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Politique - Décryptage

Comment le tandem chiite voit l’évolution de la guerre à Gaza et au Sud


En dépit des menaces inédites à l’égard d’Israël proférées par le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours, les milieux politiques proches du tandem chiite restent convaincus que les risques d’une extension de la guerre au

Liban-Sud restent limités. Entre les proches d’Amal et ceux du Hezbollah, il y a toutefois une petite différence : les premiers continuent de croire à la possibilité de la conclusion d’une trêve à Gaza qui aura forcément des répercussions sur le Liban et les seconds pensent plutôt que la guerre est appelée à se prolonger et que le front du Sud continuera d’être une confrontation de basse intensité, avec des pics « contrôlés ».

Qu’est-ce qui pousse les deux formations à ne pas croire à un élargissement de la guerre, alors que depuis quelques jours, les déclarations incendiaires se multiplient, tant de la part des Israéliens que d’autres parties impliquées dans le conflit ?

Du côté des proches d’Amal, on estime que les développements à Rafah et dans toute la bande de Gaza montrent une incapacité israélienne à remporter une victoire décisive, ni sur le plan de l’éradication du Hamas ni sur celui de la libération des otages. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait ainsi déclaré qu’il devait absolument occuper Rafah, « le dernier bastion du Hamas à Gaza », et qu’il soupçonnait que les otages y étaient cachés. Mais l’armée israélienne a eu beau détruire la ville, les camps et quelques tunnels, elle n’a pas encore pu marquer un point décisif. Elle compte faire encore quelques tentatives, mais des informations sont parvenues au président de la Chambre Nabih Berry selon lesquelles l’opération militaire israélienne toucherait à sa fin. De même, selon les mêmes sources, l’administration américaine de Joe Biden cherche à tout prix à parvenir à la conclusion d’une trêve à Gaza, suivie d’un cessez-le feu durable, à travers le plan soumis aux deux parties concernées. Selon les Américains, Washington attend toujours une réponse claire de la part du Hamas. Cette administration souhaite un accord rapide pour se concentrer sur la campagne présidentielle et se prévaloir d’avoir mis un terme à une guerre destructrice, espérant ainsi gagner les voix juives et arabo-musulmanes. C’est d’ailleurs dans cet esprit que les mêmes sources ont rapporté des propos attribués au président de la Chambre dans lesquels il comparait la situation actuelle sur le terrain à Gaza et au sud du Liban au « dernier quart d’heure avant la solution », lorsque les parties impliquées se déchaînent avant de conclure un cessez-le feu.

Du côté des sources proches du Hezbollah, on ne croit pas beaucoup à un cessez-le-feu rapide, tout simplement parce que le Premier ministre israélien ne parvient pas à accepter l’idée de ne pas remporter une victoire décisive. Il préfère donc faire traîner les combats autant que possible, soit pour avoir les Palestiniens à l’usure, sachant que les conditions de vie à Gaza sont extrêmement pénibles, soit pour arriver jusqu’à l’élection présidentielle américaine et à l’arrivée à la Maison-Blanche du candidat qu’il préfère, le républicain Donald Trump. Pour les mêmes sources, Netanyahu voudrait à tout prix que les États-Unis s’impliquent plus dans la guerre, parce qu’il ne parvient pas à remporter une victoire claire. Or l’administration actuelle ne veut pas entendre parler d’une confrontation élargie, ni à Gaza ni surtout au Liban ou sur un des autres fronts compris dans « l’unité des fronts » de l’axe pro-iranien. D’ailleurs, ce n’est plus un secret que les relations entre le Premier ministre israélien et Joe Biden sont actuellement perturbées, au point qu’une personnalité de cette administration aurait déclaré dans le cadre d’une rencontre informelle à une personnalité libanaise que « le conflit est actuellement entre Biden qui veut protéger Israël et Netanyahu qui veut protéger ses intérêts ». Toutefois, les sources proches du Hezbollah estiment que la prolongation de la guerre à Gaza et au Liban-Sud ne va pas nécessairement déraper vers une confrontation élargie, parce qu’aucun des protagonistes, excepté Netanyahu, n’y a intérêt. Il faut donc s’attendre à une longue guerre d’usure, qui se prolongera jusqu’à ce que les perspectives de solution deviennent plus précises. Il s’agit en particulier de pousser les Israéliens à accepter une formule qui leur sauve la face sans pour autant être une victoire éclatante et remettre en question les équilibres régionaux. Dans ce cadre, l’administration US continue de privilégier les contacts discrets avec l’Iran et les autres protagonistes pour aboutir à un partage des influences.

Ces deux versions contradictoires se rejoignent toutefois sur la conviction partagée que le scénario d’une guerre régionale ouverte est écarté. Preuve en est que les deux versions se retrouvent pour préciser que lors de sa dernière visite à Beyrouth l’émissaire présidentiel américain Amos Hochstein a prêché en faveur d’un retour au statu quo qui régnait avant le 8 octobre, date de l’ouverture du « front de soutien » à Gaza à partir du Sud. Il n’est donc plus question actuellement d’évoquer les détails d’un accord global portant sur l’application totale de la résolution 1701 et du règlement des points conflictuels le long de la frontière, mais plutôt d’éviter d’éventuels débordements... en attendant une solution véritable après la fin de la guerre à Gaza.

En dépit des menaces inédites à l’égard d’Israël proférées par le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours, les milieux politiques proches du tandem chiite restent convaincus que les risques d’une extension de la guerre au Liban-Sud restent limités. Entre les proches d’Amal et ceux du Hezbollah, il y a toutefois une petite différence : les premiers...
commentaires (3)

En effet : ""..Il faut donc s’attendre à une longue guerre d’usure, qui se prolongera jusqu’à ce que les perspectives de solution deviennent plus précises"", et le risque accru d'une occupation de Gaza. C'est cette occupation qui risque de s'installer, mais usure ou non, ou faute de combattant, chaque guerre a une fin, mais IsraËl qui a par le passé occupé l'enclave, sait très bien où se trouvent les otages...

NABIL

12 h 12, le 23 juin 2024

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Commentaires (3)

  • En effet : ""..Il faut donc s’attendre à une longue guerre d’usure, qui se prolongera jusqu’à ce que les perspectives de solution deviennent plus précises"", et le risque accru d'une occupation de Gaza. C'est cette occupation qui risque de s'installer, mais usure ou non, ou faute de combattant, chaque guerre a une fin, mais IsraËl qui a par le passé occupé l'enclave, sait très bien où se trouvent les otages...

    NABIL

    12 h 12, le 23 juin 2024

  • Excellente analyse . A rebours des corbeaux laches et defaitistes…

    nabil samir

    20 h 32, le 22 juin 2024

  • Scarlett vos analyses sont souvent pertinentes, mais dire que Trump va aider Netanyahu, est bien loin de la verite…

    Bee S

    14 h 05, le 22 juin 2024

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