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Dernières Infos - Guerre

Soutien croissant mais conditionné des pays de l'OTAN aux frappes de Kiev en Russie

Le Premier ministre portugais Luis Montenegro (R) et le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa (C) écoutent les hymnes nationaux avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à son arrivée à l'aéroport militaire Figo Maduro à Lisbonne, le 28 mai 2024. Photo AFP/PATRICIA DE MELO MOREIRA

Les pays occidentaux ont affiché vendredi un soutien grandissant, mais sous conditions, à l'utilisation par l'Ukraine de leurs armes contre des cibles en Russie, après le feu vert américain, et ce malgré les menaces d'escalade évoquées par Moscou.

L'Allemagne a ainsi estimé que Kiev pouvait utiliser ses armes contre des cibles militaires en Russie, notamment en réponse à l'offensive lancée début mai par Moscou et qui se poursuit dans la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est). Le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit, a rappelé que l'Ukraine avait le "droit" de se défendre avec les armes dont elle dispose, "y compris celles que nous avons livrées".

La veille, le président américain Joe Biden, qui s'y refusait jusqu'ici, a donné son feu vert pour que l'Ukraine frappe sous certaines conditions des cibles sur le sol russe proches de la région de Kharkiv, pour protéger cette dernière, selon un responsable américain. Cela peut être fait "de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer", a précisé cette source.

Cette décision marque un revirement pour les Etats-Unis, qui craignaient jusque-là qu'un tel feu vert n'entraîne l'OTAN dans un conflit direct avec la Russie. Vendredi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que des armes américaines étaient "déjà utilisées pour tenter de frapper le territoire russe". Il y a vu la preuve "du degré d'implication des Etats-Unis dans ce conflit".

"Escalade"

Jeudi, la Russie avait déjà reproché à l'Alliance atlantique de lancer "un nouveau cycle d'escalade". Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a dit vendredi n'y voir que des "efforts" du président russe Vladimir Poutine "pour empêcher les alliés de l'OTAN de soutenir l'Ukraine". M. Stoltenberg appelle les capitales occidentales à lever des restrictions qui "lient les mains dans le dos des Ukrainiens". Il a rappelé que l'utilisation d'armes occidentales pour des frappes sur le sol russe avait reçu le soutien d'autres pays, comme la France. "Le Royaume-Uni par exemple fournit déjà des missiles Storm Shadow depuis longtemps sans aucune restriction", a-t-il souligné.

Certains pays de l'OTAN y restent cependant opposés. Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a affirmé que "pour l'Italie, il est impossible d'utiliser nos armes en dehors de l'Ukraine". "On ne se bat pas contre la Russie. On défend l'Ukraine, et ce n'est pas la même chose", a-t-il déclaré.

880 km2 conquis

Les Etats-Unis restent eux opposés à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe, a indiqué le responsable américain. "Notre position d'interdiction de l'utilisation d'ATACMS ou de frappes en profondeur à l'intérieur de la Russie n'a pas changé", a-t-il dit. Les ATACMS sont des missiles de longue portée fournis par les Américains à l'Ukraine, pouvant aller jusqu'à 300 km de distance.

Le feu vert des Etats-Unis à des frappes sur des cibles russes proches de Kharkiv a été obtenu après des semaines de tractations en coulisses, consécutives au lancement de l'offensive russe dans cette région début mai. Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, est la cible quasi-quotidienne de bombardements venant principalement du territoire russe. Dans la nuit, cinq personnes y ont été tuées et 23 blessées dans des frappes russes, ont annoncé vendredi les autorités régionales. D'autres personnes pourraient toujours se trouver sous les décombres, a précisé le maire Igor Terekhov.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en quête de davantage de systèmes de défense antiaérienne afin de protéger Kharkiv et le reste du territoire, s'est rendu en Suède vendredi pour plaider sa cause. L'Ukraine deviendra "plus forte grâce au soutien de nos alliés", a-t-il dit. Mais pour l'heure, la situation sur le front n'est pas à l'avantage de l'armée ukrainienne, en manque d'hommes et de munitions.

Vendredi, le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, a affirmé que ses soldats avaient conquis "880 km2" depuis le début de l'année en Ukraine, où son armée revendique régulièrement des avancées sans néanmoins réussir à ce stade de véritable percée. En riposte aux attaques russes, l'Ukraine a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi des attaques de drones visant notamment la ville portuaire de Novorossiïsk et un dépôt pétrolier à Temriouk, dans le sud de la Russie, où un important incendie s'est déclaré avant d'être circonscrit quelques heures plus tard, selon les autorités locales. La frappe à Temriouk a fait plusieurs blessés parmi les employés du dépôt pétrolier, a précisé sur Telegram le gouverneur de la région de Krasnodar, Veniamine Kondratiev.

Les pays occidentaux ont affiché vendredi un soutien grandissant, mais sous conditions, à l'utilisation par l'Ukraine de leurs armes contre des cibles en Russie, après le feu vert américain, et ce malgré les menaces d'escalade évoquées par Moscou.L'Allemagne a ainsi estimé que Kiev pouvait utiliser ses armes contre des cibles militaires en Russie, notamment en réponse...