Rechercher
Rechercher

Agenda

Jabbour Douaihy : l’enfance géniale


Vendredi 14 juin, une rencontre exceptionnelle autour de l’écrivain Jabbour Douaihy s’est tenue au Centre culturel Safadi, à Tripoli, ville très chère au cœur de l’écrivain zghortiote. À cette occasion j’adresse cette lettre à Antoine Courban, un des intervenants.

Cher Antoine,

J’ai été très heureux de te voir et surtout de t’écouter à Tripoli, notre ville natale tant assoiffée d’une telle rencontre, animer avec des écrivains libanais francophones passionnants une rencontre fructueuse autour du riche patrimoine littéraire écrit par Jabbour Douaihy.

Jabbour est le plus jeune ami de notre promotion, série philosophie 1966, au collège des Frères à Tripoli Zéhrié. Jabbour s’est fait deux fois gracier d’une année scolaire faisant de lui un universitaire avant l’âge de seize ans.

Je me rappelle Antoine de tes schémas artistiques de la cellule animale selon Obré, l’auteur de notre livre de biologie, à l’époque où notre enseignant était le polyvalent Antoine Sebaalani, poète arabe et syndicaliste tenace, devenu un grand ami de beaucoup d’anciens de ses élèves.

Cher Antoine,

J’ai hésité à présenter mon témoignage suite à ta demande au public en fin de session, me sentant loin de cette ambiance littéraire par excellence. Ils sont rares dans l’histoire, les médecins qui comme toi jouissent d’une telle noble bivalence médico-littéraire.

J’aimerais te dire que l’enfance de Jabbour était géniale comme il l’était toute sa vie, sans oublier son hyperdynamisme avec ce visage d’enfant au sourire gracieux.

J’ai vu et « vécu » Jabbour à toutes les étapes de sa vie, phase terminale exclue, nous partagions à la même période les peines et les douleurs du même « assassin », et les prières des grand-mères des enfants que j’ai soignés me font encore de l’effet.

Je l’ai connu tout petit, adolescent, puis élève des classes terminales, totalement différent de trois autres amis de classe zghortiotes, devenus des généraux dans notre armée.

Il aimait contempler avec nous ses quatre camarades de classe à partir de la terrasse de l’immeuble Arida que nous habitions, l’école, sa chapelle, les stades et les filets de volley-ball ainsi que les paniers de basket-ball, même s’il préférait de loin les activités intellectuelles.

Jabbour aimait le crayon, le papier et l’alphabet, et aimait moins les calculs et les chiffres. Il proposait des idées et exprimait des perceptions tout à fait personnelles. Malgré son faciès souriant et sa politesse lassalienne, Jabbour, le petit enfant génial devenait le héros dont il parle dans ses livres, sachant bien se défendre et à la zghortiote, s’il était agacé par un camarade qu’il trouvait méchant.

J’ai connu Jabbour enfant, papa et grand-papa, jusqu’à son envol lointain, comme il l’a clairement raconté dans son dernier livre Il y avait du poison dans l’air.

Jabbour, l’enfant génial et mature, reste l’acteur intelligent et naturel de tous ses contes qui seront lus et relus par toutes les générations, à l’école et à l’université. Le riche patrimoine littéraire qu’il a laissé fera le sujet de grands nombres de travaux de recherche et de thèses de fin d’études dans toutes les facultés du monde. L’enfance géniale de Jabbour est une histoire de gènes capables de mutations régénératives qui se transmettront à toute sa progéniture, chose déjà acquise, et de quoi faire parler de Jabbour des siècles et des siècles durant.

Il me reste à dire que l’Institut français à Tripoli et les organisateurs étaient comblés de voir cet immense amphithéâtre archiplein de francophones rappelant à tous les gens du Nord, les beaux et agréables moments d’antan vécus dans cette belle ville de Tripoli.

Merci cher ami et à la prochaine.

Médecin d’enfants

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Vendredi 14 juin, une rencontre exceptionnelle autour de l’écrivain Jabbour Douaihy s’est tenue au Centre culturel Safadi, à Tripoli, ville très chère au cœur de l’écrivain zghortiote. À cette occasion j’adresse cette lettre à Antoine Courban, un des intervenants.Cher Antoine,J’ai été très heureux de te voir et surtout de t’écouter à Tripoli, notre ville natale tant...