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Politique - Présidentielle

La feuille de route de Bassil : dialogue puis élection, même sans entente

Le chef du CPL part à la quête d’un déblocage, mais l’opposition insiste sur des garanties d’abord.

La feuille de route de Bassil : dialogue puis élection, même sans entente

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et le président de la Chambre, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné le 10 juin 2024. Photo tirée du compte X de M. Bassil

Entente, sinon élection. Voilà les maîtres-mots de Gebran Bassil pour un déblocage de la présidentielle. Après avoir pressé oralement dans ce sens ces dernières semaines, le chef du Courant patriotique libre est passé lundi aux choses – un peu plus – concrètes en dévoilant la recette qui, selon lui, devrait permettre d’élire un nouveau président de la République.

Il appelle désormais à « un dialogue ou des consultations » suivis de séances électorales ouvertes opposant un nombre limité de candidats. À travers sa proposition, Gebran Bassil concrétise son positionnement de centriste capable de dialoguer avec (presque) tout le monde en quête d’une solution, sans pour autant lâcher explicitement l'opposition, avec laquelle il avait convergé sur la candidature présidentielle de l'ancien ministre Jihad Azour il y a un an. Il n’en demeure pas moins que le leader du CPL se rapproche aujourd'hui un peu plus du président de la Chambre, Nabih Berry (avec qui il a tout récemment rétabli les ponts), en se prononçant pour un dialogue mené par le maître du perchoir, ce qui demeure rejeté par l’aile radicale de l’opposition chrétienne, à commencer par les Forces libanaises, adversaire local aussi bien de Gebran Bassil que de Nabih Berry. 

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C’est à Aïn el-Tiné que le leader aouniste a entamé sa tournée auprès des protagonistes en quête d’une percée. Il s’est donc entretenu avec M. Berry, en présence de Ghassan Atallah, député CPL qui avait déployé les efforts pour une reprise de langue avec le chef du législatif. « Je ne suis porteur d’aucune initiative. Mais il est de mon devoir (…) d’œuvrer avec tous les protagonistes quand il y a une opportunité de tenir la présidentielle », a déclaré le député de Batroun, avant d’affirmer qu’« aucun compromis régional ne produira une solution au Liban », faisant valoir que le pari sur un tel scénario « n’est pas raisonnable ». Par ces propos, M. Bassil a non seulement répondu au candidat du tandem chiite, Sleiman Frangié, qui avait tenu des propos allant dans ce sens dimanche, mais il a dans le même temps justifié l’appel au « dialogue ou consultations pour trouver un consensus entre les Libanais ».

Selon nos informations, aux yeux du CPL, la démarche pourrait être menée par Nabih Berry. « Mais pour garantir que cette pratique ne deviendra pas une coutume, tout le monde doit s’engager à prendre part à des séances électorales (ouvertes) avec des tours de vote successifs, de manière à assurer les 65 voix requises (pour une élection du président au second tour) », a expliqué le leader aouniste, précisant qu’en cas d’échec des protagonistes à s’entendre après plusieurs jours de discussions, il serait question d’une compétition électorale dans le vrai sens du terme. Une source parlementaire aouniste explique dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que ce vote pourrait opposer un nombre limité de candidats (les deux ou trois bénéficiant du plus grand soutien) à l’issue d’un second round de consultations.

Berry n'en démord pas
De toutes les façons, il n'est pas sûr que la démarche de M. Bassil portera ses fruits. Car pour pouvoir se concrétiser, elle doit encore bénéficier du feu vert des anti-Hezbollah. Sauf que les assurances formulées par le chef du CPL depuis Aïn el-Tiné semblent insuffisantes pour calmer les appréhensions de ce camp, dont des leaders accusent M. Berry de vouloir leur imposer Sleiman Frangié à travers le dialogue. Dans une déclaration au quotidien saoudien al-Charq al-Awsat, le président du Parlement a déclaré sans ambages qu’il ne fera pas marche arrière au sujet des consultations qu'il pose comme une condition préalable à la convocation à un conclave. « Les consultations sont le passage obligé pour la tenue de l’élection (…) et les prétextes de certains pour les rejeter ne tiennent pas la route », a-t-il lancé. Une pique évidente aux FL qui ne ratent aucune occasion pour réitérer leur refus d'une telle démarche. Dernière en date, le communiqué publié lundi par le parti, qui rappelle que la Constitution ne fait pas mention de « consultations, passage obligé vers la présidentielle ». Le texte souligne que pour sortir le scrutin de l’impasse, « il suffit que M. Berry convoque une séance électorale avec des tours de vote successifs (…) et que les députés berrystes et leurs collègues de la moumanaa abandonnent leur politique de blocage ».

