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Culture - Rencontre

La Finlande de Sibelius au Liban : la musique classique est à tout le monde !

Longtemps associée à une certaine élite, la musique classique est pour Jussi Makkonen et Nazig Azezian universelle, surtout au sens vertical du terme.

La Finlande de Sibelius au Liban : la musique classique est à tout le monde !

La pianiste Nazig Azezian et le violoncelliste Jussi Makkonen. Photo DR

Quelle coïncidence ! Le violoncelliste Jussi Makkonen et la pianiste Nazig Azezian vivent à Carélie où ils partagent une vie conjugale et musicale, à l’endroit même où Sibelius, père de la musique classique finlandaise, a fait sa lune de miel en 1892 ! Carélie ou Karelya est une région qui synthétise effectivement la Finlande : endroit isolé et lointain où la nature occupe le devant de la scène en sifflant des airs de mélancolie et de paix. Des airs qui caractériseraient d’ailleurs la mentalité des citoyens, même leurs chants de Noël seraient touchés par le doux chagrin de la nature solitaire. 

Un programme arméno-finlandais

Le couple finlandais se trouve actuellement au Liban pour donner à l’hôtel al-Bustan – sous le patronage de l’ambassadrice de Finlande Anne Meskanen, de la directrice de l’Institut finlandais au Moyen-Orient, Dr Suzanne Dahlgren, et du consul honoraire de Finlande Zafer Chaoui – un concert de piano et de violoncelle, « qui s’ouvre et se clôture sur la musique finlandaise à travers Merkianto et Sibelius, en passant par la musique espagnole qui fait un clin d’œil au Liban méditerranéen ». Au cœur du programme, se trouve... le cœur de la pianiste qui est à moitié arménienne : Komitas, le père de la musique arménienne qui a effectué un travail homérique sur l’héritage musical, et Khatchatourian qui, malgré la dominance soviétique de l’époque, et malgré la dominance du pouvoir musical russe, a pu se démarquer en gardant les couleurs locales de son Arménie. Azezian est d’ailleurs fière de son double héritage et insiste sur « la puissance de l’identité qui passe de génération en génération ; le génocide n’a fait que la renforcer », estime celle pour qui la préservation des traditions, notamment par le biais de l’art, empêche nécessairement l’éradication d’un peuple. 

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Comment apprécier la musique ?

Passionnés par la préservation de l’héritage finlandais, arménien, mais aussi universel de la musique, Makkonen et Azezian, qui sont diplômés de l’Académie Sibelius, se lancent aussi dans une mission pédagogique. Mis à part leurs tournées dans de nombreux pays allant des USA à la Turquie, ils s’intéressent surtout à s’adresser à un public d’enfants de 11 à 17 ans, mais parfois même aux plus jeunes, dans le but de leur faire découvrir « ce qu’ils pourront adorer en grandissant ». En effet, le couple insiste sur l’éducation musicale dont le but est de « déclencher tout un potentiel chez les générations futures ». Le duo a d’ailleurs produit deux ouvrages, Blue Bird et Melody Forest, sur le folklore finlandais et français, accompagnés de CD de musique interprétée par eux.

Par ailleurs, Azezian rappelle que « la musique classique est un concept traditionnel qu’il faut respecter, mais qu’on peut bien verser dans le moule de nouveaux éléments » tels les vidéos sur les réseaux sociaux, les CD dans les contes d’enfants, les concerts hors salle, etc. ». Pour elle, si les modalités de la musique ne se renouvellent pas en touchant une large partie, « le public du concert finira par disparaître, ce qui mènera à notre disparition ». Elle précise aussi que la musique n’est pas faite pour les gens riches ou pour ceux qui l’ont étudiée, « cela est une idée reçue, un préjugé ; tous ceux qui ont accès à la musique classique doivent la partager avec le public car elle est universelle au sens vertical du terme : elle est faite pour tout le monde, tout le monde est fait pour la comprendre ». Cela n’est pas sans rappeler la vision de Sibelius qui sollicitait les gens « à vivre et à librement sentir la musique au lieu de l’analyser ou de se soucier de ses codes ».

Se rendant pour la première fois au Liban, le tandem Makkonen-Azezian se produit donc mercredi 5 juin à l’auditorium de l’hôtel al-Bustan. Le programme est divers mais pas du tout anodin : du Cygne de Saint-Saëns au célèbre poème symphonique Finlandia de Sibelius, le couple promet de faire ressentir les effets de « la lutte et de la mélancolie, non dans le sens grave de la tragédie, mais plutôt dans un sens de tristesse mêlée d’espoir, une mélancolie douce et paisible », tel un ciel finlandais en été qui vient à bon escient pour calmer celui du Liban. 

La résistance par la culture
Microcosme de la Finlande, la Carélie symbolise chaque petit pays qui a plusieurs grands frères dominants. Et c’est bien là où la musique finlandaise s’est démarquée : elle est devenue celle de la lutte et de la résistance contre la russification instrumentalisée de la Finlande de 1899 à 1917. Dans ses poèmes symphoniques, Sibelius a fait chanter par exemple la Kalevala, c’est-à-dire l’épopée nationale fondée sur la mythologie et le folklore finlandais afin de bâtir des icônes de la nation, et de résister culturellement, donc continuellement, à toute puissance voisine, suédoise soit-elle ou russe. À savoir que la musique finlandaise n’a pas été la seule à agir : les peintres et les écrivains se sont partagé la torche de la résistance pour définir un nationalisme plus patriotique que nationaliste à travers un mouvement enfanté par cette Carélie même, et appelé donc le carélianisme.
Quelle coïncidence ! Le violoncelliste Jussi Makkonen et la pianiste Nazig Azezian vivent à Carélie où ils partagent une vie conjugale et musicale, à l’endroit même où Sibelius, père de la musique classique finlandaise, a fait sa lune de miel en 1892 ! Carélie ou Karelya est une région qui synthétise effectivement la Finlande : endroit isolé et lointain où la nature occupe le...
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M.E

13 h 58, le 06 juin 2024

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Commentaires (2)

  • Vous avez corrigé votre erreur un jour trop tard. Bof

    M.E

    13 h 58, le 06 juin 2024

  • C'était mercredi 5 juin. Aujourd'hui c'est le jeudi 6 juin et j'ai raté le concert. Vous écrivez beaucoup mais le b-a-ba de ce genre d'article c'est aussi d'être précis et de mettre, au début ou à la fin et certainement pas perdu dans le texte, les détails pratiques de l'événement

    M.E

    11 h 52, le 06 juin 2024

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