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Société - Examens officiels

Halabi maintient les épreuves du bac libanais au 29 juin, des élèves inquiets

« Je ne sais pas si mes parents accepteront que je risque ma vie pour aller présenter le bac », réagit une lycéenne du Liban-Sud.

Halabi maintient les épreuves du bac libanais au 29 juin, des élèves inquiets

Des élèves pendant une épreuve officielle au Liban. Marc Fayad/Archives L’OLJ

« Les épreuves du bac libanais débuteront le 29 juin. Elles auront lieu en présentiel et seront unifiées pour tous les candidats du Liban, même ceux des régions frontalières dans le Sud dont les écoles sont restées fermées. » À moins de dix jours du début des épreuves officielles de fin d’études scolaires, les propos du ministre de l’Éducation Abbas Halabi à L’Orient-Le Jour viennent couper court aux rumeurs annonçant l’annulation des examens du bac général et leur remplacement par des attestations. Cette annulation est réclamée par une grande partie des élèves scolarisés dans les régions frontalières d’Israël, où les bombardements entre le Hezbollah et l’État hébreu se poursuivent depuis le 8 octobre et gagnent en intensité.

Sur un total de 45 000 candidats dans tout le pays, un millier d’élèves du privé et 540 de l’école publique sont issus de zones touchées par le conflit, où les établissements scolaires ont fermé leurs portes, selon les chiffres du ministère de l’Éducation.

Des acquis pris en considération

S’exprimant sur le contenu des épreuves, le ministre assure que « le programme effectivement étudié par les élèves des zones de conflit sera pris en considération lors de l’examen unifié que passeront tous les élèves de terminale sur le territoire libanais ». Autrement dit, tous les candidats du Liban seront évalués sur base des acquis des élèves du Liban-Sud. M. Halabi explique dans ce contexte qu’il ne peut attribuer aux bacheliers deux diplômes de différents niveaux. « Il est important de donner à tous les élèves du Liban la même chance d’obtenir un même diplôme », insiste-t-il.

Pour mémoire

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L’année scolaire des élèves de la bande frontalière a été particulièrement compliquée. Les cours, donnés essentiellement à distance, ont été régulièrement interrompus par les bombardements et les pannes de courant et d’internet. Ils ont, en conséquence, été moins consistants que ceux des autres établissements. « Hier matin (mercredi), l’aviation israélienne a largué cinq bombes non loin de Marjeyoun où je vis toujours, faute de pouvoir partir. Il m’est impossible d’étudier dans ce climat d’insécurité », confie Émilie, élève de terminale du collège des sœurs des Saints-Cœurs de Jdeidet Marjeyoun. « Nous cumulons les lacunes et sommes épuisés mentalement », lâche Georges, élève de terminale de la même institution et habitant de Marjeyoun. « Nous n’arrivons pas à boucler le programme parce que la situation ne cesse de se dégrader. Tout cela m’angoisse terriblement », renchérit Céline, habitante de Hebbariyé et candidate du même établissement que ses deux camarades. La mère d’une élève de la même région, sous le couvert de l’anonymat, dénonce pour sa part « l’absence de communication du ministère de l’Éducation ».

Sentiment d’injustice

Georges et ses camarades ont frappé à toutes les portes pour sensibiliser les autorités à ce qu’ils vivent au quotidien depuis le début du conflit et réclament des mesures particulières pour les candidats du Liban-Sud. « Le ministre de l’Éducation nous a promis de prendre notre situation en considération », raconte Georges. Le jeune homme prône pour sa part l’allègement des programmes d’examen de moitié. Sa camarade Céline va jusqu’à demander une évaluation sur base des notes scolaires ou l’octroi d’attestations.

« Les élèves de terminale des zones frontalières sont inquiets. Ils se sentent victimes d’injustice, car ils vivent la guerre au quotidien et craignent de se déplacer. Ils n’ont eu qu’un seul jour de cours en présentiel et n’ont pas fait le moindre examen blanc », déplore Salim Hajj, directeur de l’école secondaire publique de Rmeich (caza de Bint Jbeil). Ce sentiment d’injustice est partagé par les candidats qui ont pourtant trouvé refuge dans des zones sûres.

Déplacée de Kfar Kila (Marjeyoun) dès le début de la guerre, Hadil suit ses cours en ligne depuis Beyrouth où elle est installée avec sa famille. Elle s’inquiète des « lacunes » accumulées par rapport aux autres élèves du pays, mettant cela sur le compte « des aléas de l’enseignement en ligne et de la mauvaise qualité de la connexion internet ».

Zones sûres

Se voulant rassurant, le ministre Halabi explique que chaque candidat issu d’une région touchée par le conflit recevra une liste de centres d’examens situés dans des régions sûres. « Nous indiquerons aux élèves les centres situés en zones sûres. Ils auront la liberté de se rendre dans le centre de leur choix », précise le responsable. La mesure fait suite à celle annoncée mardi par la directrice de l’enseignement technique, Hanadi Berry, autorisant les élèves des mohafazats du Sud et de Nabatiyé à présenter les épreuves dans des centres différents de ceux qui leur avaient été initialement assignés.

« Nous ne sommes pas satisfaits par la baisse de niveau provoquée par les deux allègements successifs au programme depuis le mois d’avril, mais nous acceptons ces mesures pour garantir la tenue des épreuves officielles. Une annulation aurait été une catastrophe nationale », estime le secrétaire général des écoles catholiques au Liban, le père Youssef Nasr, qui est également coordinateur du regroupement des institutions éducatives privées.

Pour les élèves restés dans les régions touchées par le conflit, la situation reste compliquée. « Comment présenter le bac au bruit des obus et de l’aviation israélienne ? Comment vais-je me rendre de Hebbariyé à un centre d’examen alors que des frappes israéliennes ciblent des gens sur les routes ? demande Céline. Je ne sais pas si mes parents accepteront que je risque ma vie pour aller présenter le bac. »

« Les épreuves du bac libanais débuteront le 29 juin. Elles auront lieu en présentiel et seront unifiées pour tous les candidats du Liban, même ceux des régions frontalières dans le Sud dont les écoles sont restées fermées. » À moins de dix jours du début des épreuves officielles de fin d’études scolaires, les propos du ministre de l’Éducation Abbas Halabi à L’Orient-Le...
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