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Monde - ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale après la victoire de l’extrême droite en France

Le scrutin européen, marqué par une poussée de l’extrême droite dans nombre de pays, a provoqué un séisme politique dans l’Hexagone, sans pour autant bouleverser les équilibres politiques à Bruxelles.

Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale après la victoire de l’extrême droite en France

Le président français Emmanuel Macron prononçant son discours, suivi depuis le siège Rassemblement national, après la fermeture des bureaux de vote, le 9 juin 2024. Sarah Meyssonnier/Reuters

L’annonce est parvenue dès dimanche soir, à la surprise de tous. Tirant les leçons de la large victoire de l’extrême droite aux élections européennes en France, le président Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives le 30 juin et le 7 juillet prochains. « Cette décision est grave, lourde, mais c’est avant tout un acte de confiance », a souligné le chef de l’État, disant sa « confiance (...) dans la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures ». Et prenant acte que près de 40 % des suffrages ont été en faveur des partis d’extrême droite dont 31,5 % pour le Rassemblement national (RN) emmené par Jordan Bardella, 28 ans. Le RN engrangerait ainsi 31 des 81 eurodéputés français. S’ensuivent le parti Renaissance du président Macron (15,2 %) et la gauche sociale démocrate emmenée par Raphaël Glucksmann (autour de 14 %), selon des estimations des instituts de sondage. C’est un échec cuisant pour la majorité macroniste qui, en 2019, n’était distancée que d’un seul point par le Rassemblement national (23,34 % pour le RN contre 22,42 % pour la majorité). Les élections européennes en France ont aussi été marquées par une poussée relative de la gauche radicale représentée par La France insoumise (LFI) et Manon Aubry : 8,7 % contre 6,3 % des voix en 2019. Quant aux Verts, qui ont obtenu un score historique de 13,4 % en 2019, ils s’écroulent tout en restant légèrement supérieurs à 5 %, le seuil minimum pour obtenir des eurodéputés en France. La participation est estimée à 52,5 %, quelque 2,5 points de plus qu’en 2019.

Percée de l’extrême droite dans certains pays Ce scrutin européen, où plus de 360 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 720 eurodéputés, s’est déroulé depuis jeudi dans un climat alourdi par une conjoncture économique morose et la guerre en Ukraine, au moment où l’UE affronte des défis stratégiques face à la Chine et aux États-Unis. Outre-Rhin, où la participation a sensiblement progressé à environ 65 %, l’extrême droite allemande AfD est créditée en seconde place, avec 16,5-16 % des voix, derrière les conservateurs CDU-CSU (29,5-30 %). En dépit des derniers scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste, l’AfD a devancé les sociaux démocrates (14 %) de la coalition au pouvoir, un revers cuisant pour le chancelier Olaf Scholz. Autre parti au gouvernement, les Verts sont tombés à 12-12,5 %, très loin des 20,5 % obtenus en 2019.En Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ est crédité de 27 % des voix, en tête du scrutin. Les Néerlandais, premiers à voter jeudi, ont confirmé une hausse du parti d’extrême droite de Geert Wilders – en deuxième place derrière la coalition sociale démocrate/écologiste, selon des estimations. Et en Italie, où le vote a débuté samedi, le parti postfasciste Fratelli d’Italia (FDI) de la cheffe de gouvernement Giorgia Meloni pourrait envoyer 22 eurodéputés dans l’hémicycle, contre six actuellement. Mme Meloni, qui s’est présentée comme tête de liste à cette élection, a réaffirmé vouloir « défendre les frontières contre l’immigration illégale, protéger l’économie réelle, lutter contre la concurrence déloyale ».

Sûreté et sécurité

Si la poussée de l’extrême droite dans nombre de pays est confirmée, la « grande coalition » actuelle droite/socialistes/libéraux qui forge les compromis dans l’hémicycle européen devrait néanmoins y conserver la majorité. Mais elle pourrait voir sa marge de manœuvre réduite, l’obligeant à trouver des forces d’appoint et augurant d’intenses tractations dans les semaines à venir : les eurodéputés auront comme première tâche de confirmer les choix des dirigeants des Vingt-Sept pour la présidence de la Commission européenne. Mme Meloni et son parti pourraient jouer un rôle crucial pour la reconduction d’Ursula von der Leyen, issue du PPE (droite), à la tête de l’exécutif européen. En 2019, le Parlement ne lui avait accordé sa confiance qu’à une courte majorité (neuf voix). Surtout, alors que les eurodéputés adoptent les législations de concert avec les États, l’essor des droites radicales pourrait influer sur des dossiers cruciaux : défense contre une Russie expansionniste, politique agricole, objectif climatique 2040, poursuite des mesures environnementales...