Contrairement aux FL, la rigidité ne semble pas de mise à Saïfi. Car le chef des Kataëb, Samy Gemayel, s'est montré disposé à passer outre « les questions de forme » pour défricher le terrain devant l’élection « à condition de ne pas commettre une entorse à la Constitution », comme il l’a souligné à l’issue d’une réunion avec une délégation du Parti socialiste progressiste, menée par Taymour Joumblatt. Ce dernier s’active également en vue de paver la voie à un dialogue dans la perspective d’une entente élargie. L'entretien entre les Kataëb et le PSP s'est tenu quelques heures avant une réunion entre Gebran Bassil et des députés de l’opposition. 

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« Samy Gemayel exige des garanties quant à la tenue d’un conclave quels que soient les résultats du dialogue », résume à L’OLJ Marwan Hamadé, député du Chouf. Ce point était d’ailleurs au centre de la déclaration du chef des Kataëb à la suite de l’entretien avec le PSP. « Nous sommes prêts à surmonter la question de la forme. Mais peut-on garantir que Sleiman Frangié se retirera de la course (avant les consultations), que les discussions porteront sur d’autres noms, et que la Constitution sera appliquée si le dialogue ne débouche pas sur une entente élargie ? » s’est interrogé Samy Gemayel, avant d’adresser un message implicite à Nabih Berry : « Nous avons une attitude positive. Mais nous n’accepterons pas que M. Frangié nous soit imposé, dans la mesure où il est pour l’arsenal illégal (du Hezbollah) et mènera la moumanaa à Baabda. » M. Gemayel a d’ailleurs répondu à l’appel du chef des Marada à une bataille présidentielle entre les quatre pôles maronites du pays (MM. Geagea, Bassil, Gemayel, Frangié) : « Au lieu de nous porter candidats, je lui propose que nous nous retirions tous car l’heure est au sauvetage du pays. »

Entente, sinon élection. Voilà les maîtres-mots de Gebran Bassil pour un déblocage de la présidentielle. Après avoir pressé oralement dans ce sens ces dernières semaines, le chef du Courant patriotique libre est passé lundi aux choses – un peu plus – concrètes en dévoilant la recette qui, selon lui, devrait permettre d’élire un nouveau président de la République. Il appelle...
commentaires (4)

Perte de temps inutiles, le tandem ne veut pas d’élection alors qu'elle est en perte de vitesse.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

08 h 54, le 12 juin 2024

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Commentaires (4)

  • Perte de temps inutiles, le tandem ne veut pas d’élection alors qu'elle est en perte de vitesse.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    08 h 54, le 12 juin 2024

  • Cause toujours petit, tu nous intéresse.

    Sissi zayyat

    12 h 54, le 11 juin 2024

  • - DE QUELLES ELECTIONS PARLE-T-IL, - ET SUR NOS TEMPES DU HEZB L,OUTIL ? - POUR DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES, - POINT D,ARMES EN DES MAINS ILLOGIQUES. - EN CE TYPE JE N,AI PAS CONFIANCE. - IL NE M,INSPIRE QUE LA DEFIANCE.

    LA LIBRE EXPRESSION. - NE PLUS LE FAIRE SVP

    10 h 23, le 11 juin 2024

  • Toutes ces "initiatives" ne diffèrent, en fait que par la terminologie: "discussions", "dialogue", "concertations". Elles ont en commun deux hérésies: être menées sous la houlette du président de la Chambre, alors qu’elles sont totalement informelles; constituer un préalable obligé à un scrutin qui serait – enfin - mené selon les règles fixées par la Constitution.

    Yves Prevost

    07 h 39, le 11 juin 2024

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