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La Géorgie adopte définitivement une loi sur l'"influence étrangère" la rapprochant de Moscou

La Géorgie adopte définitivement une loi sur l'

Des manifestants protestant contre la loi sur "l'influence étrangère" se rassemblent devant le bâtiment du parlement dans le centre de Tbilissi, le 28 mai 2024. Photo AFP/VANO SHLAMOV

Le Parlement géorgien a contourné mardi un veto présidentiel et adopté définitivement une loi sur l'influence étrangère, malgré de multiples manifestations et des avertissements de l'Union européenne et de Washington contre un texte calqué sur une loi répressive russe.

Les députés du parti au pouvoir du Rêve géorgien, majoritaires dans l'hémicycle, ont adopté la loi par 84 voix pour, et quatre contre, balayant ainsi le véto qu'avait apposé la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, après l'adoption du texte controversé au Parlement le 14 mai. La plupart des députés de l'opposition ont quitté l'hémicycle au moment du vote, a constaté l'AFP.

Les détracteurs de cette loi, qui ont manifesté plusieurs fois par dizaines de milliers depuis début avril, qualifient le texte de « loi russe », en raison de sa similitude avec une législation sur les « agents de l'étranger » utilisée en Russie depuis 2012 pour réprimer toute voix dissidente.

La loi impose à toute ONG ou média recevant plus de 20% de son financement de l'étranger de s'enregistrer en tant qu' »organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère » et de se soumettre à un contrôle administratif. Plusieurs ONG ont indiqué à l'AFP s'attendre à ce que leurs actifs soient gelés et leur travail entravé avec l'entrée en vigueur de la loi.

Manifestation attendue

Dès avant le vote mardi, des manifestants avaient commencé à se rassembler devant le Parlement, brandissant drapeaux géorgiens et européens. Une manifestation était attendue dans la soirée, comme Tbilissi en a déjà connues avec parfois des dizaines de milliers de personnes.

Si le Rêve géorgien a assuré que la loi ne visait qu'à obliger médias et ONG à la transparence, l'opposition géorgienne et l'Union européenne avaient dénoncé une législation anti-démocratique, incompatible avec les ambitions affichées par cette ex-république soviétique du Caucase de rejoindre à terme l'UE.

Des opposants et analystes interrogés par l'AFP y voient aussi un instrument de répression particulièrement menaçant à cinq mois des législatives prévues en Géorgie fin octobre, qui pourrait priver le camp pro-européen de toutes chances de revenir au pouvoir.

« Le Rêve géorgien sait qu'il perdrait le pouvoir si les élections étaient libres et équitables », a affirmé Tina Bokouchava, députée du parti d'opposition Mouvement National Uni de l'ex-président pro-occidental Mikheil Saakachvili. « C'est pour cela qu'ils ont adopté la loi à l'approche du scrutin, ils espèrent l'utiliser pour réduire au silence les critiques ».

Le débat qui a précédé le vote mardi a été agité, comme souvent en Géorgie. Le député d'opposition Girogi Vachadzé s'est notamment vu aspergé d'eau alors qu'il s'exprimait à la tribune.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait prévenu la semaine dernière que les Etats-Unis allaient réexaminer l'ensemble de leur coopération avec Tbilissi après l'adoption de ce texte.

Washington a aussi annoncé des restrictions de visas de séjour aux Etats-Unis visant les personnes jugées responsables de « saper la démocratie » en Géorgie, ainsi que leurs proches.

« Chantage »

Le parti « Rêve géorgien » a réagi en dénonçant un « chantage au visa » et une « tentative flagrante d'empiéter sur l'indépendance et la souveraineté de la Géorgie ».

Des accusations de « chantage » également lancées contre un commissaire européen, qui avait tenté de plaider la semaine dernière contre l'adoption de la loi auprès du Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé. Le commissaire à l'Elargissement, le Hongrois Oliver Varhelyi, avait affirmé que ses propos avaient été « sortis de leur contexte ».

Bien que la Géorgie soit officiellement candidate à l'UE depuis décembre 2023, et que le « Rêve géorgien » soutienne formellement l'objectif inscrit dans la Constitution de rejoindre un jour l'UE et l'Otan, ce parti, au pouvoir depuis 2012, a récemment multiplié les mesures rapprochant le pays de Moscou.

La bataille autour du texte - proposé une première fois par le Rêve géorgien l'an dernier avant d'être retiré face à la contestation suscitée - a par ailleurs mis en lumière l'influence de Bidzina Ivanichvili, un homme d'affaires qui a fait fortune en Russie.

Fondateur du parti Rêve géorgien, le milliardaire a été brièvement Premier ministre de 2012 à 2013, et continue selon ses détracteurs à diriger le pays en coulisses.

Même s'il assure vouloir faire entrer la Géorgie dans l'UE, il a multiplié les déclarations hostiles à l'Occident et voit les ONG comme un ennemi de l'intérieur.

Dans ce contexte, la présidente Zourabichvili a appelé, avant le vote mardi, à un rassemblement de toutes les forces d'opposition pour former un gouvernement de transition qui annulerait plusieurs lois votées par le Rêve géorgien l'éloignant de l'UE.

« Il faut forger une nouvelle réalité politique », a-t-elle déclaré. « Cela nécessite une nouvelle forme d'unité (des partis d'opposition), un Parlement différent, des élections différentes et un gouvernement différent ». 

Le Parlement géorgien a contourné mardi un veto présidentiel et adopté définitivement une loi sur l'influence étrangère, malgré de multiples manifestations et des avertissements de l'Union européenne et de Washington contre un texte calqué sur une loi répressive russe.Les députés du parti au pouvoir du Rêve géorgien, majoritaires dans l'hémicycle, ont adopté...