'agence nationale de sécurité israélienne à Tyr, tuant 28 Israéliens et une trentaine de prisonniers libanais. Cet attentat avait, lui, été directement reconnu comme tel par les autorités israéliennes. 

Le 11 novembre 1982, une explosion détruit le quartier général du « gouvernement militaire israélien » à Tyr, dans un Liban-Sud envahi par Israël depuis juin de la même année. La déflagration tue 75 soldats, policiers et agents israéliens, ainsi qu'une vingtaine de prisonniers libanais et palestiniens qui étaient détenus dans le bâtiment. Depuis cette date, et jusqu'à cette...
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A l'époque, l'information qui circulait dans la presse était; qu'un soldat israélien survivant avait croisé le regard de l'auteur de l'attentat, qui affichait un sourire et un visage paisible au moment du déclenchement de la charge explosive. Il serait crédible à mon avis qu'il s'agissait d'un acte militaire volontaire. La déflagration d'une bonbonne de gaz ne cause pas autant de destruction.

Céleste

10 h 00, le 29 juin 2024

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  • A l'époque, l'information qui circulait dans la presse était; qu'un soldat israélien survivant avait croisé le regard de l'auteur de l'attentat, qui affichait un sourire et un visage paisible au moment du déclenchement de la charge explosive. Il serait crédible à mon avis qu'il s'agissait d'un acte militaire volontaire. La déflagration d'une bonbonne de gaz ne cause pas autant de destruction.

    Céleste

    10 h 00, le 29 juin 2024

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