Rechercher
Rechercher

Société - Transports

« Le ministre vit dans un autre monde » : Réactions mitigées aux nouveaux tarifs de transport

Les nouveaux tarifs pour les minibus à Beyrouth ont été fixés à 75.000 livres libanaises par personne, et à 150.000 LL pour les trajets en taxi-service.

« Le ministre vit dans un autre monde » : Réactions mitigées aux nouveaux tarifs de transport

Un chauffeur de taxi à Beyrouth. Joao Sousa/L'Orient-Le Jour

Les réactions étaient mitigées dimanche parmi les conducteurs de bus et de taxi à Beyrouth suite à l'annonce de nouveaux tarifs applicables immédiatement par le ministre des Travaux publics, Ali Hamiyé, alors que des chauffeurs de taxi bloquaient l'intersection Saifi-Gemmayzé en signe de protestation, demandant « une révision des tarifs injustes et la formation d'un comité pour les réexaminer », rapporte l'Agence nationale de l'information (ANI, officielle).

Cependant, certains conducteurs de bus et de taxi interrogés par L'Orient Today ont en grande partie soutenu les nouveaux tarifs, prenant en compte le pouvoir d'achat des passagers en pleine crise économique, mais ont exprimé le souhait de voir une compensation relative pour les conducteurs — notamment sous la forme de pension.

Pour mémoire

Après des années de fluctuation des prix, les tarifs des transports en commun fixés au Liban

Jeudi, M. Hamiyé a standardisé les tarifs des services de bus et de taxi après avoir rencontré le président de la Fédération et des syndicats des transports terrestres au Liban, Bassam Tlais. Les nouveaux tarifs pour les minibus à Beyrouth ont été fixés à 75.000 livres Libanaises (LL) par personne et à 150.000 LL pour les trajets en taxi-service, un système partagé entre les passagers..

« Si vous venez de loin, ces nouveaux tarifs sont trop chers »

Lorsqu'on lui demande ce qu'il pense de ces nouveaux tarifs, le conducteur d'un bus numéro 4 s'écrie : « Que le ministre paie l'entretien de nos bus ! » avant de se lancer dans la circulation. Le bus numéro 4 circule sur une route allant du quartier de Hamra à la banlieue sud de Beyrouth et coûte 100.000 LL.

En parallèle des nouveaux tarifs, M. Tlais a publié une déclaration adressée aux conducteurs de divers moyens de transport, reconnaissant la possibilité d'erreurs dans les nouvelles grilles tarifaires. « Après cinq ans sans fixer de tarifs, il est très naturel que certaines grilles contiennent des erreurs de distances, de prix et de chiffres... Par conséquent, je confirme que ce nouveau tarif n'est ni le Coran ni la Bible, et donc tout est ouvert à discussion et amendement ».

Lire aussi

Bus français au Liban : sur la ligne droite du lancement

Ahmad Barakat, un chauffeur de taxi, s'inquiète de l'accessibilité. « 200.000 LL, c'est trop cher pour les passagers. Même à 150.000 LL, les gens peuvent à peine se le permettre. Il devrait y avoir un plan de transport complet qui offrirait des pensions aux conducteurs de moyens de transports. Ainsi, ils pourraient fixer des tarifs abordables », déplore-t-il.

Un autre conducteur de bus, sur la ligne Hamra-Palais de justice mentionne qu'il demande 50.000 LL, ce qu'il trouve rentable. « 75.000 LL seraient trop pour les passagers », a-t-il dit, suggérant que le nouveau tarif pourrait être trop élevé.

Un passager dans le même bus, un étudiant qui emprunte chaque jour la navette reliant la région du Chouf à Hamra, dans l'ouest de la capitale, pour se rendre à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), exprime son inquiétude concernant l'augmentation des coûts. « Si vous venez de loin, ces nouveaux tarifs sont trop chers », dit-il.

Un chauffeur de van à Beyrouth a déclaré, pour sa part, qu'il n'avait pas de ressentiment particulier envers le ministre, mais qu'il voulait un plan de transport complet incluant l'utilisation du carburant et des pensions financées par le ministère. « [Le Premier ministre sortant Najib] Mikati nous a promis un plan de pension depuis longtemps, mais cela ne s'est pas concrétisé. Je pense que le ministre est bon, mais une main seule ne suffit pas », estime-t-il.

