Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - France

Macron défend la dissolution, appelle au "sursaut" contre "les extrêmes"

Cette combinaison d'images créée le 10 juin 2024 montre (de gauche à droite) le président du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) et la tête de liste électorale Jordan Bardella, le président français Emmanuel Macron, et la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen. Photos AFP/BERTRAND GUAY, LUDOVIC MARIN

Critiqué pour avoir dissous l'Assemblée nationale après la débâcle de son camp aux élections européennes, le président français Emmanuel Macron a défendu mercredi un choix de "clarification" et appelé au "sursaut" face à l'extrême droite, en position de force avant les législatives, et l'extrême gauche.

Pour la première fois, le chef de l'Etat français a aussi admis sa "responsabilité" dans l'échec de son camp, laminé aux européennes dimanche par le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), tout en refusant "l'esprit de défaite" et se défendant de vouloir "donner les clés du pouvoir à l'extrême droite".

Tout au long d'une conférence de presse de plus d'une heure trente, le président s'est employé mercredi à justifier sa décision de dissoudre l'Assemblée, qui a plongé le pays dans l'incertitude, surpris dans son propre camp et fait imploser la droite républicaine autour d'une possible alliance avec le RN. "J'assume totalement d'avoir déclenché un mouvement de clarification. D'abord parce que les Français nous l'ont demandé dimanche. Quand 50% des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l'Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire : +On continue comme si de rien n'était+", a-t-il déclaré.

Malgré sa popularité en berne et les sondages qui font du RN le grand favori des élections du 30 juin et du 7 juillet, Emmanuel Macron a appelé les partis de sa majorité à entamer des discussions avec d'autres formations politiques qui auront "su dire non aux extrêmes" afin de "bâtir un projet en commun sincère et utile au pays" et "gouverner".

Esquissant quelques mesures programmatiques (grand débat sur la laïcité, interdiction du téléphone aux moins de 11 ans...), le président a surtout renvoyé dos-à-dos l'extrême droite, qui prônerait "l'exclusion", et l'extrême gauche incarnée par La France insoumise (LFI), qu'il accuse "d'antisémitisme et d'antiparlementarisme". "Je dis bien l'extrême droite en parlant du Rassemblement national, car ses dirigeants continuent de dire qu'il y a des vrais et des faux Français, continuent d'envisager de réduire la liberté de la presse ou de rejeter l'Etat de droit", a-t-il lancé, insistant sur les dangers d'une arrivée au pouvoir du RN, qui a totalisé 31,37% des votes dans les urnes dimanche en France.   "Si le Rassemblement national venait aux responsabilités, qu'est ce qui se passerait pour nos valeurs, pour nos compatriotes binationaux d'origines diverses vivant dans les quartiers?", a-t-il notamment lancé, accusant également le RN d'entretenir une "ambiguïté à l'égard de la Russie" sur l'Ukraine et de vouloir "la sortie de l'Otan". "Les marchés s'affolent, les partenaires européens internationaux s'inquiètent", a-t-il également fait valoir. 

Implosion à droite

M. Macron a également ciblé le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI), qu'il a accusé d'avoir "créé un désordre parfois constant" et "inquiétant" à l'Assemblée nationale, et a fustigé l'alliance "indécente" qui se dessine entre cette formation et d'autres partis de gauche malgré le "fossé" qui les sépare sur l'aide à l'Ukraine ou le statut du mouvement palestinien Hamas. Malgré ces divergences, la construction de ce nouveau "Front Populaire" prend forme à gauche avec un accord conclu très tard dans la nuit de mardi à mercredi pour se répartir la quasi-totalité des 577 circonscriptions en vue des prochaines législatives.

A droite, la confusion est bien plus grande. L'appel inédit mardi du chef des Républicains (LR, droite) Eric Ciotti à s'allier au Rassemblement national a fait imploser le parti héritier du général de Gaulle et créé un psychodrame. Un bureau exceptionnel du parti devait se réunir dans l'après-midi pour décider d'une éventuelle exclusion de son dirigeant, en son absence. Eric Ciotti "ne sera plus président des Républicains (...) il va être destitué", a asséné mercredi matin la sénatrice LR de Paris Agnès Evren.  Ravie de sa prise de guerre, la figure de proue du RN Marine Le Pen a salué "le choix courageux" et "le sens des responsabilités" d'Eric Ciotti. Le parti s'est également félicité d'un nouveau sondage publié mardi qui le crédite de 35% d'intentions de vote au premier tour des législatives.

Dans la majorité monte par ailleurs le débat sur la place qu'Emmanuel Macron doit jouer dans la campagne, certains députés et cadres redoutant un vote-sanction lié au rejet du président par une partie de l'opinion. Son ancien Premier ministre Édouard Philippe a ainsi jugé "pas complètement sain" que le président s'implique trop, pointant au passage une "colère" suscitée selon lui, dans l'opinion par la dissolution.  "Le Président de la République, il doit donner un cap, une vision, mais il n'est pas là pour faire campagne aux législatives. Donc je ne ferai pas campagne aux législatives", a répondu M. Macron.


Critiqué pour avoir dissous l'Assemblée nationale après la débâcle de son camp aux élections européennes, le président français Emmanuel Macron a défendu mercredi un choix de "clarification" et appelé au "sursaut" face à l'extrême droite, en position de force avant les législatives, et l'extrême gauche.Pour la première fois, le chef de l'Etat français a aussi admis sa...