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Nos Lecteurs ont la Parole

La rébellion des tortues dans les républiques bananières

Le plus succinctement possible, la définition de la haute trahison est liée à une atteinte grave aux intérêts capitaux de la nation. Elle consiste en une offense sérieuse à la souveraineté de l’État, ses institutions, son indépendance et l’intégrité de son territoire.

Lorsqu’on parle de haute trahison, certains noms qui ont marqué l’histoire de France nous viennent à l’esprit, à commencer par le contestable capitaine Dreyfus qui a été condamné pour haute trahison pour avoir livré des documents secrets aux Allemands bien qu’il ait été innocenté, post mortem, par la Cour de cassation. Sans oublier la dernière reine de France, Marie-Antoinette, exécutée, place de la Concorde, par le tribunal révolutionnaire, au cours d’un simulacre de procès, pour porter le coup de grâce à la royauté.

In extenso, il faut mentionner qu’une grande partie de nos problèmes, si ce n’est pas tous, réside(ent) généralement dans des trahisons répétées et des affronts renouvelés, jour après jour, à la souveraineté nationale.

Et ils ne sont pas peu nombreux : le confessionnalisme qui sévit dans tous les rouages de l’État, la présence anarchique d’un grand nombre d’étrangers sur le sol national qui dépasse en effectifs (selon les dernières estimations) plus de 50 % de la population du pays, le non-respect des délais et des échéances électoraux, le clientélisme, la vacance délibérée de postes importants de l’État, la suprématie et le despotisme d’une catégorie de citoyens jouissant de larges prérogatives, les armes répandues un peu partout et qui échappent à toute autorité, l’inégalité flagrante devant la loi, les « élites » qui ne pensent qu’à s’enrichir au détriment de la population, le fait de ne prêter aucune attention aux intérêts de la population, surtout lorsque cette dernière réclame des réformes, la mauvaise gouvernance évidente, la déficiente répartition des ressources, le vol inconcevable des dépôts bancaires par une oligarchie régnante, les fonctionnaires très souvent non qualifiés et en surplus plantés ici et là à des postes qu’ils ne méritent pas, les abus de pouvoir, l’État faible ou inexistant, les infrastructures inefficaces, la situation sanitaire précaire, l’insécurité, les pénuries, les services publics de qualité médiocre...

Et lorsque les atteintes à la souveraineté nationale sont redoublées par un taux record de corruption généralisée, avec la propagation de la culture du pot-de-vin et du bakchich (qui est la forme la plus courante de la corruption), eh bien, le mélange devient explosif !

Ce qui complique l’existence et rend l’horizon beaucoup plus obscur, c’est que ceux qui sont supposés préserver cette souveraineté nationale sont ceux-là mêmes qui lui portent le plus de mal.

Certains hauts placés et partis qui prétendent prendre le plus à cœur la souveraineté nationale sont ceux qui, le plus, lui causent du tort.

Et, comble des combles, c’est qu’à chaque fois, pour faire avaler la couleuvre et faire accepter la situation sans broncher, certains politiciens ont pris l’habitude de lancer des arguments confectionnés sur mesure, des raisonnements par l’absurde comme un outrage à l’intelligence (non pas celle artificielle !).

Tout cela provoque, à chaque fois, un dégoût moral et un sentiment de lassitude qui prennent le citoyen honnête à la gorge. C’est à se demander si ce n’est pas intentionnel et prémédité, pour abattre toute possibilité de révolte et d’insoumission.

Pour cela, ils ont adopté, d’une part, le plan de l’appauvrissement du peuple et, d’autre part, la stratégie malveillante de l’indifférence et de l’insensibilité face aux critiques (souvent pertinentes) des uns et des autres.

Un État sangsue et parasite qui, paradoxalement, exige à tout prix ses droits et qui se considère comme affranchi de toute obligation face à ses « sujets ». Les droits de l’État sont donc sacrés, mais ceux de ses citoyens brillent par leur absence. Ils n’existent qu’au niveau des principes, uniquement dans les textes et les recueils de lois.

Il est connu que les tortues sont réputées pour être lentes, qu’elles ne se pressent pas, mais qu’elles vont à temps (dixit Jean de La Fontaine dans la fable du Lièvre et la tortue). Eh bien, si certains tiennent absolument à imiter les tortues, qu’ils les copient convenablement et non pas d’une manière partielle ou médiocre. Parce que ces reptiles si affables, si humbles et si inoffensifs, qui sont considérés des plus anciens du monde, ont des bienfaits incontestables sur notre écosystème. Par conséquent, l’ensemble des vivants tire profit de leur présence.

Certes, les tortues sont lentes à la détente, mais elles jouent en revanche, notamment celles marines, un rôle important dans l’équilibre de la biodiversité. De ce fait, elles ont donc, à petite échelle, des droits et des obligations. Elles assument avec sérieux et responsabilité leurs devoirs les plus élémentaires au sein de leur milieu et de leur environnement naturels, tout en étant utiles et efficaces pour les autres. Elles s’acquittent donc de leur tâche à la perfection.

Je préfère arrêter ici cette description purement pragmatique pour vous laisser le soin de tirer les déductions appropriées.

P.-S. : toute ressemblance ou similitude avec des personnages existants ou des situations d’actualité est purement fortuite.

Michel Antoine AZAR

Avocat à la Cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le plus succinctement possible, la définition de la haute trahison est liée à une atteinte grave aux intérêts capitaux de la nation. Elle consiste en une offense sérieuse à la souveraineté de l’État, ses institutions, son indépendance et l’intégrité de son territoire.Lorsqu’on parle de haute trahison, certains noms qui ont marqué l’histoire de France nous viennent à...
commentaires (1)

L’histoire a été écrite, on ne peut pas la modifier d’un trait de plume de surcroît inexact, cela s’appelle du révisionnisme. Dreyfus fut sans doute «  contestable » tant que dura l’affaire, de 1894 à 1906. Il a été innocenté de son vivant (et non post mortem) par la cour de cassation en 1906. Il s’est battu pour la France durant la Grande guerre (1914-18) et n’est mort qu’en 1935. Un excellent article de Wilipedia détaille l’affaire, qui est d’ailleurs en partie responsable de nos malheurs, nous autres Libanais : Herzl a opté pour la création d’un foyer juif suite aux émeutes antisionistes..

Georges Boustany

07 h 54, le 29 mai 2024

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Commentaires (1)

  • L’histoire a été écrite, on ne peut pas la modifier d’un trait de plume de surcroît inexact, cela s’appelle du révisionnisme. Dreyfus fut sans doute «  contestable » tant que dura l’affaire, de 1894 à 1906. Il a été innocenté de son vivant (et non post mortem) par la cour de cassation en 1906. Il s’est battu pour la France durant la Grande guerre (1914-18) et n’est mort qu’en 1935. Un excellent article de Wilipedia détaille l’affaire, qui est d’ailleurs en partie responsable de nos malheurs, nous autres Libanais : Herzl a opté pour la création d’un foyer juif suite aux émeutes antisionistes..

    Georges Boustany

    07 h 54, le 29 mai 2024

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