Tournée des diplomates et journalistes à l’AIB : « un message de soutien » au Liban

Entouré d'une nuée de membres de personnel diplomatique et de journalistes, le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, a mené une tournée d'inspection dans les différents bâtiments de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB), en réponse à l'article du Telegraph concernant la présence d'armes du Hezbollah sur les lieux. 

À l'issue de cette visite, ponctuée par une conférence de presse au cours de laquelle plusieurs intervenants se sont exprimés, l'un d'entre eux, l'ambassadeur égyptien à Beyrouth, Alaa Moussa, a déclaré que cette tournée se veut « un message de soutien au Liban », dans le contexte d'affrontements quotidiens entre le Hezbollah et l'armée israélienne. «C'est aussi un message à toutes les parties pour dire que le calme est nécessaire. Il faut faire baisser les tensions et arriver à un cessez-le-feu à Gaza pour que le calme revienne au Liban », a ajouté le diplomate. Concernant la visite, M. Moussa a salué le fait qu'il s'agissait d'une bonne occasion pour comprendre le fonctionnement de l'aéroport mais aussi des mesures de sécurité et de réglementation des importations. Il a encore estimé que le Telegraph « assume les responsabilités de ce qu'il a écrit », alors que l'article en question, qui n'est pas signé, source des « lanceurs d'alerte ». Il a encore affirmé que s'il n'est pas directement « habilité à dire s'il se passe des choses inhabituelles à l'AIB, ce que nous avons vu, c'est que les réglementations et normes internationales sont respectées ».

« Préparé à toute éventualité »
Avant lui, le ministre Hamiyé a affirmé avoir décidé, avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, avec lequel il s'était entretenu dans la matinée, « d'étudier les possibilités de recours légal contre le Telegraph ». Il a invité les ambassadeurs à ne pas hésiter à visiter l'aéroport quand ils en ressentent le besoin, en coordination avec les services de sécurité. « Les avions israéliens survolent quotidiennement l'AIB et il y a du brouillage sur les équipements, mais nous respectons toutes les normes et assurons la sécurité de l'aéroport», a-t-il ajouté, soulignant que la direction de l'AIB est « préparée à toute éventualité bien avant cet article, depuis le 7 octobre ». 

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« La sécurité de l'aéroport a pris toutes les dispositions nécessaires », a-t-il insisté. Le directeur général de l'Aviation civile, Fadi el-Hassan, a également déclaré que cette tournée « a montré que l'AIB respecte les normes internationales et que tout est fait pour en préserver la sécurité ». Il a déclaré à l'AFP que tous les avions arrivant à l'aéroport « sont soumis aux mêmes procédures douanières », y compris les avions iraniens.

Il a indiqué que les arrivées à Beyrouth étaient en augmentation et que « les passagers arrivés au liban depuis début juin ont dépassé les 300.000 -- c'est un très bon chiffre ».

De gauche à droite : les ministres sortants du Tourisme, Walid Nassar, et des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, le DG de l'Aviation civile, Fadi el-Hassan, et le ministre sortant de l'Information, Ziad Makari, à l'AIB, le 24 juin 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Prenant ensuite la parole, le ministre sortant du Tourisme Walid Nassar a indiqué que « les arrivées de touristes au Liban sont très bonnes, même comparables à 2023, mais c'est la dégringolade en Israël », ce qui explique selon lui la « guerre psychologique » lancée contre Beyrouth. Il a en outre indiqué avoir réitéré sa demande au Conseil des ministres de remettre en opération l'aéroport de Qleiaat, dans le Nord.

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Pas d'impact sur les arrivées
M. Nassar a encore affirmé que l'article du Telegraph n'avait pas causé d'annulations depuis la veille, tandis que le ministre sortant de l'Information, Ziad Makari, a fait état de « 108 avions à l'arrivée et 110 au départ ». Cela représente, selon M. el-Hassan, 15 000 passagers, « ce qui est excellent pour un mois de juin et montre que l'article n'a pas eu d'impact ».

Une affirmation qui semble confirmée par plusieurs voyageurs interrogés à leur arrivée à l'aéroport, et qui ne semblaient pas être au courant de la polémique. « Nous savons que le Liban est divisé, mais l'AIB doit être au-delà des clivages », a lancé M. Makari. Pendant la visite, le ministre de l'Information avait déjà estimé que « l'AIB est une infrastructure publique qui concerne tous les Libanais, il est l'image du Liban, surtout que nous sommes aux portes d'un été prometteur ».

Pour sa part, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a déclaré que « l’aéroport est sûr, ces rumeurs sont véhiculées par Israël pour justifier ses agressions contre le Liban ».

« Tout est fouillé et enregistré »
La tournée avait débuté peu après 10h30, en présence notamment du personnel diplomatique de plusieurs autres pays, notamment l'Union européenne et l'Allemagne, l'Inde, l'Égypte, le Pakistan, la Chine, le Brésil, la Côte d'Ivoire, le Maroc, la Jordanie et d'autres. Elle a été marquée par une certaine désorganisation, notamment en raison du fait que les journalistes n'ont pas été autorisés à suivre toutes les étapes du tour réservé aux ambassadeurs. 

Dans des entrepôts de l'AIB, le 24 juin 2024. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour

Au service des Douanes, le chef du département a déclaré aux ambassadeurs et aux journalistes que « tout ce qui entre au Liban est fouillé et tout est enregistré ». « Tout est informatisé et il y a un système de tracking pour tout », a-t-il affirmé. De passage dans les dépôts, il a précisé que les procédures appliquées pour le stockage sont « similaires à celles appliquées dans le monde entier ». 

Dans le hangar de la compagnie aérienne nationale Middle East Airlines, un employé, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, a indiqué que « toutes les marchandises qui débarquent sont répertoriées suivant le manifeste qui les accompagne et au moindre doute, elles passent au scanner ».  « Rien ne quitte l’aéroport sans être passé par les douanes », a ajouté cette source. 

Peu après la fin de la tournée, le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui a assuré, depuis Dar el-Fatwa où il s’était réuni avec le mufti de la République Abdel Latif Deriane, « travailler à préserver l’aéroport et tous nos ports », afin « qu'ils soient dignes du Liban, qu'ils soient sûrs et sécurisés, et à l'abri des calomnies et des fausses allégations ».

Du côté du Hezbollah, on a simplement démenti les informations parues dans l’article du Telegraph. Le député Ihab Hamadé, appartenant au bloc du Hezbollah, a qualifié « de délirants tous ceux qui pensent que nos armes sont importées et ont besoin de passer par l’aéroport ». « Que l’ennemi et l’ami sachent que ces armes sophistiquées sont fabriquées par nous, et que nous avons réalisé un bond scientifique et technologique impressionnant », a-t-il asséné.