Rechercher
Rechercher

Culture - Musique

Festival du Bouzouk à Dar Onboz : un pont entre tradition et modernité

La plateforme indépendante spécialisée dans la création de livres illustrés artistiques a programmé 11 dates autour de cet instrument à cordes, parent pauvre du oud.

Festival du Bouzouk à Dar Onboz : un pont entre tradition et modernité

À Dar Onboz, des retrouvailles en musique autour du bouzouk, parent pauvre du oud. Photo Dar Onboz

L’une vient du monde de l’audiovisuel et de la musique, l’autre de l’art, du design et de l’édition. Toutes deux forment le tandem derrière la plateforme créative interdisciplinaire Dar Onboz au cœur de laquelle le livre tient une place centrale, et dont la devise est d’éduquer, voire peaufiner le goût et le savoir, ainsi que transmettre le beau. 

Nadine Touma et Sivine Ariss fondent en 2006  cette plateforme indépendante spécialisée dans la création de livres illustrés artistiques pour enfants et adultes, qui met en avant des œuvres innovantes de haute qualité mettant en exergue les langues et cultures arabes et levantines avec une seule exigence : la qualité, maître-mot de ces deux femmes dont l’empreinte est reconnaissable à mille lieues et pour qui élever et rassembler est essentiel, mais de manière accessible à tous. « Notre projet est né de l’amour, de l’amour de cette terre et ses ancêtres, de l’art, de la langue arabe, du livre, de la littérature, du partage et de l’envie d’être un pont entre le présent et l’avenir et aussi celle de transmettre le savoir-faire, l’héritage oral », explique d’emblée Nadine Touma. « Je suis consciente de l’étendue des vols et viols qui ont créé une forme de mépris pour ce que nous sommes et qui a induit en moi l’urgence de recouvrer un sens de l’appartenance, d’où l’importance de le perpétuer auprès des jeunes et d’un public très varié qui brasse large, qui s’unit plutôt que ne se divise, autour de cette connaissance. » Nous ne voulons pas que seuls vos lecteurs avertis nous fréquentent, mais aussi tous ceux qui ne savent pas, mais demeurent curieux d’apprendre », poursuit-elle.

Jnaynet Ahl el-Dar (Le jardin de Ahl el-Dar), un lieu de verdure et de culture. Photo Dar Onboz

Petit retour sur la naissance de Dar Onboz

« Dar Onboz » en français c’est la « Maison des graines de chanvre », ces graines grillées qui vous sont offertes avec toute acquisition. C’est d’ailleurs de la grand-mère de Nadine Touma, connue pour ses récits et ses graines de chanvre grillées qu'elle partageait avec ses petits-enfants que vient le nom de la plateforme qui produit des livres visuellement et intellectuellement stimulants, souvent en collaboration avec de nouveaux talents à Beyrouth et fréquemment récompensés à l’étranger. En plus de son activité éditoriale, la plateforme Dar Onboz, qui est très enracinée dans la communauté, organise des ateliers d'écriture créative et d'illustration dans les écoles et les bibliothèques publiques, afin d’encourager l'expression artistique et la créativité chez les jeunes générations. Cette approche holistique vise à enrichir la socialisation littéraire et esthétique des enfants et valoriser la culture arabe.

Lire aussi

« beirut 360 », le musée qui met la ville dans la poche

Décembre 2023, elles ouvrent en pleine crise et angoisse du lendemain à Sami el-Solh, Dar el-Ahl, un espace pour accueillir artistes et clients après avoir conclu en juillet 2023 une entente avec la municipalité pour exploiter ce qu’elles appelleront Jnaynet Ahl el-Dar (le jardin familial), un jardin essentiel pour toute respiration et réflexion par les temps qui courent. « Ce qui nous donne cette motivation et cette énergie, c’est ce chemin que nous traçons sans aucune déviation depuis 2006 », confie Nadine Touma à L'Orient-Le Jour. Ce jardin de 3 000 m2 situé à 15 secondes littéralement de l’espace de vente est donc emprunté à la municipalité en contrepartie de son entretien et il est ouvert au public. Et c’est l’ange gardien Maallem Charbel, comme se plaît à le surnommer Nadine, qui en prend soin et garde ce lieu abritant de nombreuses activités, certaines annoncées, d’autres non. « J’avais besoin d’un point d’ancrage dans cette ville où je ne me retrouvais plus, où je ne retrouvais plus la finesse, le goût, la distillation des essences dans la poésie, dans la beauté ; j’avais besoin d’intimité dans un espace à taille humaine qui offre des repères », enchaîne l'autrice et éditrice. Dar Onboz a pour mission de développer ses projets avec moult collaborateurs dont les artisans de Ahl el-Dar qui lui sont affiliés depuis un moment déjà, « une sorte de famille qui s’établit, avec laquelle nous tissons des liens à long terme toujours en rapport avec la faune et la flore, la nature, l’héritage artisanal, l’histoire des objets de notre pays », élabore Nadine Touma.

Les publications de la maison d'édition Dar Onboz. Photo DR


Festival de bouzouk

Le lieu abrite également des expositions et concerts dont le dernier en date est un festival dédié à ce parent pauvre du oud qu’est le bouzouk et « qui ne figure même pas parmi les instruments du conservatoire », s’exclame l'organisatrice. La musique a toujours été partie intrinsèque de l’univers Dar Onboz, puisque les livres sont souvent accompagnés de CD de lectures de contes avec musique de tous horizons, mais le fait de commencer avec le bouzouk était une décision très claire du duo. « Il faut inculquer le goût qui n’est pas que subjectif », insistent-elles.

Le festival qui décompose concrètement l’instrument pour mieux comprendre sa construction se décline sur un historique et un hommage aux légendes de cet instrument populaire de l’est et l’ouest de la Méditerranée et de la Route de la soie, qui est associée au voyage, à l’élévation qu’il a connue en Turquie, Irak et Iran et sa dimension au sein de la musique populaire, notamment avec les Rahbani dont Assi et Ziad. D’ailleurs aujourd’hui il connaît une certaine renaissance.

« Étonnamment, ce sont les femmes surtout à l’époque des cours qui en jouaient », affirme Nadine Touma. C’est peut-être un peu pour cette raison que Farah Kaddour et son bouzouk ainsi que son premier album sont au centre de ce festival de 11 dates qui met à l’honneur son talent et les nouveaux sons qu’elle propose dans des dialogues entre le bouzouk et la guitare électrique de Marwan Tohmé, par exemple, le oud d’Oussama Abdel Fattah, l’accordéon oriental de Samah Boul'Mona et également avec le fils de Matar Mohammad. Un instant de tradition et de connaissance que s’évertuent à diffuser deux fées du logis patrimonial devenues gardiennes de mémoire, et qui savent mieux que quiconque que c’est avec les racines et le passé qu’on concocte le meilleur avenir possible.

Le festival se poursuivra jusqu’au 30 juin et le programme complet est à retrouver sur les pages Facebook et Instagram de Dar Onboz. 

L’une vient du monde de l’audiovisuel et de la musique, l’autre de l’art, du design et de l’édition. Toutes deux forment le tandem derrière la plateforme créative interdisciplinaire Dar Onboz au cœur de laquelle le livre tient une place centrale, et dont la devise est d’éduquer, voire peaufiner le goût et le savoir, ainsi que transmettre le beau. Nadine Touma et Sivine...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut