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A Genève, trois ans de prison pour viol requis en appel contre Tariq Ramadan

A Genève, trois ans de prison pour viol requis en appel contre Tariq Ramadan

L'islamologue suisse Tariq Ramadan arrive au palais de justice de Genève le 27 mai 2024, avant son procès en appel pour viol et contrainte sexuelle. Photo AFP/FABRICE COFFRINI

Syndrome de Stockholm, emprise, témoins indirects... le procureur genevois a tenté mardi de démontrer la culpabilité de Tariq Ramadan, jugé en appel pour des accusations de viol et contrainte sexuelle, dont il avait été acquitté il y a un an.

La plaignante, 58 ans, qui se fait appeler « Brigitte » pour se protéger des menaces, accuse l'islamologue suisse, 61 ans, de l'avoir soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d'insultes dans la chambre de l'hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008. Elle avait porté plainte dix ans après les faits.

Tariq Ramadan avait été acquitté le 24 mai 2023 par le Tribunal correctionnel de Genève, qui avait fait valoir l'absence de preuves, les témoignages contradictoires, y compris de psychiatres, et les « messages d'amour » envoyés par la plaignante après les faits.

Comme en première instance, le procureur genevois Adrian Holloway a réclamé, comme il l'avait annoncé à l'ouverture du procès lundi devant la chambre pénale d'appel et de révision du canton de Genève, une peine de trois ans de prison, dont la moitié ferme. Le procès doit durer jusqu'à mercredi et le jugement sera rendu ultérieurement, à une date qui n'a pas encore été annoncée.

Les déclarations de la plaignante sont « constantes », a-t-il fait valoir. Et il y a les « témoins indirects » : quatre personnes à qui elle s'est confiée dans les jours suivants et une autre, environ un an plus tard. Il s'est étonné aussi que le jugement de première instance ait balayé une « pierre angulaire » du dossier, à savoir les notes écrites par les deux psychiatres que « Brigitte » a consultés, le premier le lendemain de la nuit du 28 octobre, l'autre un mois après.

Pour le procureur, « ces notes fondent la culpabilité du prévenu ». Quant à la plaignante, « on peut (lui) reprocher de ne pas être allée tout de suite à l'hopital ou voir un medecin ... mais il n'en demeure pas moins qu'elle va voir un psychiatre dont les conclusions sont limpides : viol », a-t-il fait observer. Quant à savoir pourquoi elle décrit de manière imprécise les faits au moment de la plainte, en avril 2018, le procureur invoque la « dissociation dont elle souffrait », faisant encore référence aux notes des psychiatres. 

Soutien de son épouse 

Les messages d'amour « paradoxaux » qu'elle a envoyés à M. Ramadan par la suite, pendant un certain temps, ont aussi une explication selon le procureur: « le syndrome de Stockholm... comme une femme battue avec son mari ».

« Avec cette nuit on va passer de l'identification à l'emprise, après cela elle sera incapable de réagir, de digérer l'outrage. Elle s'applatit », assène-t-il. Cette « emprise » explique aussi, selon lui, qu'elle aura eu besoin de dix ans pour déposer plainte.

Le déclic ? En 2017, « tout ressurgit quand une première plainte est déposée » en France contre l'intellectuel suisse, pour viol, explique le procureur, affirmant que la plaignante suisse « culpabilise » alors.

Quelques heures plus tôt, M. Ramadan avait lui reçu le soutien de son épouse, Iman, venue témoigner à la barre qu'elle reste « convaincue » de son innocence. « Comme chacun, il n'est pas parfait, mais il a un défaut que je ne lui connais pas, et c'est celui de la violence. La violence est à mon avis quelque chose qu'on ne peut pas cacher. Si mon mari avait de la violence en lui, physique ou psychologique, je le saurais », a-t-elle affirmé. Il nie tout acte sexuel, et avait affirmé en première instance s'être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l'échange.

En France, la cour d'appel de Paris se prononcera le 27 juin sur l'appel de M. Ramadan contre son renvoi devant la cour criminelle départementale pour le viol de quatre femmes entre 2009 et 2016, le parquet général ayant requis l'abandon des poursuites pour trois d'entre elles et écarté toute notion d'emprise. Il avait d'abord contesté tout acte sexuel avec les accusatrices avant de reconnaître des relations sexuelles extraconjugales « de domination », rudes mais « consenties ».

Son épouse a rejeté mardi devant le tribunal suisse l'idée que son mari puisse avoir un « double discours » sur le plan personnel à son égard. « Il s'est simplement tu » au sujet de certains agissements, « et le jour où il a décidé d'en parler, il l'a assumé ». 

Syndrome de Stockholm, emprise, témoins indirects... le procureur genevois a tenté mardi de démontrer la culpabilité de Tariq Ramadan, jugé en appel pour des accusations de viol et contrainte sexuelle, dont il avait été acquitté il y a un an.La plaignante, 58 ans, qui se fait appeler « Brigitte » pour se protéger des menaces, accuse l'islamologue suisse, 61 ans, de...