« L’enjeu est de taille », a souligné la Première ministre danoise Mette Frederiksen, deux jours après avoir été agressée à Copenhague, citant notamment « la sûreté et la sécurité avec la guerre en Europe », « le changement climatique », « la pression sur les frontières de l’Europe » et l’influence des « géants de la technologie ». L’extrême droite reste cependant divisée au Parlement européen en deux groupes (ID et ECR) dont la rapprochement reste très incertain en raison de leurs importantes divergences en particulier sur la Russie.

« J’espère qu’une majorité propaix sortira de ces élections », a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orban après avoir voté à Budapest. Toujours très critique de Bruxelles, le dirigeant nationaliste multiplie par ailleurs les attaques contre l’OTAN, l’accusant d’entraîner les pays de l’Alliance dans une « conflagration mondiale » – à l’opposé d’une Giorgia Meloni soutenant fortement l’aide à l’Ukraine. Dans les pays voisins de la Russie en guerre contre l’Ukraine, la sécurité est une préoccupation majeure. « Je souhaite un renforcement de la sécurité (...) voire le déploiement d’un contingent européen sur notre territoire », affirme ainsi Andrzej Zmiejewski, médecin de 51 ans, après avoir voté à Varsovie.

La mobilisation de l’électorat est l’un des grands enjeux du scrutin. Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, avait encouragé les électeurs à se rendre aux urnes. « C’est le vote qui décide si l’avenir que nous construisons ensemble pour l’Europe et pour l’Espagne est un avenir de progrès ou un avenir de régression », a-t-il lancé.

Les pays nordiquesLes partis de gauche et écologistes ont progressé dans les pays nordiques lors des élections européennes, au contraire de l’extrême droite qui recule, selon des résultats et sondages sortie des urnes. En Finlande, le parti l’Alliance de gauche réalise une percée spectaculaire avec 17,3 % des suffrages, soit quatre points de plus qu’en 2019, selon les résultats basés sur 99 % des bulletins. « Je n’aurais jamais pu rêver de tels chiffres », a déclaré Li Andersson, la dirigeante de l’Alliance de gauche. Le parti va donc avoir trois des 15 sièges réservés à la Finlande au Parlement européen, contre un seulement lors du précédent scrutin. La Coalition nationale (centre droit) du Premier ministre Petteri Orpo consolide ses gains avec près de 25 % des voix, en hausse de près de quatre points.Le Parti des Finlandais, formation d’extrême droite qui participe à la coalition gouvernementale, recule à 7,6 %, soit une chute de 6,2 points. Il n’obtiendrait qu’un seul siège. « C’est un signal d’alarme pour notre parti », a déclaré Sebastian Tynkkynen, qui sera le seul élu, à la chaîne publique Yle. En Suède, les Verts font une percée et obtiennent 15,7 % des voix, soit une hausse de 4,2 points, selon un sondage sortie des urnes de la chaîne de télévision SVT. Le Parti de gauche progresse également (+4 points à 10,7 %), tandis que l’extrême droite des Démocrates de Suède marque un recul de 1,4 point à 13,9 %. Les sociaux démocrates maintiennent leur position et restent en tête avec 23,1 %. Au Danemark, dans un paysage politique très morcelé, le parti populaire socialiste est donné en tête et en nette progression de 5,2 points par rapport à 2019, avec 18,4 %, selon un sondage sortie des urnes donné par la télévision publique DR. Le parti social démocrate, à la tête de la coalition de gouvernement, reculerait à 15,4 %. Les deux partis devraient emporter chacun trois des 15 sièges danois.

Source: AFP

L’annonce est parvenue dès dimanche soir, à la surprise de tous. Tirant les leçons de la large victoire de l’extrême droite aux élections européennes en France, le président Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives le 30 juin et le 7 juillet prochains. « Cette décision est grave, lourde, mais c’est avant tout un...
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