Depuis Beyrouth, le numéro 2 du Vatican appelle à accepter les « propositions de paix »

Le secrétaire d'État du Vatican, Pietro Parolin, numéro deux du Saint-Siège, a appelé mercredi depuis Beyrouth les belligérants au Moyen-Orient à accepter les « propositions de paix », estimant que la région vivait « un moment grave ».

Le cardinal Parolin s'adressait à la presse à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati au palais du gouvernement, à l'heure où s'accroissent les craintes d'une guerre entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Le président américain Joe Biden a présenté, le 31 mai, un plan de cessez-le-feu pour un arrêt des hostilités entre Israël et le mouvement Hamas dans la bande de Gaza qui, selon lui, permettrait également de « mettre fin au conflit » à la frontière libano-israélienne.

« Le Moyen-Orient vit un moment grave. Le Saint-Siège (..) demande que soient accueillies les propositions de paix, afin que cessent les armes de chaque côté, que les otages à Gaza soient relâchés, que les aides nécessaires arrivent sans obstacle à la population palestinienne (...) », a déclaré le cardinal secrétaire d'État. « Le Liban, le Moyen-Orient, le monde entier n'ont certainement pas besoin d'une guerre », a-t-il ajouté.

Depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, le Hezbollah, qui soutient le mouvement islamiste palestinien, échange quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne. Les États-Unis ont averti mardi qu'un conflit entre Israël et le parti chiite soutenu par l'Iran pourrait déclencher une guerre régionale.

Le cardinal Parolin, qui a rencontré des responsables politiques et religieux au cours de sa visite au Liban, parmi lesquels le président du Parlement, Nabih Berry, a par ailleurs affirmé que « le Saint-Siège est sérieusement préoccupé par l'actuelle vacance » de la présidence de la République libanaise. L'élection d'un chef de l'État est « une nécessité urgente et absolue », a-t-il souligné, exprimant l'espoir « que les partis politiques pourront trouver sans tarder une solution ».  Depuis Aïn el-Tiné, Pietro Parolin a estimé que le « déblocage de la présidentielle commence ici ». « Les partis chrétiens assument certes la responsabilité, mais ils ne sont pas les seuls, d'autres composantes sont aussi responsables », a-t-il lancé, dans ce qui semble être une critique voilée au chef du législatif qui conditionne l'ouverture des portes du Parlement à un dialogue national, ce que l'opposition refuse. 

Depuis la fin du mandat du président Michel Aoun le 31 octobre 2022, le Parlement est incapable de lui élire un successeur, le Hezbollah comme le camp adverse ne disposant pas de la majorité pour imposer un candidat.

Mikati et les « guerres interminables »

Le Premier ministre libanais sortant a, de son côté, appelé à « ne pas lier la stabilité du Liban et ses intérêts à des conflits extrêmement compliqués et des guerres interminables ». « Il faut mettre un terme aux ambitions expansionnistes d’Israël », a-t-il ajouté. « Nous partageons avec le Saint-Siège les priorités communes de protéger le Liban et son peuple, ainsi que de consolider la sécurité et la reprise économique », a-t-il souligné, énumérant ses priorités pour le Liban, à savoir « l’élection d’un président dans les plus brefs délais », « la reconstruction de l’État et de ses institutions », le respect de la coexistence et de la Constitution », « la stabilisation interne et la résolution des crises économique et sociale », et « la mise en œuvre des résolutions internationales ».

La visite du numéro deux du Vatican a été boudée par la communauté chiite libanaise, qui a refusé d’envoyer un représentant au sommet spirituel organisé par le patriarche maronite, Béchara Raï, à l’occasion de la visite de Mgr Parolin. Et pour cause, les relations se sont récemment envenimées entre le siège patriarcal de Bkerké et le tandem chiite Amal-Hezbollah, sur fond de guerre de Gaza et d’élargissement du conflit au Liban-Sud, entre le Hezbollah et Israël.

C’est dans ce cadre que le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a dénoncé les critiques contre Bkerké qui accusaient l’Église maronite de collaboration avec Israël. « Nul n’a le droit de dire que l’Eglise et son patriarche sont au service du terrorisme sioniste », a-t-il mis en garde.