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Dernières Infos - France

Législatives: les chefs de file des principaux partis devant les patrons


Le Premier ministre français Gabriel Attal et la candidate du groupe Renaissance, Julie Delpech, lors d'une visite de campagne au Mans, dans le nord-ouest de la France, le 20 juin 2024, avant les prochaines élections législatives. Photo GUILLAUME SOUVANT / AFP

La gauche demande un effort aux milliardaires, l'extrême droite veut rassurer: les représentants des principaux partis engagés dans la campagne éclair des législatives en France ont passé jeudi leur grand oral devant le patronat.

Le chef de file du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella, en tête dans les sondages, celui de La France Insoumise (extrême gauche, LFI) Jean-Luc Mélenchon ou l'actuel Premier ministre Gabriel Attal ?

« Les Français vont choisir un Premier ministre » le 30 juin et le 7 juillet, a affirmé M. Attal, chef de file du camp présidentiel, en personnalisant la campagne des législatives autour de ces trois figures, quand bien même la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) n'a pas encore désigné son futur candidat au poste de chef du gouvernement en cas de victoire.

Alors que sa majorité s'inquiète de l'animosité suscitée par le président français Emmanuel Macron dans l'opinion, le Premier ministre a tenté jeudi de reprendre les rênes en se déplaçant dans l'ouest du pays, exhortant les Français à donner « une majorité absolue » à son camp. Des mots déjà employés à l'identique par M. Bardella, qui refuserait le poste en cas de majorité relative le 7 juillet.

Mais sa déambulation dans la ville du Mans a été écourtée par une trentaine de manifestants dont l'un criait: « Vous êtes le paillasson de l'extrême droite », a constaté un journaliste de l'AFP.

Ciblé de toutes parts par les oppositions et épinglé mercredi par la Commission européenne qui a ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs, le camp présidentiel a tenté de défendre son programme économique devant les chefs d'entreprises.

C'est l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui a ouvert la série d'auditions devant des patrons réunis à Paris, en répétant son attachement à la politique en faveur des entreprises déployée par l'actuelle majorité présidentielle.

« Il ne faut absolument pas changer la logique », a-t-il déclaré devant un large auditoire composé d'organisations patronales. Il faut « même aller plus loin », selon lui.

« Patriotisme économique » 

Il a été suivi par deux figures de la coalition de gauche, Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (Parti socialiste), qui ont défendu un programme accusé par l'exécutif d'être dispendieux.

Sur scène, M. Vallaud a proposé un « pacte productif nouveau » unissant les travailleurs, les capitaines d'industrie et les consommateurs ; et appelé les milliardaires à « un effort de patriotisme économique ». Critiqué pour les désaccords internes sur le chiffrage du programme, M. Coquerel a promis « quelque chose d'homogène » d'ici à la fin de la semaine.

Ce dernier a reçu des huées de l'auditoire quand il a fait la distinction entre « ceux qui produisent des richesses dans ce pays et ceux qui regardent avant tout les cours de la Bourse ». L'alliance de gauche a prévu de présenter le chiffrage de son programme vendredi midi lors d'une conférence de presse.

Cette grand-messe a été l'occasion pour le leader d'extrême droite Jordan Bardella et Eric Ciotti (Les Républicains, droite) d'apparaître pour la première fois côte à côte depuis l'annonce de leur alliance. Cette dernière a rompu le cordon sanitaire qui existait jusque là entre le parti de droite et l'extrême droite, au grand dam des principaux cadres de LR, qui sont entrés en guerre ouverte avec M. Ciotti.

M. Bardella a dénoncé la « déraison budgétaire » du gouvernement et le « risque de décrochage économique », s'engageant à supprimer « intégralement » un impôt de production qui pèse sur les entreprises - cette dernière mesure étant également défendue par la majorité.

Sur l'abrogation de la réforme des retraites - contestée dans de nombreuses manifestations, elle a repoussé l'âge légal de départ de 62 à 64 ans - une promesse dont les modalités restent floues, le doute n'a pas été levé: « On n'a absolument pas compris quel serait le calendrier et la réalité » de l'abrogation de la réforme, a réagi Patrick Martin, chef de l'une des organisations patronales françaises, le Medef, à l'issue des auditions.

Concernant la gauche, M. Martin a fustigé la proposition d'augmenter le salaire minimum pour le porter à 1.600 euros contre près de 1.400 euros net aujourd'hui, affirmant « si on veut précipiter la faillite d'entreprises, allons-y gaiement ».

Recours écartés 

Malgré cela, les promesses électorales se sont multipliées, au sein de la coalition de gauche, à l'extrême droite et même au sein du gouvernement après de récents engagements de Gabriel Attal en faveur du pouvoir d'achat. Ce dernier a d'ailleurs redit que les impôts n'augmenteraient pas - une « règle d'or », a-t-il dit.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a toutefois prévenu au cours de ces auditions: « la marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle ».

Qui saura le mieux convaincre à dix jours du scrutin ? Un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio notait jeudi une légère érosion du RN et de ses alliés à 34% des intentions de vote au premier tour, devant la gauche (29%) et le camp présidentiel (22%), ce dernier bénéficiant d'une petite progression sur quelques jours.

Une chose est sûre, le vote aura bien lieu: le Conseil constitutionnel a rejeté jeudi dix recours qui contestaient le décret de convocation des électeurs, jugeant les délais conformes à la loi fondamentale.


La gauche demande un effort aux milliardaires, l'extrême droite veut rassurer: les représentants des principaux partis engagés dans la campagne éclair des législatives en France ont passé jeudi leur grand oral devant le patronat.Le chef de file du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella, en tête dans les sondages, celui de La France Insoumise...