L’auteur-compositeur-interprète, réalisateur artistique, musicien, styliste, rappeur et producteur Pharrell Williams présente les créations masculines Louis Vuitton au palais de l’Unesco. Geoffroy Van der Hasselt/AFP
La Semaine de la mode masculine, lancée le 18 juin dans un Paris en ébullition, s’est achevée dimanche. Le premier jour de cet événement saisonnier a été marqué par le deuxième défilé des lignes homme de Louis Vuitton au palais de l’Unesco, sous la direction artistique de Pharrell Williams qui a placé sa collection sous le signe de la diversité raciale et de l’unité humaine.
Entre l’approche des élections législatives anticipées, fin juin, et la date butoir des Jeux olympiques, le 26 juillet, Paris est une fête désordonnée qui doit encore caser dans ses espaces en chantier et ses routes encombrées les événements du calendrier de la mode. Du 18 au 23 juin se tenaient les défilés masculins des collections de l’été 2025 avant le lancement de la haute couture, du 24 au 27 juin. Ouvrant le bal, l’auteur-compositeur-interprète, réalisateur artistique, musicien, styliste, rappeur et producteur Pharrell Williams présentait les créations masculines Louis Vuitton au palais de l’Unesco. L’annonce, le 14 février 2023, de sa nomination à la direction créative masculine de LV, poste laissé vacant deux ans durant après la mort de son prédécesseur Virgil Abloh en novembre 2021, avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le décor ciel bleu de la planète mode. Le pari de Louis Vuitton s’est pourtant révélé gagnant. En confiant cette responsabilité à un créatif iconique, n'ayant pourtant jamais créé de vêtements, la marque avait pressenti que le chanteur du tube planétaire Happy ajouterait de la valeur à son facteur désir et ne s’est pas trompée, comme le prouve le succès de cette troisième collection signée par Pharrell Williams.
De fait, seul un Pharrell Williams pouvait se permettre de briser le tabou racial avec autant d’évidence et d’élégance qu’il l’a fait pour cette collection masculine LV été 2025. Modèles noirs en noir (« la nuance la plus noire jamais créée par Louis Vuitton », indiquait le manifeste), modèles blancs en blanc ou beige, métis en marron… Toutes les couleurs de peau avaient leur place avant une grande réunion multicolore pour le final. L’idéal universaliste naguère célébré par Benetton à travers « toutes les couleurs du monde » était ici pris dans son sens littéral, sous les drapeaux de toutes les nations flottant au vent de Paris.
Apparition de Pharrell Williams pendant le défilé Louis Vuitton homme à Paris. Johanna Geron/Reuters
Le défilé baptisé « Le monde est à vous » voulait aussi symboliser l'union des amis de la marque venus des quatre coins du monde. Le défilé LV, traditionnellement marqué par des invités têtes d’affiche propres à provoquer des émeutes, était cette année plus discret malgré la présence de l'acteur Omar Sy, de l'ex-international de football Didier Drogba, du chanteur nigérian Burna Boy ou du nouveau prodige du basket, le Français Victor Wembanyama.
Costumes de diplomate à sage mallette, voyageurs pressés à l’allure de pilote en bombers de cuir XXL à capuche, casquette et lunettes, silhouettes et accessoires célébraient une génération d’hommes extrêmement mobiles. Issue du voyage, la maison Louis Vuitton était ainsi ancrée organiquement dans son ADN, introduisant dans le nomadisme caractéristique de notre époque la dimension plus vaste encore de l’abolition des frontières et de la fraternité humaine. Un parti pris qui s’exprime aussi à travers le nouveau damier de la célèbre toile monogrammée, en vert et bleu, couleurs de la Terre. Les dates des défilés ayant été rapprochées en raison des multiples échéances du calendrier parisien, plusieurs maisons ont déclaré forfait, parmi lesquelles Olivier Roustaing pour Balmain. Cette saison sera marquée par des départs, notamment celui de Virginie Viard, la directrice artistique de Chanel, et Dries Van Noten qui annonçait défiler pour la dernière fois avant la mise en retrait de sa marque.