Rentabilité et réformes

Un autre chauffeur de taxi ne voit, quant à lui, pas beaucoup de différence entre les prix des services. Il note surtout d'autres lacunes dans le plan du ministère des Travaux publics. « 150.000 LL ou 200.000 LL, c'est pareil. C'est ce que les gens peuvent se permettre et c'est plus que suffisant pour nous les chauffeurs, mais la situation est difficile ». «Nous voulons la sécurité sociale, une assurance auto abordable et une assurance santé. Nous comprenons les gens, mais nous avons besoin d'aide», abonde-t-il.

Hassan al-Houjairi, qui conduit le van numéro 12 à Hamra, critique les ajustements tarifaires. « Le ministre vit dans un autre monde. Il devrait calculer les coûts basés sur une étude, pas de cette manière », a-t-il dit. Al-Houjairi facture actuellement 80.000 LL mais affirme que 100.000 LL seraient nécessaires pour la rentabilité. « Mais nous ne pouvons pas faire cela, car les passagers ne pourraient pas se le permettre », a-t-il expliqué.

Hassan Hamzé, un autre chauffeur de van, voit des avantages potentiels dans le nouveau tarif s'il est accompagné de réformes plus larges. « Le tarif est bon s'il y a quelque chose en retour, comme rendre la vie plus abordable pour les gens. De plus, s'ils arrêtent les vans illégaux et les conducteurs de vans, nous aurions plus de passagers, et ce serait abordable pour nous. Même 50.000 LL seraient bons », selon Hassan, faisant référence aux véhicules de transport public qui n'ont pas de plaques d'immatriculation de transport public approuvées par le ministère.

Un passager a fait écho aux préoccupations de Hassan concernant les vans illégaux. « Certains vans ne sont pas sûrs et sont en mauvais état. Ils ne devraient pas être autorisés à circuler », selon lui. Malgré cela, ils voient comment le tarif standardisé pourrait être bénéfique en standardisant les prix dans tout le secteur.

Accident tragique à Tripoli

Mercredi, une étudiante de treize ans, résidente du quartier de Bab al-Ramel à Tripoli, a tragiquement perdu la vie après être tombée à travers un trou à l'intérieur du bus scolaire qu'elle prenait régulièrement pour rentrer chez elle.

Depuis la fin de 2019, le Liban est confronté à une grave crise économique qui a un impact sur les transports publics. La livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur, entraînant une hyperinflation et une forte augmentation du coût de la vie. Les pénuries de carburant et la flambée des prix rendent difficile l'exploitation rentable des bus et des taxis.

L'infrastructure de transport public du gouvernement est sous-développée et repose fortement sur des opérateurs privés, qui peinent à couvrir les coûts de maintenance et à assurer un salaire décent. L'initiative de Hamiyé visant à standardiser les tarifs vise à stabiliser le secteur, mais le coût élevé du carburant et de l'entretien des véhicules reste un défi.

Les passagers, eux aussi, ont vu leurs revenus fondre comme neige au soleil face à des coûts croissants pour les biens et services essentiels. Même les tarifs standardisés peuvent être inabordables pour beaucoup, exacerbant la pression financière sur les conducteurs et les usagers.

Les réactions étaient mitigées dimanche parmi les conducteurs de bus et de taxi à Beyrouth suite à l'annonce de nouveaux tarifs applicables immédiatement par le ministre des Travaux publics, Ali Hamiyé, alors que des chauffeurs de taxi bloquaient l'intersection Saifi-Gemmayzé en signe de protestation, demandant « une révision des tarifs injustes et la formation d'un comité pour les...
commentaires (1)

Tout ceci ne serait pas arrivé si on adoptait le paiement au compteur avec controle par GPS et 4G. C'est une mesure qui securise aussi les clients et les touristes et permettra au secteur de croitre. Mais est ce que les chauffeurs joueront le jeu sans frauder?

Moi

17 h 29, le 02 juin 2024

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Tout ceci ne serait pas arrivé si on adoptait le paiement au compteur avec controle par GPS et 4G. C'est une mesure qui securise aussi les clients et les touristes et permettra au secteur de croitre. Mais est ce que les chauffeurs joueront le jeu sans frauder?

    Moi

    17 h 29, le 02 juin 2024

Retour en haut