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Dernières Infos - Pacifique sud

Nouvelle-Calédonie: nouvelles violences après l'incarcération en métropole de figures indépendantistes

Nouvelle-Calédonie: nouvelles violences après l'incarcération en métropole de figures indépendantistes

Les forces de police françaises participent à une opération de levée d'un barrage routier improvisé par des indépendantistes dans le quartier de la Vallée du Tir à Nouméa, sur le territoire français du Pacifique de Nouvelle-Calédonie, le 24 juin 2024. Photo AFP ou licenciés

Les violences ont repris lundi en Nouvelle-Calédonie après l'incarcération en métropole de plusieurs militants indépendantistes, leur organisation exigeant leur « libération » et leur « retour immédiat ».

« La nuit a été agitée et marquée par des troubles sur l'ensemble de la grande terre (l'île principale, ndlr), sur l'île des Pins et Maré, nécessitant l'intervention de nombreux renforts: prises à partie des forces de l'ordre, incendies volontaires et barrages », a indiqué lundi dans un communiqué le Haut-commissariat, représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie.

Ce regain de tension intervient après le transfèrement en métropole, dans la nuit de samedi à dimanche, de plusieurs figures indépendantistes calédoniennes, soupçonné d'avoir orchestré les émeutes sur le « Caillou », pour y être incarcérés.

L'archipel du Pacifique sud est en proie à de violents troubles depuis le 13 mai, nées de la contestation d'un projet de loi de dégel électoral. Les événements ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, et d'immenses dégâts, chiffrés à plus d'un milliard d'euros.

Le président Emmanuel Macron a suspendu mi-juin le projet de loi qui a mis le feu aux poudres et cristallisé la colère du camp indépendantiste: il prévoyait une réforme constitutionnelle modifiant les critères électoraux pour les élections provinciales calédoniennes, ce qui aurait eu pour conséquences, selon ses opposants, de marginaliser le poids du peuple autochtone kanak.

La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), accusée par les autorités d'être à l'origine du soulèvement contre la réforme électorale en Nouvelle-Calédonie, a exigé lundi « la libération et le retour immédiat » de ses militants incarcérés en métropole.

« Nous exigeons la libération et le retour immédiat des frères et soeurs pour être jugés sur leur terre », a affirmé la CCAT dans un communiqué, dénonçant les « tactiques coloniales » de la France après l'arrestation et le transfert de ces indépendantistes, dont le porte-parole de la CCAT Christian Tein.

« L'éloignement de responsables indépendantistes kanak de la CCAT à plus de 17.000 km de chez eux dans le cadre de leur placement en détention provisoire porte une atteinte grave à leur droit à une vie privée et familiale », a dénoncé dans un communiqué la Ligue des droits de l'Homme (LDH).

A Dumbéa, au nord de Nouméa, chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, les locaux de la police municipale ont brûlé ainsi qu'un garage. Quatre véhicules blindés dont un de dernière génération - un Centaure - sont intervenus, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les affrontements se sont déroulés près d'un garage automobile où des voitures étaient en feu. Quatre militants encagoulés se tenant derrière des barricades de fortune ont lancé des projectiles vers les forces de l'ordre en les invectivant, a observé un journaliste de l'AFP.

Un homme de 23 ans en état « de détresse respiratoire » est décédé dans la nuit après s'être rendu sur des barrages à Nouméa, a annoncé le parquet, précisant que la victime avait assuré à ses parents qu'il n'avait pas été « blessé par la police ».

Un automobiliste « contraint de faire demi-tour en raison d'un barrage édifié par des militants indépendantistes », selon les pompiers, est par ailleurs décédé dimanche soir d'un choc frontal avec un autre véhicule dans l'agglomération de Nouméa.

« Libérez nos prisonniers ! »

Près d'un grand magasin de matériel de sport entièrement détruit situé dans les environs, des indépendantistes campaient devant les forces de l'ordre lundi en début d'après-midi, l'un d'eux lançant « Libérez nos prisonniers ! ».

Des affrontements ont aussi opposé les forces de l'ordre à des indépendantistes à Bourail, commune située à moins de 200 km au nord de Nouméa, qui se sont soldés par un blessé, a appris l'AFP. La personne blessée n'a pas été touchée par une balle et n'est pas membre des forces de l'ordre, a précisé le haut-commissariat.

Lundi, dans le quartier de la Vallée-du-tir, une unité de policiers a délogé des émeutiers d'un barrage en flamme sur un rond-point, a indiqué un policier à l'AFP.

Selon la même source, un homme agitait un drapeau kanak jusqu'à l'intervention de la police, qui déblayait le barrage pour la deuxième fois lundi.

Le Haut-commissariat a fait état « de plusieurs incendies maîtrisés », en particulier à Ducos et dans le quartier de Magenta, ajoutant que « les locaux et des véhicules de la police municipale et de véhicules de particuliers » ont été incendiés. « Des exactions, destructions et tentatives d'incendies ont également été commises à plusieurs endroits sur Païta », a ajouté le Haut-commissariat, soulignant que « la brigade territoriale de Maré a également été prise à partie ».

Réactivation du pont aérien 

La route qui mène à l'aéroport a aussi été bloquée lundi, en raison d'une opération de déblaiement par les forces de l'ordre, selon des journalistes de l'AFP.

Le pont aérien entre l'aérodrome de Magenta, situé dans le quartier du même nom à Nouméa, et l'aéroport international de La Tontouta, qui devait être levé totalement lundi, a été réactivé pour les passagers à l'arrivé ou au départ lundi, a annoncé la chambre de commerce et d'industrie (CCI), gestionnaire de l'infrastructure.

Lundi matin, de nombreuses écoles sont resté fermées en raison du regain de violences et la voie express menant à l'hôpital est bloquée des deux côtés, au niveau du pont des érudits Apogoti.

L'association de prévention et de traitement de l'insuffisance rénale (ATIR) a annoncé lundi dans un communiqué que leurs « unités de dialyse du Grand Nouméa (Robinson, Koutio, DSM) sont actuellement fermées et dans l’incapacité de pouvoir accueillir patients et soignants en sécurité ».

« Nos soignants attendent de pouvoir retourner sur les unités de dialyse dès que la situation le permettra à nouveau, tout comme les ambulances transportant les patients qui ont beaucoup de mal à se déplacer », a prévenu l'ATIR.

Au total, 1.493 personnes ont été interpellées depuis le début des troubles, dont 38 lundi.

Les violences ont repris lundi en Nouvelle-Calédonie après l'incarcération en métropole de plusieurs militants indépendantistes, leur organisation exigeant leur « libération » et leur « retour immédiat ».« La nuit a été agitée et marquée par des troubles sur l'ensemble de la grande terre (l'île principale, ndlr), sur l'île des Pins et Maré, nécessitant...