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Économie - Justice

"Biens mal acquis" de Riad Salamé : un auditeur mis en examen

Antoine G., patron de la filiale libanaise de BDO audit, est suspecté d'avoir « facilité (...) la justification mensongère de l'origine des biens et revenus » de l'ex-gouverneur de la BDL.

L'ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, dans son bureau à Beyrouth, le 31 juillet 2023. Photo d'archives REUTERS/Mohamed Azakir

Le patron d'un important cabinet d'audit libanais a été mis en examen le 14 mai à Paris pour complicité de blanchiment pour un rapport dédouanant l'ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé d'accusations de détournement de fonds publics, a appris l'AFP vendredi de source proche du dossier.

Dans le détail, Antoine G., patron de la filiale libanaise de BDO audit, est suspecté d'avoir "facilité (...) la justification mensongère de l'origine des biens et revenus de M. Salamé, des structures dont il est le bénéficiaire économique, ou des membres de sa famille", selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance.

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Ce Libano-Belge âgé de 70 ans est mis en cause en tant qu'associé-gérant de BDO, pour "un rapport AUP", soit une mission de procédures convenues, qui a été "produit en justice pour justifier l'absence de détournements de fonds publics, et donc l'origine licite du patrimoine de M. Salamé". Selon la réglementation, un rapport AUP ne vise pas à vérifier l'exactitude d'une comptabilité mais seulement à dresser une liste de faits établis.

Ce rapport de novembre 2021 a pourtant été versé à l'enquête deux mois plus tard par la défense de M. Salamé avec ce commentaire : "Établi par le cinquième plus grand cabinet d'audit mondial, il vient confirmer que notre client n'a jamais perçu de fonds de la Banque du Liban, à l'exception de sa rémunération".

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Ce rapport "instrumentalisé" ne pouvait "servir de base à justifier de l'origine des fonds" ni à "prouver quelque chose", s'est défendu Antoine G. le 14 mai devant la juge d'instruction. Antoine G. "déplore et conteste fermement l'usage détourné de ce rapport à des fins contraires à celles pour lesquelles il a été établi", ont commenté ses avocats, Me Léon del Forno et Jade Radix Hess. "Aucune responsabilité ne peut donc lui être imputée, a fortiori pénale. Sa mise en examen sera donc contestée et il devra bénéficier d’un non lieu", ont-ils ajouté.

Interrogé par l'AFP, Me William Bourdon, l'un des avocats de l'association Sherpa et du Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CPVCL), parties civiles, a indiqué que cette "mise en examen est une pièce supplémentaire à la révélation d'une captation par un clan familial des ressources publiques du Liban". Outre Riad Salamé, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis mai 2023, au moins quatre autres personnes sont poursuivies dans ce dossier.


Mise au point
Suite à l’article intitulé « « Biens mal acquis » de Riad Salamé : un auditeur mis en examen », publié le 21 juin, Antoine G., patron de la filiale libanaise de BDO Audit, a tenu à envoyer la mise au point suivante :

« Le titre de l’article (paru dans les pages du journal, ndlr) est inexact puisque notre client n’a pas été « inculpé » mais « mis en examen ». Ce statut très préliminaire en droit français repose sur des indices appréciés par un juge unique sans qu’il n’ait à les lister ni à les motiver par écrit. La présomption d’innocence de notre client est totale et cette décision d’étape non motivée ne préjuge absolument pas d’un éventuel procès et encore moins d’une quelconque responsabilité pénale. De toute manière, notre client entend du reste contester cette décision injustifiée et injuste en usant des voies du droit offertes par le droit français pour ce faire.

« S’agissant du contenu de l’article, le rapport établi par le cabinet de notre client ne « dédouane » absolument pas R. Salamé. Ce rapport AUP (qui n’est en aucun cas un rapport d’audit) se borne à dresser des constats factuels sur la base d’un corpus documentaire limité qui lui a été fourni. Il a accompli son travail avec rigueur et dans le respect le plus strict de sa déontologie et de ses obligations professionnelles, comme il le fait depuis plus de 30 ans sans que sa réputation n’ait jamais été remise en question.

« Notre client n’est en aucun cas responsable de l’usage postérieur qui a été fait de ce rapport, étant précisé que son usage en justice n’avait pas été autorisé par ses soins et que ce n’est qu’à l’occasion de sa comparution devant le juge français qu’il a appris que ce rapport avait été versé dans la procédure judiciaire française et dans quelles conditions. Il ne peut en aucun cas être tenu pour complice d’un acte postérieur à son intervention dont il n’avait pas connaissance. Son travail a été instrumentalisé à son insu.

« Notre client est totalement étranger aux faits de blanchiment et de détournement présumés imputés à R. Salamé et entend faire respecter son honneur et sa présomption d’innocence. »

Le patron d'un important cabinet d'audit libanais a été mis en examen le 14 mai à Paris pour complicité de blanchiment pour un rapport dédouanant l'ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé d'accusations de détournement de fonds publics, a appris l'AFP vendredi de source proche du dossier.

Dans le détail, Antoine G., patron de la...
commentaires (3)

Je ne m’inquiète pas pour R. Salamé. Non seulement nos politiciens le protègent mais aussi certains pays ou les milliards volés ont atterri. On ne tue pas la poule aux oeufs d’or et surtout on ne la coince pas de peur de tout révéler sur tout le monde. Il a encore de beaux jours devant lui pour continuer à conseiller les nouveaux voleurs moyennant commission

Sissi zayyat

16 h 32, le 24 juin 2024

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Commentaires (3)

  • Je ne m’inquiète pas pour R. Salamé. Non seulement nos politiciens le protègent mais aussi certains pays ou les milliards volés ont atterri. On ne tue pas la poule aux oeufs d’or et surtout on ne la coince pas de peur de tout révéler sur tout le monde. Il a encore de beaux jours devant lui pour continuer à conseiller les nouveaux voleurs moyennant commission

    Sissi zayyat

    16 h 32, le 24 juin 2024

  • 90% de la population libanaise maudissent tellement Riad Salame que je me demande comment ce dernier peut encore se coucher toutes les nuits et dormir

    Lecteur excédé par la censure

    15 h 58, le 22 juin 2024

  • Quelle honte ! Doit-on rappeler une évidence : un auditeur engage sa responsabilité lorsqu'il produit un rapport. Sa responsabilité, sa réputation, et son éthique.Si le rapport en question est bien en défaut, son auteur mérite les peines les plus dures prévues par la loi.

    K1000

    02 h 40, le 22 juin 2024

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