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Politique - Repère

Tracé maritime, migrants syriens, mariage civil : les dossiers en cours entre Chypre et le Liban


Tracé maritime, migrants syriens, mariage civil : les dossiers en cours entre Chypre et le Liban

Un bateau de migrants arrivant à Tripoli, au Liban-Nord, après avoir été refoulé par Chypre. Photo non datée envoyée par notre correspondant Michel Hallak

Chypre a longtemps été une terre de refuge et d’accueil pour les Libanais contraints de fuir la guerre civile sans trop s’éloigner du pays. Entre 1975 et 1990, l’île a hébergé des centaines de milliers de ressortissants munis de visas et de ressources suffisantes pour y vivre décemment. Cette relation s’est poursuivie lors d’épisodes ultérieurs de violence, durant l’agression israélienne de 2006 notamment. La dernière vague de départs pour Chypre est toute récente. Elle a débuté lors de la crise financière qui a vu, en 2019, l’effondrement de la monnaie libanaise et l’émergence d’un mouvement de protestation inédit. Forcément, cette présence a entraîné d’importants investissements libanais sur l’île. Tout cela a failli être remis en cause par les propos belliqueux du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à l'encontre de Nicosie. Mais la crise a vite été circonscrite par les autorités des deux pays qui entretiennent d'étroites relations et collaborent en ce moment sur plusieurs dossiers importants. 

Frontières maritimes
D'abord, la frontière maritime. Le 27 octobre 2022, le Liban signait avec Israël un accord historique pour tracer leur frontière maritime. Avec l’adoption de la ligne 23 entre les deux pays, le point 23 s’impose désormais comme point de rencontre tripartite entre les frontières maritimes du Liban, de Chypre et d’Israël.

Entre le Liban et l’île de Chypre, un premier accord signé en 2007 concernant la délimitation de leurs eaux territoriales n’avait jamais été officialisé par le Parlement libanais. La ligne 1 était alors revendiquée de manière erronée par Beyrouth et le point 1 considéré comme la limite sud-ouest de la ZEE du Liban et le point tripartite de rencontre entre le Liban, Chypre et Israël. Les autorités chypriotes n’ont pas pour autant modifié la reconnaissance de ce point auprès des Nations unies.

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Pour Chypre, modifier ce point n’a aucune incidence sur la zone économique exclusive (ZEE) de l’île, car les eaux territoriales du Liban et de Chypre sont séparées par une ligne équidistante. Mais dans un Liban sans président depuis le 31 octobre 2022, le dossier est gelé. Et le point 23 n’est que la limite sud de la ligne frontalière qui sépare les ZEE de Chypre et du Liban. Ce point doit être relié à un point tripartite au Nord, toujours objet de litige entre le Liban et la Syrie (le Liban revendique le point 7 à l’extrême nord). Ankara pourrait aussi s’inviter dans la danse comme il l’avait fait en 2007, lorsqu’il avait empêché les autorités libanaises d’officialiser l’accord de 2007 avec Nicosie, estimant qu’il avait son mot à dire sur la question.

Crise migratoire
Le dossier des migrants clandestins qui accostent sur l’île de Chypre en provenance du Liban est depuis quelques mois source de tension entre Nicosie et Beyrouth. Chypre, l’État le plus à l’est de l’Union européenne et le plus proche du Moyen-Orient, se trouve à environ 160 kilomètres à l’ouest des côtes libanaises ou syriennes. Les quinze premiers jours du mois d’avril 2024, plus de 1 000 personnes, principalement des réfugiés syriens, mais aussi des Libanais fuyant la crise économique, ont atteint les côtes chypriotes sur des embarcations en provenance du Liban.

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Ce dossier a failli provoquer un incident diplomatique entre les deux voisins. Le 8 avril, le président chypriote, Nikos Christodoulidès, s’est déplacé au Liban où il a rencontré le Premier ministre Nagib Mikati. Ils se sont entendus sur la nécessité que Chypre intercède auprès de l’UE pour la mise en place d’un accord avec le Liban sur le dossier des migrants syriens. M. Christodoulidès a dans ce cadre appelé le Liban à ne pas « exporter » son problème migratoire, tandis que M. Mikati a appelé à « comprendre » la situation difficile du pays.

Les autorités de l’île ont même été épinglées par Amnesty International pour détention d’une centaine de migrants chaque année, dans des conditions proches de la prison, pour une durée pouvant atteindre 18 mois. Selon le moukhtar de Bebnine, au Akkar, Zaher Kassar, 21 hommes environ de la localité, tous libanais, se sont retrouvés derrière les barreaux à Chypre, cette année. Des cas de bateaux bloqués par les garde-côtes chypriotes et de migrants renvoyés au Liban par mer ont même été rapportés.

Mariage civil
La proximité de l’île de Chypre et ses plages en font la destination première des Libanais désireux de se marier civilement, devant la Turquie, la Géorgie ou même l’Arménie. Car le mariage civil n’est reconnu au Liban que s’il est contracté à l’étranger. Et pour nombre de Libanais soucieux de s’émanciper des lois communautaires, il est désormais un passage obligé.
L’île de Chypre, qui a reconnu le mariage civil dès 1923, officie quelque 700, voire 800 mariages civils de Libanais chaque année environ, selon les estimations du propriétaire de l’agence de voyages Nadia Travel, Guénadi Raji. Dès 2005, il était le premier voyagiste libanais à baser sa stratégie sur les mariages civils à Chypre, formalités comprises. À l’époque, le nombre d’unions civiles de Libanais sur l’île ne dépassait pas 500 annuellement. Aujourd’hui, non seulement le processus s’est rodé et accéléré, mais il intéresse désormais un nombre plus élevé d’agences de voyages locales qui se partagent ce marché lucratif.

Chypre a longtemps été une terre de refuge et d’accueil pour les Libanais contraints de fuir la guerre civile sans trop s’éloigner du pays. Entre 1975 et 1990, l’île a hébergé des centaines de milliers de ressortissants munis de visas et de ressources suffisantes pour y vivre décemment. Cette relation s’est poursuivie lors d’épisodes ultérieurs de violence, durant l’agression...
commentaires (2)

Et comment !!! Le mouvement de protestation “inédit »qui a viré au cauchemar, n’était en fait que le début de l’effondrement tous azimuts du pays.

Hitti arlette

18 h 53, le 22 juin 2024

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Commentaires (2)

  • Et comment !!! Le mouvement de protestation “inédit »qui a viré au cauchemar, n’était en fait que le début de l’effondrement tous azimuts du pays.

    Hitti arlette

    18 h 53, le 22 juin 2024

  • Et voilà que HN monte sur ses grands chevaux pour mettre terme à toute amitié de n’importe quel pays qui serait susceptible de soulager les libanais de ces boulets qui usurpent notre pays.

    Sissi zayyat

    20 h 33, le 21 juin 2024

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