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Société - Justice

Dans la rue, des familles de victimes pressent le juge Hajjar de débloquer l'enquête sur le 4-Août

Les investigations n'ont plus cours depuis qu'en janvier 2023 l'ancien chef du parquet Ghassan Oueidate a enjoint aux forces de l’ordre de ne pas notifier les documents émis par le juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar.

Dans la rue, des familles de victimes pressent le juge Hajjar de débloquer l'enquête sur le 4-Août

Des proches de victimes de l'explosion au port de Beyrouth tenant un sit-in le 20 juin 2024 devant le Palais de justice de Beyrouth. Photo Claude Assaf

« Le chef du parquet, Jamal Hajjar, doit revenir sur la décision de Ghassan Oueidate d’interdire à la police judiciaire de coopérer avec Tarek Bitar », martèle Pierre Gemayel, aux côtés de quelques dizaines d’autres proches de victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, lors d'un sit-in organisé jeudi devant le Palais de justice de la capitale.

Depuis qu’en janvier 2023, l’ancien procureur près la Cour de cassation Ghassan Oueidate avait ordonné aux services sécuritaires de ne plus se plier aux instructions de Tarek Bitar, juge d’instruction près la Cour de justice, en charge de l'affaire, l’enquête est plus que jamais paralysée. Le juge Bitar ne peut plus faire exécuter ses notifications pour des demandes d’information, convocations et mandats d’arrêt, ce qui réduit pratiquement à néant sa marge de manœuvre.

La catastrophe, provoquée par l'explosion de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium mal stockés depuis des années, a tué plus de 235 personnes et blessé 6 500 autres.

« Assez de tergiversations ! »

Près de pneus brûlés par des manifestants, Paul Najjar, dont la fille Alexandra fait partie des victimes, met en garde contre une escalade « si d’ici au mois prochain le dossier n’est pas débloqué ». « Cela fera quatre ans, le 4 août prochain, que notre vie a basculé », rappelle-t-il, avant de promettre de mobiliser à cette date des organisations de droit international. Présent sur place, le secrétaire général du Bloc national, Michel Helou, ancien directeur exécutif de L’Orient-Le Jour, renchérit : « Enterrer le 4-Août, c’est enterrer toute la justice au Liban et nous voulons empêcher cela », déclare-t-il, en qualifiant l'explosion de « crime du siècle ».

Pour mémoire

Double explosion au port de Beyrouth : comment relancer l’enquête ?

Pour sa part, l'avocate Cécile Roukoz, qui a perdu son frère, s’adresse directement au juge Hajjar : « Nous vous demandons d’être à la hauteur (…). Assez de tergiversations ! » « Oubliez-vous qu’en tant que chef du parquet, vous avez le devoir professionnel, moral et humain, de ne pas laisser passer ce crime ? » lui demande-t-elle.

Elle interpelle aussi le magistrat Bitar : « Vous aviez jugé que vous êtes en droit de poursuivre vos investigations. Nous vous demandons de le faire, pour savoir qui vous empêche d’exercer vos prérogatives et qui sera lésé par la découverte de la vérité. » En janvier 2023, le juge Bitar avait présenté une étude selon laquelle il ne peut être ciblé par des recours visant à le dessaisir du dossier, alors que plusieurs responsables politiques et sécuritaires mis en cause dans l’affaire avaient présenté de tels recours. Il avait ainsi décidé de poursuivre son enquête avant que le procureur Oueidate ne prenne des mesures contre lui.

Quatre réunions

Contacté par L’Orient-Le Jour, Youssef Lahoud, membre du bureau de plaintes au sein de l’ordre des avocats de Beyrouth (défenseur de plus de 1 200 plaignants), exprime les mêmes demandes que celles des proches des victimes : « Il faut que le juge Hajjar revienne sur l’interdiction faite par Ghassan Oueidate à la police judiciaire de communiquer avec Tarek Bitar. C'est le principal nœud à défaire. Le juge Bitar doit, pour sa part, fixer de nouvelles audiences et envoyer des notifications aux personnes à interroger. » L'avocat admet toutefois qu'« à la lumière des contacts que mène le bureau de plaintes, aucune information ne laisse entrevoir de solution ».

Selon une source judiciaire informée, les juges Bitar et Hajjar ont tenu quatre réunions depuis l’accession de ce dernier à la tête du parquet en février. Cette même source rappelle que dès la prise de ses fonctions, Jamal Hajjar avait fait part de son intention de « remettre le dossier sur les rails ». Mais jusque-là, le juge Hajjar n'est toujours pas revenu sur les mesures prises par son prédécesseur. Quant au magistrat Bitar, il n'a pas encore décidé d'outrepasser les consignes de Ghassan Oueidate à la police judiciaire car, selon la source précitée, le juge d'instruction espère donner une chance aux discussions en cours avec Jamal Hajjar.

« Le chef du parquet, Jamal Hajjar, doit revenir sur la décision de Ghassan Oueidate d’interdire à la police judiciaire de coopérer avec Tarek Bitar », martèle Pierre Gemayel, aux côtés de quelques dizaines d’autres proches de victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, lors d'un sit-in organisé jeudi devant le Palais de justice de la capitale. Depuis qu’en...
commentaires (1)

La désignation de Monsieur Hajjar à un poste aussi stratégique ne se fait pas sans garanties. Ceux qui tirent les ficelles peuvent dormir tranquilles.

K1000

16 h 50, le 21 juin 2024

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Commentaires (1)

  • La désignation de Monsieur Hajjar à un poste aussi stratégique ne se fait pas sans garanties. Ceux qui tirent les ficelles peuvent dormir tranquilles.

    K1000

    16 h 50, le 21 juin 2024

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